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Posted on 6 juillet 2006 in Vins français

Bordeaux — La grogne à propos des primeurs 2005

Bordeaux — La grogne à propos des primeurs 2005

Bordeaux primeurs 2005
La grogne d’un Genevois
Tout le monde est d’accord : 2005 a réussi la synthèse parfaite à Bordeaux, dans les vins rouges, blancs secs et liquoreux. Encensé par la critique internationale, le millésime atteint des sommets dans les offres de vente en primeurs. Au point qu’un commerçant genevois, bien connu dans l’hôtellerie et la restauration, s’insurge.
«Depuis 22 ans, 90% de mes activités ont été axées sur la vente des vins de Bordeaux», explique Bruno Gueuning, de la Galerie des Arts du Vin, à Gland. «Il est honteux de voir les grands propriétaires bordelais se ficher des négociants, des importateurs et des marchands qui, depuis des années, ont assuré le marketing de leurs vins. Si la notoriété des plus grands châteaux est aussi forte qu’ils veulent nous le faire croire, avec une pointe d’arrogance, et qu’ils considèrent leurs vins comme un produit de luxe, qu’ils se donnent alors les moyens de vendre leurs vins selon des critères commerciaux et des créneaux de distribution digne de la commercialisation de produits de luxe.» Le Genevois sait de quoi il parle : le négoce de vin dont il est responsable appartient à la famille Scheufele, propriétaire de la manufacture de montres Chopard.
Bruno Gueuning se fait ainsi l’écho du Zurichois Alexander B. Bäggli, qui a écrit à un négociant qu’il est idiot («silly», en anglais…) d’acheter en primeurs du Château Palmer à 150 euros — soit le prix actuel des 1983 et des 1989. Le célèbre commerçant allemand Jan-Erik Paulson rappelle, de son côté, que «le principe de l’offre et de la demande est aussi valable pour le vin». La vente en primeurs, en anticipant la demande et en fixant d’emblée un seuil de prix élevé, encourage la spéculation la plus effrénée. Les premiers crus classés sont proposés entre 650 francs suisses la bouteille (Mouton-Rothschild) et 1300 CHF (Château Ausone). «C’est scandaleux ! Bordeaux se prépare à un retour de manivelle dramatique», prédit Bruno Gueuning. Autant dire qu’à ce prix, aucun restaurateur ou hôtelier n’a intérêt à acheter les crus classés de Bordeaux 2005 (3% de la production) en primeurs. (PTs)

Article paru dans Hôtel+Tourismus Revue du 6 juillet 2006.