Etoiles du Valais 2014
Une hiérarchie largement confirmée
Pour la neuvième fois, un jury «ad hoc» a désigné les meilleurs vins valaisans. La remise de ces «étoiles du Valais» a eu lieu à Zurich, début décembre. Hormis l’opération de relations publiques en Suisse alémanique, les «étoiles» tracent la «voie lactée» des producteurs les plus en vue de l’année… passée.
Par Pierre Thomas
Cette compétition se justifie parce que le Valais, a maintenu deux sessions de sélection cantonale, au printemps et en automne (au contraire de Vaud, Genève et Neuchâtel, qui muera en principe en sélection de la région des Trois-Lacs dès 2015, et qui ne connaissent qu’une session au printemps). Ainsi, les Valaisans ne redessinent pas la hiérarchie, mais confrontent, après la session d’automne, les vins ayant obtenu le meilleur pointage des deux dégustations. Cet argument de la non-remise en cause d’une seule dégustation a été opposé, jusqu’ici, par les organisateurs du Grand Prix du Vin Suisse, à toute «finale» entre les «nominés», désignés en juin, mais «proclamés» seulement en octobre. Un peu comme si le palmarès du Festival de Cannes était divulgué quatre mois après les projections de compétition !
Une seule «étoile» par catégorie
Les «étoiles» de l’Interprofession de la vigne et du vin du Valais (IVVS) ont pour elle la cohérence. Huit sortes de vins emblématiques du Vieux-Pays peuvent concourir à ce plus haut niveau. Les assemblages blancs et rouges et les cépages «internationaux» sont exclus, y compris le gamay, le pinot noir et le chardonnay. Seul le vainqueur est récompensé, mais la brochure qui accompagne un coffret (épuisé déjà le 12 décembre !) rassemblant les huit meilleurs vins, cite les finalistes de chaque catégorie.
A ce plus haut niveau, il y a davantage de confirmations que de révélations. Et les surprises sont rares. Cette année, on citera la Cave Rémy Cina, à Salgesch, qui remporte le trophée du cornalin, avec le Marc-André 2013, face notamment au Domaine du Grand-Brûlé, de l’Etat du Valais, Romain Papilloud, du Vieux-Moulin, à Vétroz, ou la Cuvée des Empereurs de la Cave La Romaine, à Flanthey. Celle-ci et son producteur, Joël Briguet, s’impose avec son johannisberg 2013, devant, par exemple, le sylvaner de la Cave Ardévaz, de la famille Boven — grande malchanceuse de ces «étoiles», avec quatre nominés parmi les vins les plus populaires du Valais, soit en johannis’, païen, fendant et dôle, mais aucun titre suprême !
Des vainqueurs à contre-emploi
Autre contre-emploi, qui montre qu’un bon vigneron réussit souvent toute sa gamme, André Fontannaz, de la Cave de la Madeleine, victorieux avec sa petite arvine de Vétroz 2013, dans une catégorie particulièrement revêtue, avec Gilbert Devayes, de Leytron, qui, chaque année, réussit un archétype de petite arvine sèche, la (nouvelle) Cave de la Renaissance, la Régence Balavaud ou Charles Bonvin 1858.
On aurait pu imaginer André Fontannaz couronné pour sa magnifique syrah en barriques 2012, qualifiée dans sa catégorie, où l’on retrouve Gilbert Devayes, mais aussi Diego Mathier et Philippe Constantin, tous deux de Salgesch, la Cave Corbassière, de Saillon et la Cave des Rois, des Grognuz père et fils, pour leurs syrah des Evouettes, dont le seul tort est de ne pas disposer de suffisamment de bouteilles pour figurer dans le coffret des vainqueurs… Finalement, c’est la Syrah de Crêta-Plan 2013, des Domaines Rouvinez, à Sierre, qui a été déclarée vainqueur.
Autre «grande maison» couronnée, Robert Gilliard SA, pour son heida 2013, signé de l’œnologue Hans-Ueli Pfenninger, qui a su redonner du lustre aux vins du négoce sédunois. Ce dernier était aussi en lice avec sa Dôle des Monts 2013, dans la catégorie remportée par les frères Jörg et Damian Seewer, de la Leukersonne Keller, à Susten, des vinificateurs moult fois récompensés, devant le vainqueur de l’an passé, la Cave des Chevaliers, à Salquenen.
En humagne rouge, malgré Véronyc Mettaz, de Fully, ou Philippe Darioli, de Martigny, entre autres, le titre n’a pas échappé à Leytron, autoproclamée capitale des humagnes, avec la 2013 des frères Freddy, André et Roger Philippoz. Cette fratrie est réputée pour son fendant Les Chênes… effectivement qualifié dans sa catégorie, avec, notamment, le Vétroz Balavaud Grand Cru 2013, de Jean-René Germanier, mais c’est les Fesses d’Anges 2013 qui ont souri à Noël Thétaz et fils, de la Cave Mandolé, à Saillon.
Uniquement pour le «label marque Valais»?
Dans l’ébauche du scénario du projet Viti 2020, présenté il y a quelques semaines, la finale annuelle des «étoiles» devrait être réservées à l’avenir aux vins qui, préalablement, auraient obtenu un nouveau «label marque Valais», au cahier des charges plus pointu que l’AOC. L’objectif est que la moitié des vins valaisans obtiennent ce label, qui implique la mise en bouteille en Valais. De fait, tous les vainqueurs 2014 ont mis sous verre leurs vins dans la région de production, une exigence que l’Union européenne devrait faire sienne pour les AOC ces prochaines années.
Paru dans Hôtellerie et Gastronomie Hebdo du 8 janvier 2015.