Débat à VINEA : comment relancer le vin suisse?
Débat sans réponse à VINEA 2012
Comment relancer le vin suisse ?
Par Pierre Thomas
Sautons à la conclusion de ce débat: la rédactrice en chef adjointe de L’Hebdo, Isabelle Falconnier, a demandé à chaque intervenant de donner son moyen pour augmenter la part des vins suisses dans la consommation, qui a baissé d’un point en 2011, à 37%.
Pour le Valaisan Gilles Besse, nouveau président de Swiss Wine Promotion, cela passe par une «promotion bien faite». Et de lancer l’idée d’une «Semaine du vin suisse», chaque année en novembre, sur le modèle de la «Semaine suisse du goût», dans les hôtels et restaurants de tout le pays. Patronne de Bataillard, Corinne Fischer souhaite, quant à elle, que les vins suisses permettent «d’augmenter la marge du négociant» qui les vend, et qui gagne mieux sa vie en distribuant des vins étrangers. Pour le conseiller national valaisan Jean-René Germanier, «il faut déclencher le réflexe « vin suisse » chez le consommateur» Pour Jean-Claude Vaucher, patron de la holding Schenk S.A., les producteurs devraient commencer par «inscrire sur chaque étiquette une croix suisse». Ce qui arrache à Rafael Pèrez, président de Slow Food Suisse, ce slogan anti-Ben (le fameux « La Suisse n’existe pas »), «Les vins suisses existent!». Et pour l’hôtelier Claude Buchs, président de Swiss Historic Hotels, VINEA devrait primer les établissements publics aux meilleures cartes de vins indigènes (lire ci-dessous).
Bref, autant d’intervenants, autant d’idées. Mais le débat n’a pas permis d’identifier avec précision les problèmes. A la veille de la reprise des travaux des Chambres, à Berne, le dossier politique n’a guère été abordé, devant une centaine d’auditeurs. A qui faisait remarquer qu’en Suisse le vin se vend trois fois plus cher qu’en Allemagne, Jean-René Germanier a rétorqué que c’est une chance à saisir: «Les producteurs suisses oeuvrent dans un pays où les habitants sont prêts à payer un maximum pour les vins.» Et pour Gilles Besse, les producteurs suisses sont «condamnés un peu au luxe». Avec des coûts de production élevés, il est illusoire, en effet, de viser l’entrée de gamme.
Le chasselas, talon d’Achille romand
La plus franche fut la Zuricoise Corinne Fischer: «Un négociant possède toujours une meilleure marge avec les vins étrangers. Il faudrait pouvoir étendre la gamme des vins suisses entre 5 et 10 francs, alors qu’aujourd’hui, on est plus près des 15 francs pour une bouteille.» Après avoir cité les chiffres de la baisse de la consommation, qui touche d’abord les vins blancs suisses, elle a mis le doigt sur les méventes et les stocks: «On a un problème avec le chasselas. Osons donc y faire face. Si certains producteurs ne gagnent plus leur vie avec ce cépage, il faut restructurer le secteur.» Les autres intervenants ne se sont pas laissé entraîner sur ce terrain glissant, les Valaisans se contentant de souligner qu’ils ont fait leur part en troquant 600 hectares de chasselas contre des spécialités (petite arvine, païen, cornalin, humagne) ces 15 dernières années.
Aujourd’hui, face au retour à une forme de protectionnisme, défendue par le conseiller national UDC valaisan Oskar Freysinger, qui n’est pas intervenu à Sierre, les mots d’ordre sont, d’une part, une montée en gamme souhaitée des vins suisses, et, d’autre part, un encouragement à la promotion, surtout en Suisse allemande. «70% de la production des vins indigènes se fait dans les parties latines du pays, alors que 70% des consommateurs potentiels sont en Suisse alémanique: il y a un Weingraben!», a lancé Gilles Besse. Reste à vérifier si, ces prochains mois, la vitiviniculture helvétique saura parler d’une seule et même voix, de Genève à Visperterminen (VS) et de Schaffhouse à Mendrisio.
Paru dans Hôtellerie & Gastronomie Hebdo du 6.09.2012
La responsabilité des écoles hôtelières
Paru dans Hôtel Revue du 6.9.2012.
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