Les Valaisans en force au Grand Prix du Vin 2007
Les Valaisans jouent placés
Le magazine Vinum, co-organisateur de la manifestation avec VINEA, vient de dévoiler, dans son édition de septembre, les 66 vins sélectionnés dans 11 catégories pour le deuxième Grand Prix du Vin Suisse. Les Valaisans jouent largement placés dans toutes les catégories, sauf le Müller-Thurgau (ex-Riesling X Sylvaner) et le merlot. Si les résultats des joutes sont connus des organisateurs, les trois premiers de chaque catégorie ne seront dévoilés que le 19 octobre à Berne, lors d’une soirée de gala partagée entre le Théâtre municipal et l’Hôtel Bellevue.
La primauté des Valaisans n’est pas une surprise : organisé à Sierre par VINEA, le concours, qui a réuni 1600 vins, fin juin, avait donné lieu, au départ, à une surreprésentation des vins du Vieux-Pays, par rapport aux autres régions. Si, en 2004, le premier Grand Prix avait été organisé par les régions et avant la faillite de Swiss Wine Communication, cette fois-ci, les vins sont arrivés directement à Sierre, sans passer par des présélections régionales, sur le même modèle que le Mondial du Pinot noir, où les Valaisans sont toujours en grand nombre…
Chasselas: Vaudois à 2 contre 4
En chasselas, même si le Valais en cultive désormais moins que le Pays de Vaud, les Vaudois ne sont que deux, l’ex-gagnant de la défunte Coupe Chasselas, le Saint-Saphorin Les Blassinges, de Pierre-Luc Leyvraz, de Chexbres, et un nouveau venu, le Domaine des Marchandes de Féchy, vinifié «à façon», selon les vœux du propriétaire, par Raymond Paccot, face à quatre fendants, dont celui de Robert Taramarcaz (Domaine des Muses) et de Reynard et Varone à Savièse (Clos Mangold, vieilles vignes), tous en 2006.
Cent pour cent de Valaisans, en revanche, dans les autres monocépages blancs (hormis chasselas et riesling X sylvaner), soit cinq petites arvines 2006 (René Favre et fils, André Fontannaz, Gérald Besse, Provins et de nouveaux venus, Raymond et Christophe Rey, à Corin-sur-Sierre) contre un viognier, celui de Dominique Passaquay, de Monthey. En assemblages blancs et aromatiques, les Valaisans ne sont «que» trois (dont un seul muscat, celui de Michel Boven, classé en 2004 meilleur vigneron de Suisse). Trois Valaisans encore en rosé (Le Corail de Desfayes & Crettenand à Leytron et deux dôles blanches des fils de Charles Favre à Sion et du Nouveau Salquenen), face à deux Vaudois («Méditerranée» de Philippe Bovet et «Parfum de vigne» de Jean-Jacques Steiner, deux bons producteurs de La Côte) et un œil-de-perdrix de Jürg Saxer, vigneron thurgovien (re)connu de Nussbaumen, mais aucun neuchâtelois !
Tessinois accrochés en merlot
Toujours trois Valaisans tant dans les autres vins rouges en monocépages que dans les rouges d’assemblages. En «autres rouges», trois syrahs (dont celle de Denis Mercier 2005), un gamaret et un garanoir, tous deux de La Côte vaudoise (les jeunes frères Dutruy à Founex pour le premier, Sarraux-Dessous, à Luins, Bolle & Cie, à Morges, pour le second) et un interspécifique, le regent de Hans Schlatter à Hallau (SH).
En assemblages, trois Valaisans émergents de bonne renommée, le «Bâton Rouge» 2002 de la Cave du Vidomne, Gaillard, à St-Pierre-de-Clages, le cornalin-syrah 2005 de la Cave des Sentes, à Sierre et le «Terra Zina» 2006 de la Cave Saint-Mathieu à Chalais près de Sierre. Face à eux, deux genevois (dont le classique Bertholier, fer de lance des frères Hutin à Dardagny) et un tessinois. Tessinois du reste accrochés dans la catégorie des merlots par Fabio Penta, œnologue d’Hammel et son Domaine de Crochet, à Mont-sur-Rolle, version 2005, et le Grand Maître 2005, du Caveau de Salquenen, face à quatre tessinois, dont les deux classiques de Gialdi à Mendrisio, le Trentasei 2003 et le Biasca Premium 2005.
Pas de gamay genevois !
En gamay, aucun genevois et un unique vaudois, le 2005 de la Cave de la Charrue, à Commugny, en Terre-Sainte, à la limite genevoise donc, face à cinq Valaisans, dont ceux de Daniel Magliocco, de Michel Boven et du Nouveau Salquenen, cave qu’on retrouve dans les pinots noirs, avec le «Lucifer» 2006 et la «Réserve des Pyramides» 2005, accompagnés d’un troisième vin salquenard, le «Saint-Jean-Baptiste» 2005 de la Cave Saint-Philippe. Face à ce trio haut-valaisan, deux «meier», l’un avec i, Erich Meier, d’Uetikon, le Zurichois qui monte, et le réputé «Zwaa» 2005 du duo Michael Meyer – Ruedi Baumann. Mais aucun pinot noir des Grisons!Quatre liquoreux valaisans… seulement!
Finalement, quand on connaît la qualité des vins liquoreux du Valais, on s’étonne presque qu’il n’y en a que quatre (!) en finale suisse, dont le «Sentes nobles» 2005, de la Cave des Sentes à Sierre, déjà au plus haut niveau suisse lors du championnat de l’an passé, comme le Gewurztraminer passerillé 2005 de l’Etat de Genève, meilleur pointage du championnat suisse 2005 (avec le 2003), et un autre vin de Fabio Penta, du Clos du Châtelard sur Villeneuve, cette fois, un Gewurztraminer vendange tardive 2005. Pour compléter, un ermitage (avec 10% de malvoisie), Grains de Malice de Madeleine Gay de Provins-Valais, et deux malvoisies, la flétrie d’Yvon Cheseaux, Cave des Remparts à Saillon et, nouveau venu à ce niveau, celle de la Cave du Village à Corin.
On ne dira pas «que le meilleur gagne», puisque le sort est déjà scellé, quoique encore celé. Suspense, même artificiellement entretenu…
©Pierre Thomas