Vaud — Le chasselas est bel et bien vaudois
Chasselas, cépage vaudois
Il est des nôtres !
Par Pierre Thomas
Depuis longtemps, la plupart des auteurs se rangeaient derrière l’opinion du spécialiste de la vigne, l’ampélographe français Adrien Berget, en 1906 : «Il faut s’en tenir, pour l’origine du Chasselas, comme pour la plupart des cépages : ils dérivent du pays où leur culture est à la fois la plus répandue et la plus ancienne. (…) Il n’y a pas de doute que le Chasselas soit le raisin suisse par excellence.» Dans son «Dictionnaire encyclopédiques des cépages», paru en 2000, Pierre Galet énumérait toutes les hypothèses sur l’origine du cépage. Mais l’ampélographe français n’avait pas encore accès à la méthode ADN, développée à l’Université de Davies (Californie) par Carol Meredith, dont José Vouillamoz a été membre du groupe de recherche, sur place. Revenu en Suisse, le docteur en biologie valaisan a conservé un mandat à l’Université de Neuchâtel. (Ci-dessous, devant les vignes du château de Tourbillon, à Sion, une photo dparue dans Allez savoir! en octobre 2006)
Orphelin de père et mère
Grâce à l’analyse ADN, il a pu écarter toute origine «exotique» du chasselas. Il a conduit ses recherches en trois phases et a pu éliminer toute hypothèse précédente, comme une parenté éventuelle avec le Fayoumi d’Egypte. En revanche, la parenté avec le Mornen Noir, appelé aussi Chasselas Noir, a été établie : ce cépage cultivé dans la Loire, mais originaire de la région Rhône-Alpes, «est très vraisemblablement issu d’un croisement naturel entre le chasselas et un autre cépage inconnu». Le Chasselas, au surplus, est proche de cépages comme le Nebbiolo, le Lagrein ou le Teroldego (Italie du Nord), l’Altesse, le Viognier, le Savagnin blanc ou le Manseng (France) et le Completer grison, le Hitzkircher lucernois, la Bondola tessinoise ou l’Arvine valaisanne. Mais faute de pouvoir définir les parents du chasselas, qui restent inconnus, «la génétique seule ne permet pas de localiser plus précisément l’origine du Chasselas».
Des pistes via Mâcon et Lausanne
Le chercheur a donc examiné les documents historiques à sa disposition. Même si ce cépage n’y est plus cultivé aujourd’hui, le village de Chasselas, près de Mâcon «constitue très vraisemblablement un lieu de transition». De même que le nom de «Lausannois ou Luzannois trahit la provenance initiale du chasselas.» Pour le Dr José Vouillamoz, la chose est sûre: les Vaudois peuvent dire du Chasselas qu’«il est des nôtres !»
Eclairage
Une diversité en péril
VO d’un article paru dans le Journal viticole suisse, numéro de janvier 2010 (décembre 2009).