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Posted on 12 avril 2008 in Vins suisses

Vaud — La dernière campagne de l’OVV?

Vaud — La dernière campagne de l’OVV?

Pub de l’Office des vins vaudois
Un spot comme chant du cygne?

En Suisse romande, d’ici l’été, avec un rappel en automne, plus personne ne devrait ignorer que «le vin vaudois» existe. L’Office des vins vaudois, menacé dans son existence par un rapport-torpille, lance une campagne de pub sur les télés et radios locales romandes.

Pierre Thomas

L’OVV et son directeur depuis huit ans, Robert Crüll, aiment bien le multimédia. Une campagne d’image avait déjà été projetée dans les cinémas. Mais l’accès de la publicité pour le vin à la radio et télévision n’est possible que depuis un an. Le Conseil fédéral l’a autorisé pour les radios et tv locales, et non pour la SSR (radio et tv). Les Vaudois s’engouffrent dans cette brèche, avec six «ambassadeurs»: le cuisinier Philippe Rochat, qui recevait l’OVV jeudi passé à Crissier pour une conférence de presse, l’horloger Jean-Claude Biver, l’ex-miss Suisse 2005 Lauriane Gilliéron et, peut-être, future actrice à Los Angeles (où elle réside actuellement), l’ex-tennisman Jakob Hlasek et Daniel Rossellat, le «boss» du festival Paléo. Manque encore un visage…
25 secondes et un slogan

Chacun a tourné un spot court (de 25 secondes), où il dit tout le bien qu’il pense des crus locaux. «J’aime le vin vaudois parce qu’il allie la richesse du goût et la joie de vivre de l’une des plus belles régions du monde», lance ainsi à la caméra l’horloger Jean-Claude Biver, tombé amoureux du fromage d’alpage qu’il fabrique sur ses propres terres… Il en a même distribué 320 kilos à la récente Foire de Bâle. Et il promet qu’il y ajoutera un verre de chasselas la prochaine fois.
Au total, en deux vagues d’ici l’été, puis à l’automne, ce sont 1,5 millions de télespectateurs potentiels, de Genève (Léman Bleu) à Bienne (Télébielingue), Neuchâtel (Canal Alpha) et Sierre (Canal 9), en passant par le Pays de Vaud, qui recevront le message, martelé douze fois sur un jour par semaine. Pour les radios locales, chaque spot fait 15 secondes, diffusé sur Radio-Fribourg, Radio-Chablais et One FM et Lausanne FM, soit vingt millions d’oreilles potentielles…
Supprimer l’OVV ?

Cette campagne, devisée à 160'000 francs, s’inscrit dans la démarche de «la marque générique vin vaudois», lancée par Robert Crüll il y a un an et demi, et soulignée, depuis la fin de l’an passé, par «l’excellence des terroirs», en complément moins généraliste. Surtout, elle intervient au moment où des caciques du vignoble vaudois ont rédigé un rapport critique sur l’OVV. Sous la houlette de l’ex-syndic de Chexbres et chef de file de la candidature de Lavaux au Patrimoine mondial, Bernard Bovy, ils estiment que la promotion pourrait être plus efficace en allégeant la structure. Sur un budget annuel de 2,5 millions de francs, un tiers est consacré au fonctionnement. Ils proposent ainsi de supprimer purement et simplement l’OVV, en confiant des mandats au coup par coup à des agences de publicité. Et de rajeunir la communication en envoyant aux oubliettes le fameux «concours Jean-Louis» du Comptoir suisse.
Rien de neuf avant 2009

Mercredi, veille de la conférence de presse, la Communauté interprofessionnelle du vin vaudois, qui chapeaute l’OVV, a pris connaissance de ce rapport. «Il ne se passera rien avant 2009», répond Gilles Cornut, le président de la CIVV. C’est donc dans un climat de sursis — et de sursaut ! — que s’inscrit cette campagne d’image. En attendant, aussi, une analyse des chiffres de consommation des vins vaudois dans le contexte de la concurrence entre les vins suisses, exacerbée par l’échec de Swiss Wine Communication, qui aurait dû coordonner la promotion des vins suisses en Suisse. Celle-ci devrait être encouragée par l’Office fédéral de l’agriculture, intransigeant sur les projets qui lui sont soumis. Et les Vaudois s’estiment lésés par Berne… La campagne de pub de l’OVV n’a, du reste, bénéficié d’aucun soutien fédéral et ses ambassadeurs ont tourné leur spot bénévolement.
Paru dans
Hôtel Revue du 17 avril 2008