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Posted on 20 septembre 2009 in Vins suisses

GPVS 09 — Kaléidoscope trompeur

GPVS 09 — Kaléidoscope trompeur

Grand Prix du Vin Suisse 2009

Kaléidoscope trompeur

Le Grand Prix du Vin Suisse a attribué ses médailles et sélectionné ses nominés. Le palmarès sera coulé dans le bronze à Berne, le 23 octobre 2009. Mais déjà des surprises !
Pierre Thomas
Ce concours national se déroule en deux phases. La première, la dégustation, sans présélections cantonales, de 2117 vins envoyés par 471 encaveurs, cette année. La dégustation a eu lieu fin juin à Sierre, organisée par Vinea, avec le magazine Vinum. Elle permet d’attribuer des médailles, 206 d’or et 433 d’argent. Cette hiérarchisation débouche sur les six notes les plus élevées des onze catégories. Les pointages ne sont pas rendus publics. Mais on sait que tout concours se joue au millimètre…
Catégories diverses et variées
Et toutes les catégories ne pèsent pas le même poids. Il y a autant de nominés (six, donc) pour le chasselas (345 vins présentés), les autres cépages blancs (413), les pinots noirs (327), les assemblages rouges (254) et les autres cépages rouges purs (253) que pour le Müller-Thurgau (49), les assemblages blancs (66), le gamay (64) ou le merlot (90). L’affaire se corse quand dans une catégorie, comme le Müller-Thurgau, un seul vin obtient un diplôme d’or. Et comme seules les notes de l’unique dégustation font foi, ce vin sera champion (un vin de Riehen, vinifié par COOP, sponsor du concours…). Dans les autres catégories, même si les jeux sont déjà faits, il faudra attendre le Gala des vins suisses, à Berne, le vendredi 23 octobre pour connaître les champions nationaux.
Vaudois qui rient et qui pleurent
Dans les surprises, on classera les nominés des vins doux (dès 8 grammes de sucre) : trois vins neuchâtelois, dont un authentique cru de garage à Fleurier, un vin genevois, un vaudois et un valaisan, mais vinifié par un Vaudois (une marsanne de Chamoson, par Louis Fonjallaz, d’Epesses). Pas un seul vin liquoreux valaisan ! Alors que plusieurs sont diplômés d’or (33 diplômes dans cette catégorie).
Si les Vaudois peuvent sourire pour les liquoreux, alors que leurs chasselas ont obtenu 20 médailles d’or, et les Valaisans 9 seulement, le titre de champion se jouera entre deux Vaudois et trois Valaisans, le Sierrois Robert Taramarcaz réussissant même à qualifier deux fendants (Classique et Granges 2008) en finale. Il n’est pas le seul producteur à deux vins sur six: la petite œnothèque Zamberlani, sur la route du Gothard, à Piotta (voisine d’Ambri…) place deux cuvées confidentielles de merlot, Choix 2005 et La Roca 2007: en fait, ce sont deux sous-marins de Gialdi et de son œnologue, Fred de Martin.
En pinot noir, mari et femme font coup double, avec le Aagne Spätlese 2007 de Stefan Gysel à Hallau (SH) et le Tête de Cuvée 2007 de sa femme Nadine Saxer, à Neftenbach (ZH). Sans conteste le couple de l’année! Pour le vigneron du millésime, il faudra repasser : les conditions exactes pour obtenir le titre sont tenues secrètes, pour éviter les spéculations qui nous avaient permis, dans ce journal, de désigner Madeleine Gay, vigneronne de l’année passée…
Grisons, très forts… en blanc !
Arithmétiquement parlant encore, les Valaisans, avec 23 finalistes et les Vaudois, avec 12, se taillent la part du lion, mais ils avaient fourni plus de la moitié des vins dégustés, soit 927 respectivement 497 échantillons. Suivent les Genevois (6 vins), à égalité avec les Grisons : on attendait ces derniers avec des pinots noirs, où ils placent deux des leurs (Thomas Marugg de Fläsch et la Famille Liesch de Malans), mais ils sont quatre dans les autres cépages blancs, avec deux sauvignons, un chardonnay et un pinot blanc…
L’effet inversé du réchauffement climatique ou la démonstration de la versatilité des jurés ?
Palmarès détaillé sur www.grandprixduvinsuisse.ch
 

Eclairage
Deux vins surprises des Trois-Lacs

Des trois vins doux neuchâtelois (avec le Gewurztraminer vendange tardive 2008 de la Ville de Neuchâtel et le Prélude 2007 d’Alain Gerber à Hauterive), le plus étonnant est le Pinot gris passerillé 2007 de la Cave la Clavenière, à Fleurier. Un vin de glace du Val-de-Travers ? Non, le propriétaire de quelque mille mètres carrés de vigne à Serrière, l’ingénieur civil Pascal Stirneman, élève ce vin, aux soigneusement grappes triées, puis séchées sur claies et vinifiées en barriques, dans son… garage à Fleurier. «On en a juste les 600 demi-bouteilles requises par le concours, pour les copains», rigole ce vigneron du dimanche, aidé par l’œnologue Christophe Landry (Caves de La Béroche). Autre curiosité finaliste, «Les Trois Filles» 2008 de Fredi Marolf, de Cerlier, dans le Jolimont (rive sud du lac de Bienne) : il s’agit d’un vin tiré d’une parcelle complantée, selon la tradition du Schiller, des trois pinots, blanc, gris et noir, cultivés, récoltés, puis vinifiés ensemble pour donner un rosé.

Paru dans Hôtel Revue du 3 septembre 2009.