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Posted on 2 juillet 2007 in Tendance

L’ISV à deux doigts d’imploser

L’ISV à deux doigts d’imploser

Les Valaisans partisans de la chaise vide
L’implosion menace l'ISV
Mettre sous toit tous les acteurs du vin en Suisse. Telle est l’intention qui a présidé à l’Interprofession suisse du vin (ISV). Hélas, quatre ans plus tard, elle menace d’imploser et est, pour l’instant, bloquée par les Valaisans.
Pourtant, c’est un Valaisan qui est aux commandes : livreur de raisins à Provins, puis vigneron-encaveur et désormais viticulteur pour l’encaveur Cédric Flaction, Georges Emery, de Valençon-Flanthey, à 47 ans, assume l’intérim, comme vice-président, représentant de la production. L’ISV se cherche, en effet, un président hors milieu du vin. Comme elle a l’ambition de s’assumer financièrement, en levant des fonds directement chez les producteurs et les négociants, par une «taxe sur le vin», calculée sur les litres de vins produits ou vendus. La faillite de Swiss Wine Communication, son «bras armé», l’an passé, a refroidi les ardeurs. Ensuite, les divergences n’ont fait que s’accumuler. Les Valaisans ne participent plus aux réunions. Le 20 juin 2007, lors des assises à Berne, ni l’encavage, ni la production n’étaient présents…
AOC et VDP en jeu

Si des règlements de comptes — au sens propre et figuré — plombent l’Interprofession, c’est aussi que les milieux viticoles se sont entredéchirés. Tout est parti d’un conflit sur la notion des vins de deuxième catégorie. Certains Valaisans auraient voulu exclure des cépages de la nouvelle catégorie des «vins de pays» (VDP). Ce débat rebondit aujourd’hui, avec la publication de l’ordonnance fédérale sur le vin, soumise à consultation jusqu’à début septembre. Les VDP seront du seul ressort de la Confédération. Les producteurs auront jusqu’au 30 juin pour annoncer s’ils veulent produire des VDP à hauteur de 1,8 kg par m2, soit un quart à un tiers de plus que pour les appellations d’origine contrôlées (AOC). Celles-ci restent du ressort cantonal, sur la base d’une définition fédérale.
Une autre polémique, conduite par les Valaisans jusqu’aux Chambres fédérales, a divisé les producteurs sur les intentions de Berne. Finalement, Berne a décidé de renoncer à classer la Suisse qualitativement (le Valais et le Tessin en ligue A, le pays de Vaud, Genève et Neuchâtel en B), se contentant de définir un périmètre classique (Suisse romande, allemande, italienne) en fonction des cépages dominants, pour lesquels la teneur en sucre et le rendement sont fixés dans l’ordonnance. Mais les cantons peuvent aller plus loin dans leur législation AOC.
Une décision d’ici fin août

Elu jusqu’en 2010 à la tête de la Fédération suisse des vignerons, contre l’avis des Valaisans, Georges Emery n’entend pas baisser les bras. Député socialiste au Grand Conseil, et accro de la défense professionnelle, il déplore que ses concitoyens refusent de tirer à la même corde, et même de discuter à la même table, en pratiquant la «politique de la chaise vide». D’ici fin août, tous les acteurs devraient se mettre d'accord sur l’avenir de l’IVS, sans quoi elle pourrait n'être plus qu'une coquille vide.
Le président ad intérim constate aussi qu’en quatre ans, la part du vin suisse a baissé de 41% à 37% dans la consommation indigène. Et que Swiss Wine Promotion (SWP), qui a pris le relais de Swiss Wine Communication, n’a pas utilisé toute l’enveloppe mise à disposition par Berne pour la promotion du vin suisse. Pour 2008, SWP déposera six projets pour un montant à sa charge de 525'000 francs et pour l’exportation, cinq projets pour 236'000 francs. Après approbation, l’Office fédéral de l’agriculture devrait doubler la mise. Ca ne fera jamais qu'1,5 millions de francs, alors que pour 2007, Berne était prêt à en mettre deux fois plus!

Version longue d'un article paru dans
Hôtel + Tourismus Revue, le 5 juillet 2007.