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Posted on 18 juin 2011 in Vins suisses

Valais — Serge Roh, des crus très persos

Valais — Serge Roh, des crus très persos

Serge Roh, Vétroz (VS)

Des (grands) crus très perso

Son nom court, de trois lettres, on ne peut pas le rater sur ses nouvelles étiquettes : ROH écrit comme jamais sur une vignette de vin suisse. Le producteur de Vétroz, à 48 ans, assume une gamme très personnelle.
Depuis près de vingt ans, Serge Roh fait partie du noyau dur des encaveurs de Vétroz qui ont lancé leur Grand Cru. Dégustation avant approbation, certes, mais en amont, la démarche implique pour les parcelles inscrites, le contrôle des vignes et le respect d’un cahier des charges plus sévère que le règlement AOC (appellation d’origine contrôlée). Au final, est-ce payant ? Quand un importateur de New York est venu choisir quatre vins dans sa cave (1’500 bouteilles expédiées par année), il s’est décidé pour les trois Grands Crus, le Fendant, l’Amigne et le Pinot noir, et pour la Petite Arvine. Elémentaire, mon cher Watson!

Un amateur d’assemblages, blanc et rouge

Régulièrement salué par la critique (et les jurys des concours) pour ses nectars, avec le millésime 2010, Serge Roh signe en grandes lettres de magnifiques nectars, d’une belle précision aromatique. S’il cultive près d’un hectare (sur dix) d’Amigne, le cépage propre à Vétroz, le vigneron-encaveur ne dédaigne pas les vins traditionnels. Son Fendant affiche une minéralité tirée des schistes des meilleurs coteaux de Vétroz. Et sa Dôle, assemblage classique de Pinot noir (51%) et de Gamay (34%), est enrichie de Diolinoir et d’Ancelotta (15% ensemble), qui lui confèrent une belle structure. Car Serge Roh affectionne les assemblages : deux portent le nom de son domaine, Les Ruinettes. Elevé en barrique, le blanc marie la Petite arvine, le Johannisberg, l’Amigne et l’Humagne blanc. On peut préférer les mêmes, mais traités en cépage pur, comme la Petite Arvine bien sèche en 2010 et le très floral Humagne blanc. Pour son rouge, seule la Syrah passe en barrique. Elle est complétée par du Diolinoir, introuvable ici en cépage pur, du Gamaret et du Cornalin.

Un Cornalin 2010 aussi bon que le 2003?

La Syrah Réserve 2009 a passé un an en barrique de chêne français ; elle est encore marquée par cet élevage, mais révèle des arômes poivrés. Et de la minéralité, qu’on retrouve aussi dans le Gamaret, floral et original (il est plutôt réservé aux vignobles genevois et vaudois). Quant au Cornalin, le 2010 est une merveille, bien typée cerise noire, juteux et vif. Un digne successeur d’un légendaire 2003, sacré meilleur vin rouge suisse de sa catégorie. Et, vu la rareté, vendu uniquement en bouteilles de 50 centilitres. Comme l’Amigne surmaturée sur souche 2009, très aromatique (abricot sec, pomme cuite au four et zeste d’orange). Un liquoreux comme une cerise sur le gâteau.
www.vins-roh.com
Paru dans le magazine Cuisine de Saison de juin 2011.