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Posted on 6 septembre 2012 in Tendance

Débat à VINEA : comment relancer le vin suisse?

Débat à VINEA : comment relancer le vin suisse?

Débat sans réponse à VINEA 2012

Comment relancer le vin suisse ?

Le premier jour de VINEA  2012 à Sierre, vendredi 31 août, des acteurs du monde vitivinicole helvétique se sont demandé comment mieux vendre les vins suisses. Dès 2013 devrait se tenir une «Semaine du vin suisse» dans les établissements publics de tout le pays, à l’image de la Semaine suisse du goût.
Par Pierre Thomas
Sautons à la conclusion de ce débat: la rédactrice en chef adjointe de L’Hebdo, Isabelle Falconnier, a demandé à chaque intervenant de donner son moyen pour augmenter la part des vins suisses dans la consommation, qui a baissé d’un point en 2011, à 37%.

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Pour le Valaisan Gilles Besse, nouveau président de Swiss Wine Promotion, cela passe par une «promotion bien faite». Et de lancer l’idée d’une «Semaine du vin suisse», chaque année en novembre, sur le modèle de la «Semaine suisse du goût», dans les hôtels et restaurants de tout le pays. Patronne de Bataillard, Corinne Fischer souhaite, quant à elle, que les vins suisses permettent «d’augmenter la marge du négociant» qui les vend, et qui gagne mieux sa vie en distribuant des vins étrangers. Pour le conseiller national valaisan Jean-René Germanier, «il faut déclencher le réflexe « vin suisse » chez le consommateur» Pour Jean-Claude Vaucher, patron de la holding Schenk S.A., les producteurs devraient commencer par «inscrire sur chaque étiquette une croix suisse». Ce qui arrache à Rafael Pèrez, président de Slow Food Suisse, ce slogan anti-Ben (le fameux « La Suisse n’existe pas »), «Les vins suisses existent!». Et pour l’hôtelier Claude Buchs, président de Swiss Historic Hotels, VINEA devrait primer les établissements publics aux meilleures cartes de vins indigènes (lire ci-dessous).
Bref, autant d’intervenants, autant d’idées. Mais le débat n’a pas permis d’identifier avec précision les problèmes. A la veille de la reprise des travaux des Chambres, à Berne, le dossier politique n’a guère été abordé, devant une centaine d’auditeurs. A qui faisait remarquer qu’en Suisse le vin se vend trois fois plus cher qu’en Allemagne, Jean-René Germanier a rétorqué que c’est une chance à saisir: «Les producteurs suisses  oeuvrent dans un pays où les habitants sont prêts à payer un maximum pour les vins.» Et pour Gilles Besse, les producteurs suisses sont «condamnés un peu au luxe». Avec des coûts de production élevés, il est illusoire, en effet, de viser l’entrée de gamme.
Le chasselas, talon d’Achille romand
La plus franche fut la Zuricoise Corinne Fischer: «Un négociant possède toujours une meilleure marge avec les vins étrangers. Il faudrait pouvoir étendre la gamme des vins suisses entre 5 et 10 francs, alors qu’aujourd’hui, on est plus près des 15 francs pour une bouteille.» Après avoir cité les chiffres de la baisse de la consommation, qui touche d’abord les vins blancs suisses, elle a mis le doigt sur les méventes et les stocks: «On a un problème avec le chasselas. Osons donc y faire face. Si certains producteurs ne gagnent plus leur vie avec ce cépage, il faut restructurer le secteur.» Les autres intervenants ne se sont pas laissé entraîner sur ce terrain glissant, les Valaisans se contentant de souligner qu’ils ont fait leur part en troquant 600 hectares de chasselas contre des spécialités (petite arvine, païen, cornalin, humagne) ces 15 dernières années.
Aujourd’hui, face au retour à une forme de protectionnisme, défendue par le conseiller national UDC valaisan Oskar Freysinger, qui n’est pas intervenu à Sierre, les mots d’ordre sont, d’une part, une montée en gamme souhaitée des vins suisses, et, d’autre part, un encouragement à la promotion, surtout en Suisse allemande. «70% de la production des vins indigènes se fait dans les parties latines du pays, alors que 70% des consommateurs potentiels sont en Suisse alémanique: il y a un Weingraben!», a lancé Gilles Besse. Reste à vérifier si, ces prochains mois, la vitiviniculture helvétique saura parler d’une seule et même voix, de Genève à Visperterminen (VS) et de Schaffhouse à Mendrisio.
Paru dans Hôtellerie & Gastronomie Hebdo du 6.09.2012

La responsabilité des écoles hôtelières

A quelques encâblures de son fief de Saint-Luc, Claude Buchs faisait figure simultanément de régional de l’étape et de bon élève. Comme quelques membres des Swiss Historic Hotels, qu’il préside, son établissement ne sert que des vins suisses. En moyenne, les hôtels du groupement servent au moins 35% de vins indigènes, ce qui correspond à la part des vins suisses dans la consommation courante (37%, en diminution de 1% en 2011). Certes, l’hôtelier valaisan a un mérite relatif, puisqu’il se trouve «en région de production», mais, dit-il, il faut «oser davantage». D’abord rétive, la clientèle s’est prise au jeu. «Certains clients genevois auraient préféré du vin français, et les Alémaniques, des vins italiens, mais les vins suisses se sont améliorés et ne peuvent plus être jugés trop légers, comme naguère. Nos clients acceptent et même attendent les conseils en vin», a plaidé l’hôtelier de Saint-Luc. Pour lui, les écoles hôtelières du pays devraient faire davantage pour les vins suisses. Ainsi, «casser le mythe d’avoir obligatoirement des vins français ou italiens sur sa carte» pourrait être facilité pour les jeunes générations. Claude Buchs a aussi engagé VINEA à récompenser non seulement les vignerons, mais aussi les tenanciers d’établissements publics dont la carte fait la part belle aux vins suisses.
Paru dans Hôtel Revue du 6.9.2012.
©thomavino.ch