Pages Menu
Categories Menu

Posted on 4 novembre 2019 in Non classé

Priorat : la tentation d’une «Bourgogne catalane»

Priorat : la tentation d’une «Bourgogne catalane»

Sous «le nom des lieux», le Priorat, dans l’arrière-pays de Barcelone, vient d’édicter sa classification des vins. Sur place, sommeliers, courtiers et journalistes ont été conviés à déguster les différences voulues par les producteurs eux-mêmes.

Ceps de vieux Carignan… dans le ciel!

Par Pierre Thomas, textes et photos

Le Priorat est re-né en 1989 — il y a trente ans ! —, quand le vigneron René Barbier et l’œnologue José Luis Perez, exilé en Suisse sous le franquisme, ont lancé six étiquettes différentes. C’est la seule fois que le Priorat a montré un même visage à travers son vin. Et pour cause : sous les cinq étiquettes (les clos Mogador, Martinet, de l’Obac, Erasmus et Dofi) se cachait… un seul et même vin. Déjà, ces rénovateurs axaient leur volonté sur la notion de cru, à l’instar du Clos Mogador de René Barbier. Celui-ci, désormais cultivé en biodynamie, reste la sentinelle du Priorat, avec, aux commandes, la nouvelle génération, René Barbier junior et son épouse, Sara Perez, fille de José Luis, née à Genève, et qui continue sa propre carrière d’œnologue, reconnue parmi les plus brillantes d’Espagne. Que changera la nouvelle «pyramide» des appellations pour René Barbier père ? «Rien! On sera cru classé. On était déjà les seuls d’Espagne à porter le nom de «vin de finca» (domaine), qui ne veut pas dire grand’chose. Mais on ne sera pas 1er grand cru, beaucoup plus restrictif, comme L’Ermita».

La région est la seule d’Espagne à porter le nom de DOQ («dénomination d’origine qualifiée») avec l’immense Rioja. A son échelle, la Rioja vient aussi d’établir une liste de mentions géographiques, alors que ces 150 dernières années, sa réputation s’est bâtie sur des «marques». On peut dire que Priorat et Rioja sont à l’échelle ibérique, ce que la Bourgogne et Bordeaux sont à la France, et le Piémont et la Toscane à l’Italie.

Une pyramide mais pas d’unité

La dégustation, commentée par les producteurs, d’une centaine de vins, dans le berceau du renouveau du vin du Priorat, les ruines de la chartreuse de Scala Dei (photo) l’a montré : moins que jamais, il n’y a d’unité dans les vins du Priorat.

La région a commencé par le zonage. Dès le millésime 2007, sont apparus des «Vins de Vila» (de village). Le Priorat, 2000 ha — soit la surface de La Côte qui représente 52% du vignoble vaudois — a établi sa «pyramide». C’est son producteur le plus réputé, Alvaro Palacios, qui est venu la défendre. Base large, les vins du Priorat DOQ, une appellation générique «ouverte sur l’innovation et la mode». Ensuite, les «Vins de Vila», de douze villages. La DOQ Priorat tient le registre des crus et assure la traçabilité de la structure (volontaire) mise en en place.

Ce sont, d’abord, 459 «Paradges», des lieux-dits souvent partagés par plusieurs propriétaires, dans chaque village. Ensuite, les grands crus, les «Vinya classificada», «embouteillés séparément pour leurs mérites particuliers». Ces parcelles sont «rigoureusement délimitées, contrôlées, protégées et garanties» par le Conseil régulateur de la DOQ. Au sommet, les 1ers grands crus, soit les «Gran vinya classificada», réservées aux plus vieux ceps — le Priorat a gardé des vignes de plus de cent ans, pré-phylloxériques —, plantés et taillés en gobelet, sur les meilleurs terroirs — les fameux schistes très anciens, appelés «llicorella», noirs ou rouges, propres à la région. La mention «Velles vinyes» sera désormais réservée aux vignes plantées avant 1945 (donc de plus de 75 ans aujourd’hui). Plusieurs producteurs devront renoncer à cette mention ajoutée, jusqu’ici, sans définition ni contrôle.

