Millésime 2013
Les chiffres de Changins et les aléas de la météo
Où se situe, pour ce qu’on en sait à ce jour (mi-octobre 2013), alors que les vendanges ne sont pas terminées, le millésime 2013 ? Agroscope Changins-Wädenswil a publié un communiqué, dont on peut tirer les chiffres suivants, basés sur des observations entamées il y a 89 ans déjà.
Démarrage poussif, floraison aléatoire
La vigne a démarré très lentement : débourrement le 23 avril, soit 10 jours plus tard que la moyenne des années 1925 à 2013.
Après le retour du froid à mi-juin 2013, la floraison n’a commencé que le 1er juillet, alors que la moyenne 1925 – 2013 se situe au 15 juin, et au 12 juin pour les 20 dernières années. Elle n’a duré que 8 jours, ce qui est très court, observe Agroscope.
L’été a été très chaud : selon Météosuisse, c’est le 7ème été le plus chaud depuis 1864.
La maturation proprement dite du raisin a débuté le 18 août, avec un retard «que» de 5 jours sur la moyenne 1925 – 2013, mais un retard de 11 jours sur les 20 dernières années.
A ce stade, les chiffres rapprochent 2013 de 1942, 1954, 1961, 1967, 1969, 1973, 1974, 1984 et 1987 — sur ces 9 millésimes, 4 ont été jugés bons (1942, 1961, 1967, 1969).
Si la maturation a été bonne en septembre, la teneur en sucre enregistrée le 20 septembre, jalon fixe depuis 89 ans, était de 65,2 degrés Oechslé contre 68,8 pour la moyenne 1925-2013 — un quart de années ont été moins riches. Selon les observations d’Agroscope, le retard de 15 jours à la floraison, aurait été rattrapé à fin septembre.
En conclusion, «ce millésime n’est pas comparable avec d’autres très tardifs comme 1935, 1963, 1972, 1977 et 1978», avec des moûts à 55 degrés Oechslé, «et encore moins avec 1939, 1965 et 1980, dont les sondages stagnaient au-dessous de 50 degrés Oechslé».
Il semblerait qu’on a échappé à une année relativement tardive, mais surtout très abondante, le pire qui puisse arriver. Car la coulure et le millerandage, comme dans le Médoc, par exemple, ont limité «naturellement» la récolte…
A Bordeaux, le 2013 est jugé comme «compliqué» et unique dans les annales récentes : au moment des vendanges, il a été marqué par une attaque rapide et généralisée de pourriture, obligeant à vendanger en 5 jours ! La pourriture paraît relativement maîtrisée en Suisse romande, avec des cépages blancs plus résistants que les cépages rouges qui demandent, souvent, une maturation plus longue.
Ce millésime 2013 paraît, à ce jour, requérir une extrême prudence sur la qualité intrinsèque des vins qui seront tirés de la matière première aléatoire. C’est donc bien à la sortie de la cuve et de la cave qu’il faudra vraiment apprécier ce 2013, manifestement atypique !
Déjà, pour rattraper la Nature capricieuse — le viticulteur ne peut mais contre la coulure, le millerandage, et la grêle, à La Côte et à Neuchâtel! — on qualifie ce 2013 de «millésime d’œnologue».(Pierre Thomas)
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