Un vin pour les ministres vaudois
Un vin vaudois très officiel
Le «goût du Conseil» (d’Etat)
Selon un communiqué de presse, ce vin est un «Premier grand cru, appellation d’origine contrôlée Chablais, produit dans la commune d’Yvorne». Cette nomenclature est amusante: elle donne le tiercé dans le désordre, du moins selon le modèle bourguignon, qui va du plus petit au plus grand «L’Ovaille 1584» est bel et bien un 1er Grand Cru, produit dans la commune d’Yvorne (où, s’il n’était reconnu 1er GC, il serait au bas mot Grand Cru), dans l’AOC Chablais (les Vaudois ayant supprimé les AOC communales élargies). On le voit, même au plus haut niveau, la «pyramide» vaudoise crée la confusion. C’est dire si le consommateur peut s’y retrouver!
L’Ovaille 1584 (à ne pas confondre avec le Domaine de L’Ovaille, qui a aussi obtenu la mention de 1er GC), produit par les caves Hammel SA, à Rolle, a séduit le Conseil d’Etat, qui l’a choisi en dégustation à l’aveugle. Selon la prose officielle, «sa robe est brillante, jaune pâle avec des reflets verts. Le bouquet s’ouvre sur des notes intenses, florales, de fruits jaunes, de noisettes et de cailloux chauds. Vin de grand terroir par excellence, il possède un potentiel de garde de dix ans au minimum».
C’est la première fois que le gouvernement vaudois honore ainsi un vin qu’il a sélectionné lui-même, à l’aveugle, parmi les 12 Premiers grands crus du canton. Par ce geste, il entend manifester son intérêt pour la qualité de la production viticole vaudoise et contribuer à la faire mieux connaître. Le «Vin du Conseil d’Etat» pourra arborer cette distinction sous la forme d’une collerette. Il sera servi aux hôtes du Gouvernement vaudois lors de certaines manifestations officielles.
Le Conseil d’Etat attribuera ce titre chaque année, et, affirme-t-il, «donnant ainsi sa chance à l’ensemble des producteurs du canton, à l’exception des vins issus des Domaines cantonaux. Si ceux-ci comprennent des crus de grande qualité, le Gouvernement, par souci d’impartialité, ne souhaite pas retenir des vins qu’il produit».
A ce jour, si le gouvernement s’en tient aux seuls 1ers Grands Crus, il se bornera au chasselas et à… douze producteurs prétendants. Mais il devrait y en avoir davantage avec le millésime 2012: la liste est ouverte, il suffit de présenter un dossier, de passer l’épreuve d’une dégustation de vieux millésimes, et du dernier à être mis sur le marché. Avec le risque, aussi, de perdre le droit au titre de 1er Grand Cru pour ceux qui le sont déjà et doivent remettre en jeu leur position pré-éminente chaque année!
©thomasvino.ch