Le président de la DOQ Priorat, Salustia Alvarez, cheville ouvrière de la nouvelle «pyramide»

Une tendance au monocru et au monocépage

Pour ce zonage, on se rapproche de la Bourgogne, mais pour l’encépagement, on reste plus près de la Toscane ou de Bordeaux ! Les 109 caves recensées dans la région (pour 535 vignerons, pour la plupart livreurs de vendange) sont libres de mettre sur le marché des assemblages, même si au niveau des crus et des «vieilles vignes», la tendance au monocépage s’accentue. Le carignan fait l’orgueil du Priorat, mais il ne représente que 24% de l’encépagement. A cette altitude, entre 300 et 700 m., dans un climat influencé à la fois par les pluies et les vents de l’arrière-pays (donc de l’Atlantique) et de la Méditerrannée (à 20 kilomètres à vol d’oiseau, derrière une barrière de collines, au sud-est de la région), par les vallées et les montagnes — la chaîne spectaculaire de Montsant —, le grenache (42% des vignes) peut s’exprimer de belle façon. Les producteurs n’hésitent pas à encourager des vins en pur grenache, comme Alvaro Palacios ou les jeunes de Merum Priorati, à Porrera…

Il y a trente ans, les rénovateurs du Priorat croyaient au renforcement des cépages locaux (carignan et grenache) par les internationaux, cabernet sauvignon et syrah (chacun 10% du vignoble) et un peu de merlot (6,5%). Plusieurs cuvées ont gardé cette identité multicépages, comme le Clos Mogador (60 fr. la bouteille) des Barbier : cueillis bien mûrs, les raisins donnent un vin opulent, puissant en arômes et riche en alcool, flirtant avec les 16°, ces dernières (chaudes) années. Et puis, il y a aussi des blancs, en minorité, sur 7,5% de la surface, soit 138 ha, majoritairement du grenache blanc, et un petit peu de macabeu, et de pedro ximenez.

Des acteurs économiques solides

Malgré le zonage, Alvaro Palacios peut continuer à proposer sa gamme complète, du vin de base, le Camins del Priorat («melting pot» de grenache, carignan, cabernet, syrah et merlot) à 25 fr. (chez son importateur zurichois), jusqu’à son nouveau cru Les Aubaguetes, à Bellmunt, à majorité de grenache, sorti en Espagne à 300 euros, et son vin iconique de Grattalops, L’Ermita, encore plus «vieux grenache». Proposée entre 320 francs (millésime 1999) et 1000 francs (2014) en Suisse, la bouteille dépasse les 1’000 euros sur Internet ! D’inscrire sur l’étiquette «gran vinya classificada» ne devrait pas changer grand’chose pour l’Ermita… Derrière Palacios, se profile le Catalan Miguel Torres (déjà 90 ha en propriété dans la région), avec son Mas de la Rosa à Porrera. Le 2016 est son premier millésime : carignan et grenache, vieux de 80 ans, sur moins de 2 hectares de vignes qui ont produit 2000 bouteilles seulement d’un vin très élégant. Un flacon à 370 euros, entièrement vendu en primeur.

Le vignoble en terrasses de Coster del Siurina.

Autre exemple, tout au sud, à Bellmunt, le groupe catalan Perelada a racheté la coopérative locale. 25 ha ont été aménagés en impressionnantes terrasses, à la Casa Gran del Siurana. Le groupe a acquis, fin 2017, Chivite, en Navarre. Avec plusieurs caves en Rioja, en Ribera del Duero et en Rueda, Perelada est devenu, en peu de temps, un «grand d’Espagne». Son vin de base du Priorat, nommé GR-174 — du nom du sentier pédestre sillonnant la région, aux paysages ensorcelant, entre les vallées profondément creusées par les «rius» —, un assemblage rouge (grenache, syrah, cabernet, carignan, et merlot, passé 5 mois en barriques…), facile d’accès, jeune, frais, fruité, bien fait, d’une honnête complexité, se vend déjà à près de 250’000 bouteilles, soit juste derrière l’entrée de gamme de Palacios. Il est proposé en Suisse à 17,50 francs…

Avec ces acteurs économiques dynamiques, la nouvelle pyramide de la DOQ Priorat dispose d’un solide socle !

