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Posted on 23 octobre 2011 in Vins suisses

Chamoson, Grand Cru homologué en 2012

Chamoson, Grand Cru homologué en 2012

Chamoson, premier GC
du Valais homologué

Dès le millésime 2012, des johannisbergs, arvine, pinots noirs et syrahs de Chamoson auront droit à la dénomination Grand Cru. Dûment homologué par l’Etat du Valais.
Pierre Thomas
Le canton du Valais est le seul de Suisse à disposer d’un cahier des charges de grand cru. Cette catégorie est le sommet le la pyramide des appellations d’origine contrôlée (AOC). Et leur réglementation n’est pas fédérale, mais cantonale. Et même communale en Valais. Salgesch (Salquenen) connaît un grand cru depuis 1988 déjà, Vétroz, depuis 1993 et Fully, depuis 1996. Conthey et Saint-Léonard ont aussi un règlement. Pour harmoniser la législation, ces textes doivent être soumis à l’homologation par les autorités cantonales. En attendant Sion, qui y travaille, Chamoson est la première commune à avoir un règlement conforme et approuvé.
Limité à quatre cépages
Dans la plus vaste commune viticole valaisanne (420 ha, dépassée au niveau suisse seulement par Satigny (GE), 460 ha), le choix s’est porté sur quatre cépages emblématiques. Chamoson est la capitale du sylvaner, nommé johannisberg (76 des 239 ha recensés en Valais). Avec près de 13 ha (sur 160 ha), la petite arvine occupe une place d’avenir. A ces deux cépages blancs s’ajoutent le pinot noir (81 des 1673 ha), classique, et la syrah (22 des 160 ha), où plusieurs encaveurs chamosards se distinguent depuis longtemps.
Le règlement du grand cru définit des conditions de qualité (maturité du raisin) et de quantité (rendement à l’hectare), plus sévères que l’AOC. Les vignes concernées, dans des périmètres clairement délimités, doivent être annoncées en juin. Elles sont visitées par une commission. Et les vins, enfin, sont dégustés pour assurer «une crédibilité de qualité auprès des consommateurs».
Une démarche volontaire
Mais toute la démarche reste volontaire. Et même doublement. Elle le fut au niveau de la commune, qui annonçait vouloir obtenir ce classement «dans les dix ans», en l’an 2000 déjà. Et elle le sera pour les 52 encaveurs recensés. Selon des estimations, 4 à 5% des vins de Chamoson seront vendus en grand cru. Jusqu’ici, seul un bon quart des vins sont étiquetés avec la mention du village, le reste étant «noyé» dans la production AOC Valais. L’Interprofession de la vigne et du vin du Valais (IVV) doit encore approuver un modèle de bouteille commun à tous les grands crus et obligatoire comme signe distinctif : le dossier, enlisé, serait, cette fois-ci, en bonne voie… Le paiement d’une taxe par mètre carré et par bouteille mise sur le marché devrait permettre de dégager des moyens de promotion. Ils s’ajouteront à l’effort de la commune de Chamoson, qui veut miser sur une image globale autour du vin, du johannisberg à l’œnotourisme.
Grands crus à géométrie variable
Mais que signifie le mot grand cru pour le consommateur suisse? Dans ce domaine pointu, le fédéralisme joue des tours à qui veut y voir clair. Aujourd’hui, les Valaisans ont deux sortes de grands crus, l’«officiel» et les «précurseurs», pas encore homologués. Les Genevois sont passés par leur nouveau règlement, adopté en été 2009. A condition de respecter certains critères de localisation (vignobles en pente exclusivement), de qualité (degrés Oechslés plus élevés) et de quantité (rendement réduit), les encaveurs genevois peuvent mettre sur le marché des «premiers crus» (et non des «grands crus»).
Les Vaudois, en redéfinissant leur législation propre en 2009, ont élargi leur propre notion de grand cru. Elle était déjà très souple : deux appellations de Lavaux, Calamin et Dézaley, portaient «de droit» le titre de grand cru, qui pouvait désigner des vins issus de propriétés cadastrées (clos, domaines ou châteaux). Dès le millésime 2009, le mot grand cru, sur une bouteille vaudoise, signifie que le raisin était légérement plus sucré à la récolte (selon une norme moins exigeante qu’à Genève) et que le contenu de la bouteille vient à 90% du lieu-dit cité sur l’étiquette (commune, domaine, château, etc.).
Vaud. grand cru à… 77%!
Avec des critères aussi laxistes, le contrôle officiel de la vendange 2010 montre que 77% des raisins vaudois satisfaisaient aux conditions du grand cru, contre 23% en AOC. La plupart de ces vins ont toutefois été assemblés en AOC régionale et ont perdu leur droit au grand cru. Mais sur le papier, cela reste le monde à l’envers, puisque le grand cru était sensé devenir le sommet de la pyramide. Les Vaudois ont donc ajouté une couche : des Premiers Grands Crus. Ceux-ci doivent répondre à des critères contenus dans un dossier soumis à une commission «ad hoc». Les premiers… «1ers Grands Crus» devraient être mis sur le marché l’été prochain, après dégustation du millésime 2011. Seuls une vingtaine de dossiers ont été soumis à la commission. Elle n’en aurait retenu que la moitié, sous réserve des qualités gustatives du millésime qui vient d’entrer en cave.
                  
Paru dans Hôtellerie et Gastronomie Hebdo du 19 octobre 2011.