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Posted on 12 avril 2005 in Tendance

Vins suisses — Les Swiss Wine Bars passent à l’anglais

Vins suisses — Les Swiss Wine Bars passent à l’anglais

Vins suisses — Bars «Verre à pied»
Avalés par Berne
Ils avaient un bien joli nom, les bars à vins «Le Verre à pied». Les voilà qui muent en Swiss Wine Bars ! Ca fait plus «trendy», «of course». Et ils sont désormais pilotés depuis Berne, par Swiss Wine Communication. Et l'affaire ne fait pas que des heureux!
Pierre Thomas
A Lausanne, à la rue Saint-Laurent, à part l’enseigne agrandie et anglicisée, pas grand changement. La barmaid, qui tient à son titre d’«œnologue», la Valaisanne Chantal Jaquemet, est là depuis l’ouverture. Elle supervisera désormais le bar de Genève, qui partage, sur Plainpalais, un local avec un autre établissement public.
Un sérieux coup de pouce public
Cours de dégustation, soirées à thèmes, y compris dans la salle paroissiale adjacente : le programme lausannois va au-delà du seul débit de boisson. Et si l’offre a été «helvétisée», avec la présence de 41 producteurs vaudois et 14 «suisses» (hormis Vaud et Valais), les vins valaisans de 49 producteurs restent les plus en vue. L’idée des «Verres à pied» était partie des encaveurs de Sion… Désormais, le réseau passe sous le contrôle de l’organisme de promotion des vins suisses en Suisse et à l’étranger, Swiss Wine Communication, à Berne. Son directeur, Jürg Bussmann, tient à préciser qu’il n’y a pas d’argent public investi dans ces bars, situés à Berne, Lausanne, Genève et Bruxelles. Et bientôt, à Zurich.
Les unités existantes ont tout de même été rachetées pour 350'000 francs et leur rôle de soutien promotionnel pour 2005 est évalué à 360'000 francs, qui permettent d’«améliorer» les comptes des Swiss Wine Bars. Leur chiffre d’affaires est estimé, à Berne (ouvert en automne 2004), autour de 600'000 francs et à Lausanne, à près de 400'000 francs. Certains producteurs, tel le très médiatique Vaudois Raoul Cruchon, d’Echichens, déplorent cette politique: «On fait supporter aux vignerons le prix d’une infrastructure, avec un coût de location de casiers à bouteilles sans rapport avec les ventes réelles, faibles parce qu’il y a une forte concurrence entre les vins. Et il y a une distorsion de concurrence par rapport aux établissements publics qui nous font confiance. Je refuse donc de fournir mes vins dans ce genre d'oenothèques !»
Une erreur stratégique à Bruxelles
Ces bars, sous la responsabilité de Kurt Loretan, font appel aux vignerons qui louent des casiers pour 5 ans. Quelque 250 producteurs sont sous contrat et proposent 600 vins. Des 16'000 bouteilles vendues annuellement à Lausanne, un peu moins de la moitié le sont «à l’emporter», à un prix légèrement supérieur à celui d’une bouteille achetée à la propriété. Car le but des bars reste de faire découvrir les vins suisses, à l’image de l’enseigne bruxelloise où officie désormais à plein temps le jeune mais ancien meilleur sommelier de Belgique, Xavier Faber. Pourtant, l’exercice belge s’avère «contreproductif», selon plusieurs observateurs, sur place : comme les Helvètes ont décidé de faire cavaliers seuls, des importateurs ont décidé de renoncer à référencer des vins suisses dans leurs commerces.

Texte original, pour le site www.thomasvino.ch, 13 avril 2005.