Paru dans Hôtel & Gastronomie Hebdo du 25 septembre 2019.

Vins du Priorat: ma dégustation (mai 2019)

Voici mes commentaires des 59 vins dégustés — et retenus! —  à l’occasion de la présentation «Noms de la terre (les lieux-dits)» de la DOQ Priorat, les 17 et 18 mai. En complément des articles à paraître dans Hôtellerie & Gastronomie Hebdo et sur le blog francophone les 5duvin.wordpress.com. Une majorité de vins rouges et quelques blancs en fin de fichier. Les détails techniques (cépages, élevage) montrent bien la grande diversité des vins DOQ Priorat. 

(Les étiquettes sont en illustration, sans égard pour la qualité intrinsèque du vin commenté).

Rouges

***

Clos Mogador 2016, Clos Mogador, Gratallops

Grenache, carignan, syrah et cab sauv de VV (30 à 60 ans), sur llicorella : rouge foncé, à reflets violacés ; nez un peu vanillé ; attaque ample, juteux, sur les fruits rouges et noirs ; complexe, frais, malgré les 16° d’alcool, belle ampleur… Un style puissant assumé par les René Barbier, père et fils, mais qui ne résume pas — ou plus ! — à lui seul le Priorat ! ***

Mas de la Rosa 2016, Porrera, Miguel Torres Priorat

Carignan et grenache de 80 ans, sur llicorella, élevé 16 mois en barriques de chêne français : Beau nez, délicatement boisé et fumé ; attaque fraîche, sur les fruits rouges, bien soutenue par l’acidité ; de la finesse et de l’élégance. Un très beau vin, tiré d’une parcelle de 2 ha, en son premier millésime ! ***

Les Aubaguetes 2016, Bellmunt, Alvaro Palacios

78% grenache, 21% carignan, le reste en blanc (grenache, macabeu), de VV de 117 ans, sur llicorella ; élevage 18 mois en grands fûts (foudres) : grenat, fruité, frais, aérien, un vin peu extrait, qui joue sur la finesse de ses tanins et sa buvabilité. ***

Perinet 1194 2016, Mas Perinet, Poboleda

Grenache et carignan, sur schistes : un peu le ying et le yang du Priorat : nez de pain de seigle, attaque pleine, de l’extraction, belle structure, belle complexité, avec une pointe d’acidité pour la fraîcheur ***

Porrera Vi de Villa 2016, Celler Vall Llach, Porrera

80% carignan, 20% grenache, VV 80 – 100 ans sur llicorella : nez un peu masqué ; beau volume, frais et complexe, sur les fruits noirs, à la fois suave et campé sur des tanins fermes. ***

Perpetual 2016, Miguel Torres, vignes de Torroja, Poboleda, El Lloar et Bellmunt

Carignan et grenache, la majorité de 75 ans. 18 mois en barriques de chêne français : Beau nez dense d’encre, avec un soupçon de goudron, joli volume, belle fraîcheur en bouche, tanins puissants, mais bien emballés. ***

Desti Sols 2016, Merum Priorati, Poboleda

Pur grenache (1ermillésime, médaille d’or à Grenaches du Monde) : joli nez de fruits bien mûrs, de cerise confite, avec des notes d’abricot et d’orange sanguine ; rond, avec une pointe d’acidité fraîche et de vanille : un très joli grenache ! ***

Vi de Vila de la Vilella Alta 2016, Vinicola del Priorat

Grenache et carignan de VV (35 à 90 ans), sur llicorella et terres blanches, élevé en fûts de 500 litres : joli nez, à la fois vanillé et fruité ; bon volume, avec une note de terre en finale ; un rouge qui affirme sa minéralité et bien fait. ***

