Le mea culpa de Jonathan Nossiter
Les vins suisses et l’auteur de Mondovino
Le mea culpa de Nossiter
Echange peu glorieux. Et à la question de savoir ce que pense le réalisateur new-yorkais du principal cépage blanc vaudois, il répond aujourd’hui, «Le chasselas est glorieux !». Il cite à l’appui un fendant de Gilliard (le plus vaudois des Valaisans…) et des chasselas «plus sophistiqués et complexes» de Louis-Philippe Bovard, le baron du Dézaley, dont les vins sont présents sur certaines tables à New York. Reste que, en conclusion de l’interview, le réalisateur en rajoute: «Je suis sûr que notre impression aurait été totalement différente si nous l’avions bu en Suisse un soir du mois d’août.» Précision qui renvoie textuellement à l’analyse de Thomas Vaterlaus: le chasselas passe pour un grand vin uniquement dans son biotope. C’est, bien sûr, cette image là qu’il faut casser : le jour où le chasselas sera reconnu universellement, on pourra le boire avec fierté et délectation partout dans le monde…
Dans l’interview du Temps, le réalisateur cite les vins du Valaisan Jacques Granges, pionnier du bio (bio tout court d’abord, puis biodynamie ensuite) dans son domaine vertigineux de Beudon, et trouve les merlots du Tessin «corrects, mais ils n’avaient rien d’exceptionnel», marqués qu’ils étaient par le bois. Au contraire de la bondola, vieux cépage tessinois vaincu par le phylloxéra et le merlot en 1906, de Lorenzo Ostini, d’Arbedo. Le géniteur de Mondovino (le film et les DVD de la version longue) confesse: «Je suis en train de découvrir à quel point les cépages autochtones suisses apportent de la résistance aux vins conformistes.» Et si ça se retrouve dans un prochain bouquin, tant mieux! Le voyage à Locarno, sinon à Canossa, aura valu le détour.
©thomasvino.com