La carrière internationale du Genevois J.-M. Novelle
Jean-Michel Novelle, consultant international
Le credo d’un œnologue genevois
Pierre Thomas, de retour de Cannes
On ne le voit pas souvent en Suisse, même s’il vient de présenter, début avril, ses vins dans deux palaces genevois. C’est que Jean-Michel Novelle, «vigneron-créateur», à l’aube de la cinquantaine, œuvre tant à Satigny, sur le domaine familial du Grand-Clos (4,5 hectares) que dans le Sud de la France (plusieurs projets entre le Pic Saint-Loup et le Ventoux, les Dentelles de Montmirail et l’Ardèche).
Consultant au Chili
Ce même travail — «gratis pro deo», à l’exception des frais de transport —, il le fait au domaine de l’Abbaye de Leirins, au large de Cannes, à vingt minutes de bateau. A l’origine, la rencontre entre l’économe de la communauté de cisterciens, le père Marie Pâques, et le Genevois. Le religieux est un véritable entrepreneur : flouée dans l’exploitation des bateaux et dans celle d’un restaurant idéalement placé en face de la capitale bling-bling de la Côte d’Azur, l’abbaye a repris la main et exploite ces activités.
Des vignes sur une île
Peu à peu, l’activité vitivinicole a redémarré : le premier vin blanc date de 1992, la première syrah de 1995. Aujourd’hui, l’Abbaye de Leirins produit 40’000 bouteilles, dont deux tiers de rouge. Le domaine est classé en IGP (indication géographique protégée) Méditerranée et non en AOC (appellation d’origine contrôlée) Côtes-de-Provence.
L’Abbaye de Leirins vise, avec des produits exclusifs, chargés d’une histoire qu’il a fallu réécrire, une clientèle haut de gamme. Père Marie Pâques se déplace lui-même à Paris, mais aussi à Hong Kong, l’année passée, et à Moscou, cette année. Des importateurs distribuent le vin en Belgique, au Luxembourg, en Allemagne, en Chine et en Russie. «Je n’ai pas fait d’école de marketing, j’ai juste un peu de bon sens», confie cet homme jovial, entré dans les ordres à 27 ans, après avoir fait les quatre cents coups et été apiculteur dans le Larzac.
Des flacons à plus de 200 francs !
En Suisse, le Veveysan Denis Martin a été le premier à en importer une demie-palette en direct. Peut-être le locataire de la Confrérie des Vignerons s’est-il souvenu de ces cisterciens, défricheurs de Lavaux au XIème siècle, qui ont laissé aux vignerons vaudois leur devise latine : «Ora et labora» («Prie et travaille»).
Paru dans Hôtel Revue du 19 mai 2011. Téléchargez le PDF ici.