Magran 2016, Meritxell Pallejà, Grattalops

Pur grenache jeune sur llicorella et basalte, 12 mois de fûts de chêne français : nez très mûr, de cerises noires, avec des notes de marasquin, un peu suave et collant en fin de bouche, mais très charmeur, avec un bon soutien acide. ***

1902 – 2015, Mas Doix, Poboleda

Pur carignan sur très VV plus que centenaires, sur llicorella : nez discret, attaque un peu amère, avec des notes de graphite, puis bon volume, long, mais encore austère, typé du climat de Poboleda, plus haut, plus pluvieux et avec plus d’acidité. Un style affirmé !***

L’Ermita 2014, Grattalops, Alvaro Palacios

91% grenache, 8% carignan, 1% blancs (grenache, macabeu et pedro ximenes), de VV (75 à 104 ans), sur un parchet de moins d’1,5 ha en forte pente, élevage 15 mois en grands fûts (foudres) : beau nez floral, fruité, de fruits rouges, attaque sur la fraîcheur, avec du nerf ; longue finale ponctuée par une légère note toastée. Un style étonnamment aérien pour un tel vin iconique ! ***

Coma Vella 2014, Mas d’en Gil, Bellmunt

Grenache, carignan et un peu de syrah, vignes de 40 ans, élevé en fûts : nez mentholé, frais ; attaque chaleureuse, enveloppée, puis saveurs de framboises et de fruits noirs, avec une pointe d’acidité rafraîchissante ; un style élégant. ***

Joan Giné Negre 2014, Buil & Giné, Grattalops

Grenache, carignan et cab sauv : Joli nez, un peu cerise et amande amère ; bon volume ; de la fraîcheur, de l’acidité, du fruit, avec une note minérale en finale (assemblage de raisins provenant de Grattalops, Bellmunt et Porrera…) ; bien fait ! ***

Mas Siren Coster 2013, La Moreta, Burgos Porta

60% grenache, 40% carignan, VV de 60 ans, sur llicorella : nez très mûr, «old style», concentré, suave, avec des notes de pruneau sec, de fruits noirs ; complexe et bien fait ***

La Vinya de Coster 2011, La Vilella Alta, Mas La Mola

Carignan de VV (70 ans), sur llicorella, élevage long en fûts de chêne français (2 à 3 ans) : nez confituré, concentré, avec des notes de raisin de Corinthe, du cuir, du tabac, «old style»***

**/*

Reiyel 2017, Bodega Bravo Escos «Las Nubes», Torroja

Carignan, grenache, syrah, merlot, cab franc et sauv, vignes de 20 à 40 ans, sur llicorella : nez vanillé, mais fin ; de la fraîcheur, pas trop extrait, plutôt élégant et bien fait, moderne **/*

Clos Figueras 2016, Grattalops

Grenache et carignan, VV de 85 ans, élevé entre 14 et 16 mois en tonneaux de chêne français de 500 litres : Nez encore marqué par l’élevage, une touche d’amande amère ; attaque fraîche, tanins fermes bien présents ; en fin de bouche, jolis arômes fruités, de fruits rouges et noirs. Un vin bien construit, qui mérite d’être rejugé dans quelques années… **/*

Formiga de Vellut 2016, Clos Galena, Domini de la Cartoixa, Solanes del Molar

60% grenache, 20% carignan, 20% syrah, 9 mois en barriques françaises usagées : nez un peu masqué (boisé pas très net !), attaque sur les fruits rouges macérés, la marmelade de cerises noires, frais, mais avec des notes méditerranéennes (romarin, olive noire) et une pointe de verdeur. **/*

La Basseta 2016, La Vilella Alta, Mas Alta

90% grenache, 10% syrah de vignes jeunes (15-30 ans), sur llicorella : nez un peu fumé, beurré, puis attaque fruitée, sur la cerise et les fruits rouges ; bien fait, plutôt moderne ! **/*

