Un brevet fédéral de sommelier… enfin!
Dès l’an prochain (2014), des cours pour l’obtention d’un brevet fédéral de sommelier, en formation continue des métiers de la gastronomie, sera accessible. Mais «quid» de ceux qui ont déjà acquis des connaissances dans le domaine du vin ? Ils pourront accèder à un examen, jusqu’à fin 2016 au plus tard, pour transformer leurs acquis passés en «brevet fédéral».
Par Pierre Thomas
Qu’il en a fallu du temps pour réunir tout le monde autour d’une table et faire valider le règlement et les directives qui vont avec ! Avec un grand sourire, le Tessinois Gianni Moresi, directeur adjoint du département cantonal de l’éducation, et président de la commission de qualité du brevet, nous le rappelait, le 6 novembre 2013, à l’Ecole de Changins, dont il est aussi le président du Conseil de fondation : une vingtaine d’années, depuis les premières négociations jusqu’à la validation par le Secrétariat d’Etat national à la formation (SEFRI). Au passage, l’ex-conseiller national vaudois Josef Zisyadis était intervenu sous la Coupole en juin 2010 pour débloquer le dossier : il avait convaincu ses collègues parlementaires contre l’avis du Conseil fédéral.
Aujourd’hui, les documents sont sous toit et placent l’Association suisse des sommeliers professionnels et Hotel & Gastro formation devant leurs responsabilités. Un cycle de cours sur 260 périodes, principalement le lundi, pendant six mois, permettra, dès l’année prochaine, de se présenter à un examen pour décrocher le précieux brevet. Il en coûtera 7’000 francs, mais les prétendants pourront avoir recours à des aides cantonales (Vaud, par le biais d’un fond à la formation professionnelle peut aller jusqu’à 3’500 fr.) et au syndicat Hotel & Gastro Union, pour ses membres (1’000 fr.). La première année, une vingtaine de candidats, pour l’ensemble de la Suisse, sont attendus. Ils doivent être titulaire d’un CFC ou d’un certificat équivalent et justifier d’une activité professionnelle d’au moins trois ans dans le domaine de la restauration, de la production ou de la vente de vin.
Les cours se donneront à l’Ecole du vin à Changins, à la Sommelier Fachschule de Bruno-Thomas Eltschinger, à Zurich, et à l’Ecole cantonale des métiers du tourisme et de l’hôtellerie, à Bellinzone, dans les trois langues nationales. L’Ecole hôtelière de Genève est également partenaire pour les cours. Les cours porteront sur la viticulture, la vinification, l’œnologie, mais aussi la connaissance des vins du monde, et enfin, le service, le conseil, et les accords mets et vins. A terme, ces connaissances devraient être reconnues et mises en valeur par la convention collective nationale de travail (CCT), comme le sont les autres brevets (chef de cuisine, maître d’hôtel, économie domestique), de sorte que «tous les brevets soient au même niveau», selon Gianni Moresi.
Jusqu’ici, le Tessin était le seul à attribuer un diplôme cantonal de sommelier (56 titulaires), alors que l’Ecole du vin de Changins axait aussi deux formations sur la sommellerie. En l’absence d’une reconnaissance officielle, sauf au Tessin, d’autres formations ont vu le jour… D’ici le 31 décembre 2016, ces candidats, pour autant que leur dossier soit retenu par la commission d’examen, pourront se présenter à un examen allégé. La première session devrait être organisée début 2014, avant le commencement des cours proprement dits.
Couronné meilleur sommelier du monde 2013 à Tokyo, le Suisse Paolo Basso, qui enseigne depuis dix ans à l’Ecole du vin de Changins, s’est exclamé : «Cette formation enfin reconnue comble une lacune dans le pays de César Rytz, le père de l’hôtellerie moderne !»
Paru dans Hôtellerie et Gastronomie Hebdo du 28.11.2013.