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Posted on 31 mai 2011 in Tendance

Des vignes sensibles au climat

Des vignes sensibles au climat

Climat : se préparer
au changement

A fin mai 2011, au moment où Berne publie ses lignes directrices de la «Stratégie Climat» pour l’agriculture, on s’inquiète, tant en Afrique du Sud qu’au Canada, du changement des conditions climatiques…
Berne, dans la foulée de sa Politique agricole 2014-2017, ajoute un volet climatique. Un changement de climat devrait peser sur la sélection végétale, les systèmes culturaux, la régulation des organismes nuisibles, du travail du sol, du changement du type d’utilisation, de la gestion de l’offre d’eau, du stockage d’eau voire de l’irrigation, selon un tableau publié par l’Office fédéral de l’agriculture (www.blw.admin.ch).
On y lit notamment qu’«en production végétale, il est primordial de privilégier des systèmes de culture diversifiés et robustes en relation avec une exploitation qui ménage le sol tout en augmentant sa fertilité». Il s’agira de veiller à «l’utilisation durable des ressources (par ex. protection des sols, des eaux et de l’air) et à la résilience (p. ex. prévention des crues, biodiversité)». Berne note que des «conflits peuvent surgir entre l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre (réd. : opération à laquelle des régions comme la Champagne ou Bordeaux sont sensibles…) et celui de l’adaptation au changement climatique.»
La Suisse doit encore établir «de manière détaillée et concrète» «le bilan des émissions de gaz à effet de serre produites par l’agriculture». Mais aussi «observer des effets du changement climatique» et «rendre compte des répercussions spécifiques et des progrès que les mesures d’adaptation ont déjà permis de réaliser». Politique climatique, programmes de promotion énergétique, attribution de droits de l’utilisation de l’eau sont en points de mire, de même que le soutien financier aux éventuels projets d’irrigation, sans que la vigne soit spécifiée. Des mesures en faveur de la protection du paysage cultivé et la «nouvelle possibilité d’étiquetage des produits éco-compatibles» vont dans le sens de la Stratégie Climat», explique l’OFAG.

Changer de région, changer de cépages

On sait que la vigne est un indicateur précoce du changement climatique. Ainsi, la récolte 2011 a chuté de 8% en Afrique du Sud, par rapport à 2009, en raison de températures anormalement élevées en été… soit en février et mars. Le groupe Distell (un tiers des vins sud-africains), par la voix d’Erhard Wolf, craint que l’arrachage de 5’000 ha de vignes (l’équivalent du vignoble valaisan), sur 101’000 ha, conduisent à une pénurie de vins sud-africains dans les prochaines années. Le groupe cherche donc des régions moins chaudes pour planter de la vigne et des cépages plus appropriés, comme le pinot gris et le malbec.
A l’extrême de l’autre hémisphère, les Canadiens s’inquiètent pour leurs «vins de glace» de la région des chutes du Niagara. «Le nombre de jours de récolte pour le vin de glace diminue déjà et cela constitut un indice que le climat change», explique le climatologue Tony Shawn. Ces 40 prochaines années, la température pourrait encore augmenter de 4 degrés et les jours favorables aux vins de glace (au moins à moins 8 degrés) pourraient diminuer, obligeant les vignobles à se déplacer dans des régions plus froides. En Suisse, le pinot noir, le cépage désormais le plus répandu, pourrait subir, le premier, les effets néfastes d’un réchauffement climatique, particulièrement à Genève, La Côte et en Valais, au détriment de sa finesse.
©thomasvino.ch