Inici 2016, Merum Priorati, Poboleda

55% grenache, 15% carignan, 15% syrah, 15% cab sauv, jeunes vignes (19 ans) : nez de fruits noirs, de pruneau à l’eau-de-vie ; notes de graphite en fin de bouche ; mûr, mais acidité rapicolante… **/*

Perinet Mas Vell 2016, Mas Perinet, Poboleda

Pur grenache, sur schistes : nez de biscuit, de vanille (élevage en chêne français), puissant, avec une certaine rondeur, bonne fraîcheur, avec une pointe d’acidité marquée. **/*

Mas de la Rosa 2016, Celler Vall Llach, Porrera

Pur carignan de très VV (120 ans), sur llicorella, 16 mois en fûts de chêne neuf : nez de mine de crayon, puissant, attaque ferme, avec des notes de graphite, d’encre et une finale un peu amère, marquée par le bois neuf. **/*

La Costa del Riu 2016, Meritxell Pallejà, Grattalops

Pur grenache de jeunes vignes de moins de 10 ans, sur llicorella et argile, 14 mois de barrique : nez boisé, bon volume, avec du gras, bonne acidité, bien fait, avec une note finale minérale. **/*

Cruor 2015, Casa Gran del Siurana, Bellmunt

Carignan en majorité, avec du grenache et un peu de syrah : joli nez, frais, floral ; belle élégance en milieu de bouche, ensuite, tanins fermes et finale un peu rustique, avec de la fraîcheur.**/*

Masdeu 2014, Cellers de Scala Dei

Pur grenache, sur «sols blancs», vinifié en cuves béton : nez mûr, plein, avec des notes de cerise noire, épices douces et poivre noir, frais, mais avec des tanins un peu rustiques, voire rugueux. **/*

Clos Fontà 2014, Mas d’en Gil, Bellmunt

Grenache et carignan, de VV (70 ans), 14 mois en fûts, 30% bois neuf : joli nez, un peu confit, matière extraite, avec des notes de goudron, suave, puissant, balsamique… **/*

Grattavinum GVS 2013, Grattavinum, Grattalops

80% carignan, 15% grenache, 5% cab sauv, entre 21 et 60 ans, sur llicorella : nez un peu réduit, puis notes boisées ; bon volume, riche, tanins serrés, très corsé, «méditerranéen», mais un peu trop extrait aussi… **/*

Gran Clos Negre 2011, Gran Clos, Bellmunt

46% carignan, 44% grenache, de VV (60 à 100 ans), 10% cab sauv (30 ans), sur llicorella : joli nez ouvert et expressif, bon volume, de la fraîcheur encore, tanins fermes, bonne tenue **/*

**

Caliel 2017, Bodega Bravo Escos «Las Nubes», Torroja

Pur carignan, plus ou moins âgé (de 20 à 60 ans) sur llicorella : nez boisé, balsamique, avec des saveurs de cerise noire ; du fruité en milieu de bouche ; bien construit, avec une finale sur l’orange sanguine. **

Gratavinum GVS Sylvestris 2017, Gratavinum, Grattalops

85% carignan, 15% syrah, de jeunes vignes (14 – 23 ans), sur llicorella : nez frais, beaucoup d’extraction à l’attaque, avec un peu de verdeur, bon volume, avec des notes de prune fraîche et de myrtille **

Arbossar 2016, Terroir al limit, Torroja

Vieux carignan de plus de 100 ans, sur llicorella et granit, élevé 16 mois en cuve ciment et en foudre : nez un peu fumé, un peu beurré aussi ; attaque sur une légère verdeur ; finale sur l’encre de seiche, le graphite ; de la personnalité… **

Cartoixa 2016, Cellers de Scala Dei

80% grenache, 20% carignan («mataro»), sélection de parcelles, VV 40 – 110 ans, sur argile majoritaire et llicorella (30%) : nez discret, pointe de verdeur, frais, avec des notes épicées, des tanins frais, assez simple, mais agréable. **

Roureda Llicorella Vitis 60 – 2016, Cellers Unio, Poboleda

Carignan et grenache : nez boisé, avec des notes d’encre et de menthol ; un vin construit (12 mois de fût), bien fait, dans un style moderne, avec une note de minéralité. **

