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Posted on 10 mai 2006 in Vins suisses

Vins suisses — Trois décis d’indécision

Vins suisses — Trois décis d’indécision

Vins suisses
Trois décis d'indécision

Par Pierre Thomas
Le vin suisse, et les hommes qui le font et le vendent, sont mal en point. Cette évidence, il y a des années qu'on la pressentait. La Confédération, le canton du Valais et l'interprofession vaudoise, entre autres, ont attendu la déréglementation dans l'agriculture et la perspective de l'ouverture complète des frontières, au 1er janvier 2001, pour, enfin, prendre la mesure des problèmes. Naguère, dans ce milieu cartellisé, on aurait nommé une commission. On vient de réaliser un sondage, confié à MIS – Trend SA à Lausanne.
Le diagnostic est alarmant. En vrac: les consommateurs ont une image de la production suisse dominée par les vins blancs réservés à l'apéritif; ils les trouvent en général d'un moins bon rapport qualité-prix que les vins français ou italiens; ils jugent leur habillage ringard; ils ne comprennent que dalle aux politiques de qualité (les sibyllines AOC), de surcroît à géométrie variable selon les cantons…
Les consommateurs ont, au fond, une image réaliste de ce que sont, en majorité, les vins suisses. Trop longtemps, les vignerons se sont endormis sur leurs tonneaux. Ils ont préféré aux petits rendements l'apport du sucre de betterave. Satisfaits de vendre en circuit fermé leur chasselas, ils se sont bien gardés de changer quoi que ce soit à leur produit. Sans égard pour les vins rouges, pourtant largement importés faute de production nationale suffisante en quantité et qualité, ils se sont concentrés sur les trois décis de l'apéro.
Comment, aujourd'hui, corriger un demi-siècle d'autosatisfaction? Après l'apéritif vient le plat de résistance. Les vignerons méditeront la fable de l'horloger: c'est la Swatch qui a redoré le blason du haut de gamme et de l'exportation. Mais allez donc expliquer que le chasselas à 10 ou 15 francs suisses est une affaire… Aujourd'hui, le blanc suisse typique dans cette fourchette de prix est au coeur de la tourmente. Et la viticulture n'a pas encore trouvé son Hayek. Hélas!

Paru dans dimanche.ch, le 9 janvier 2000.