Nouveau cépage prometteur:
IRAC 2091 a un nom, Divico
Cette fois, le nom d’un cépage suisse n’a pas été «piqué» à une variété de fraises, comme, bêtement, pour le «mara», un des triplés, et donc frère du gamaret et du garanoir. Le très «guerre du Golfe» IRAC 2091 prend le nom d’un chef de guerre cher aux Helvètes, Divico. La station de recherches de Changins (Agroscope – ACW) lui attribue toutes les qualités… écologiques.
Agroscope le présente comme «le premier cépage rouge doté d’une résistance élevée au milidiou, à l’oïdium et à la pourriture grise, dont la qualité des vins se rapproche de celle du gamaret». Divico ne va pas envahir immédiatement le vignoble suisse : les pépiniéristes ne disposeront de plants standards que dès 2015 et du matériel certifié suisse sera disponible en 2017-2018. Actuellement, des parcelles sont à l’étude chez des producteurs, y compris biologiques.
Un nouveau cépage pour quel(s) goût(s) ?
Reste aussi à définir les modes de vinification les mieux adaptés aux types de vins qui en découleront, en monocépage et en assemblage. Et là, l’enjeu n’est pas facile. Car si Changins se félicite des succès du gamaret, garanoir, diolinoir, carminoir et galotta, la montée en puissance du merlot, notamment dans le canton de Vaud et en Valais, relativise ce succès : les producteurs, comme les consommateurs, se méfient naturellement de la Xème variétés, qui permet certes la diversification, mais au moment où les consommateurs aspirent plutôt à une simplification ! Bref, Divico devra encore se faire un nom sur la base des vins dégustés!
Un cépage résistant aux maladies
Mais Divico devrait changer davantage le vignoble que le gamaret, même s’il est proche du croisement gamay X reichensteiner, soit d’un raisin rouge franco-suisse avec un raisin blanc allemand. Et pour cause, puisqu’il est fils du gamaret, suisse, croisé également avec un blanc allemand, le bronner, développé à Fribourg-en-Brisgau. Les chercheurs allemands l’ont obtenu à partir de vignes sauvages américaines et asiatiques, croisées avec des européennes.
Par ces croisements naturels, Divico est très résistant au mildiou et à l’oïdium, deux «champignons» qui se sont cumulés dans le vignoble suisse en 2012, et à la pourriture grise. Les traitements phytosanitaires devraient donc se limiter à un à trois, autour de la floraison. Comme le gamaret, le Divico devrait avoir une productivité moyenne, évitant la «vendange en vert» pour réguler la récolte en été. Comme son père, il est de maturation longue à la vigne. Changins parle de vins très riches en couleurs et en tanins de bonne qualité et d’une personnalité aromatique intéressante.
Bon pour la santé ?
Plus intéressant encore, les substances permettant la résistance au mildiou sont des viniférines, dérivées du fameux resvératrol. «Ces composés possèdent des propriétés anti-oxydantes favorables à la santé humaine qui se retrouvent dans le vin», explique Changins. Toutefois, la chercheuse Katia Gindro, qui a travaillé sur ce projet de nouveau cépage, avait précisé, en février 2011, qu’il faudrait boire au moins quatre litres de vin rouge par jour pour obtenir un effet anti-cancéreux du resvératrol…
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