Gran Predicat Negre 2016, Celler Pol Grifoll Declara, Solanes del Molar

Pur carignan de 100 ans d’âge sur llicorella, élevage de 15 mois en barriques de chêne français : nez très, trop, boisé, puis un peu goudronné ; un vin puissant et souple à la fois, avec de l’acidité. Moins de bois aurait servi ce carignan centenaire ! **

Clos Galena 2015, Domini de la Cartoixa, Solanes del Molar

40% grenache, 20% carignan, 20% syrah, 20% cab sauv de 20 à 40 ans, sur llicorella, élevé un an en barrique neuves de chêne français : nez très marqué par l’élevage ; à l’attaque, arômes fruités de sureau, de framboise, de cerise noire ; finale un peu verte… **

Mas Sinen Negre 2015, La Morera et Poboleda, Burgos Porta

60% grenache, 30% carignan, cab sauv et syrah ; sur llicorella : nez à la fois floral et un peu beurré, mûr, balsamique, un peu mou en dépit de l’acidité en fin de bouche **

Los Torrents 2015, Poboleda, Celler Passanau

60% grenache, 30% carignan, 20% cabernet franc, de vignes jeunes (15 ans) : nez un peu boisé (16 mois de barriques), avec une note de verdeur ; bonne fraîcheur en bouche, juteux et assez fin dans sa texture. **

Onix Seleccio 2015, Vi de Vila Vilella Baixa, Vinicola del Priorat

Pur carignan de VV (plus de 90 ans), sur llicorella : nez discret, attaque sur l’austérité, la minéralité, avec une note de fruits noirs et une finale un peu amère. **

Mas del Habanero 2015, Hodgkinson, Masos del Falset

85% grenache sur calcoschistes noirs : joli nez fruité, un peu épicé ; finale un peu acide-amère ; un vin assez simple mais bien fait. **

Eda 2013, Forer Massard, Poboleda

Pur carignan : nez très mûr, sur l’olive noire et le cacao, style un peu oxydatif, de raisin de Corinthe ; en bouche, bonne acidité et bonne fraîcheur ; un style méditerranéen un peu curieux… **

Lo Mon 2013, Trossos del Priorat, Gratallops

Grenache 70%, carignan, 20% et 10% syrah et cab sauv, sur llicorella : nez un peu fumé, attaque grasse, épices tendres, finale un peu boisée. **

Gran Cruor 2011, Casa Grand del Siurana, Bellmunt

90% syrah (!), 10% grenache, sur llicorella, 18 mois en barriques de chêne français : nez très mûr, attaque assez complexe, sur les fruits noirs, le goudron ; un vin plus puissant qu’élégant, peu épicé, mais avec un peu d’amertume en finale… **

*

Vi d’altura 2016, Mas La Mola, Poboleda

Grenache noir, cultivé en bio, sur llicorella, levures naturelles : nez d’eucalyptus, avec une touche de verdeur ; mentholé, frais, rustique et modérément extrait. *

Terroir X La Vina Vieja 2016, Porrera, Alvarez Duran Priorat

90% de carignan, 5% de grenache, 2% de picapoul, le reste de blanc, VV de 120 ans : nez un peu brett’ et floral, avec des notes d’herbes sèches ; étonnant, notamment par la fraîcheur en bouche… *

Porrera 2016, Alvarez Duran Priorat

70% carignan, 20% grenache, 5% syrah et 5% blanc, 20% VV 110 ans, le reste de 30 ans : nez oxydatif, qui rappelle un porto ; très mûr, très suave ; raisin de Corinthe ; très, trop, mûr et un peu sec… *

Predicat Negre 2016, Celler Pol Grifoll Declara, Solanes del Molar

45% grenache, 45% carignan et 10% merlot, VV 35 ans, élevé 9 mois en barriques : nez boisé, puis balsamique ; attaque puissante, sur le goudron ; notes d’épices douces et d’herbes aromatiques méditerranéennes, puis d’orange sanguine ; un peu lourd… *

Clos Alzina 2016, Costers del Priorat, Torroja

Pur carignan de 80 ans, sur très vieux schistes, 12 mois dans un fût de 1’100 litres : nez mentholé, pas très net ; attaque puissante et fraîche, finale sur des tanins un peu verts ; impression de fort rusticité. *

Doix 2015, Mas Doix, Poboleda

55% carignan, 45% grenache, VV de plus de 80 ans, sur llicorella : nez boisé, vanillé, style moderne, un peu confituré, style «rhumtopf», avec une touche d’acidité et une finale sur le caramel. *

Finca La Planeta 2013, Celler Passanau, La Morera

80% cab sauv et 20% grenache de 30 ans, 34 mois en fûts de chêne français : nez marqué par le cabernet, un peu fumé ; attaque ferme, sur le poivron grillé ; variétal et un peu acide *

Clos Abella 2013, Marco Abella, Porrera

70% carignan, 30% grenache, élevé 14 mois en barriques de chêne français : nez discret, un peu vert à l’attaque, matière un peu austère, qui manque d’expression aromatique *

Planots 2012, Celler Cal Pla, Porrera

Grenache et carignan sur schistes carbonifères : nez suave, surmûri ; puissant, sur les fruits confits, la myrtille, mais aussi l’abricot sec, curieux ! *

Blancs

***

Font de la Figuera blanc 2018, Clos Figueras, Gratallops

50% viognier, grenache blanc 40%, chenin 10%, élevé 12 mois en fûts de 500 litres de chêne français : joli nez frais ; bel équilibre à l’attaque, dans la finesse, les fruits blancs et jaunes, la pêche et un peu d’abricot, puis une belle puissance en bouche ; honorables longueur et fraîcheur. Le choix de Christopher Canaan de planter du viognier, puis de chenin blanc est récompensé ! ***

**/*

Les Brugueres 2017, Primera Vinya, La Conreria d’Scala Dei, Escala Dei

Pur grenache blanc, issu de vignes de plus de 40 ans, sur llicorella, élevé en fûts de 350 litres : nez vanillé, belle matière, frais, riche, finale sur l’amande amère, bon soutien acide, un peu chaud (alcool) **/*

Abracadabra 2015, Trossos del Priorat, Gratallops

Grenache blanc et macabeu sur sable ; note d’hydrocarbure, de goudron au nez, finale fraîche, complexe et original **/*

**

Joan Giné Blanc 2018, Buil & Giné

Grenache blanc, viognier, pedro ximenes, 6 mois en chêne français : nez vanillé, boisé ; volume intéressant ; des fruits blancs et de la poire en milieu de bouche ; finale sur des notes fermentaires **

Antigas Blanc 2013, La Vilella Alta, Mas Alta

60% grenache blanc, 20% macabeu, 20% pedro ximenes, élevage en inox et, court, sous bois : nez un peu pétrolé et fumé ; joli toucher de bouche, rond et acidulé, un peu techno… **

*

Gran Clos Blanc 2017, Gran Clos, Bellmunt

75% grenache blanc, 25% macabeu : nez de coco, légère oxydation du fruit, finale sur l’orange amère, curieux et pas très frais… *

Nelin 2016, Clos Mogador

Grenache blanc, macabeu et quelques autres variétés locales : jaune soutenu, avec des notes d’hydrocarbure, finale sur la truffe ; on sent que ce vin a mis du temps à fermenter et qu’il est peu protégé par le SO2… (**)

Une curiosité étonnante (et très réussie !)

***

Memories del Priorat Dolç Ranci 2018

Pur grenache blanc, vinifié sur les lies régénérées de 60 ans (style solera) dans de vieilles barriques ayant toujours contenu du «rancio» : robe cuivrée-orange ; nez de caramel, un peu oxydatif, de noisettes, de dattes, légère sucrosité, avec des notes de chocolat… Surprenant ! ***

©thomasvino.ch