MCR et contrôle des vignes
Vaud s’aligne sur le Valais
Ajouter du «moût concentré rectifié» (MCR) pour arrondir les vins à la mise en bouteille est désormais proscrit pour les vins AOC vaudois. Le règlement cantonal sur les vins a été modifié dans ce sens. Le Valais avait déjà réagi dans la même direction il y a une année, en été 2014. Autre mesure inspirée des Valaisans : les vignes pourraient être inspectées en été, pour vérifier la charge et le respect des quotas, avant les vendanges. Un essai sur une quarantaine de parcelles est en cours.
Voilà deux mesures qui pourraient être contenues dans un cadre légal fédéral concernant l’ensemble des AOC, dont on rappelle, au passage, qu’elles représentent moins de 15’000 ha de vignes, comme l’Alsace donc, mais non pas avec 6 cépages autorisés, mais près de 60 en Suisse ! Jusqu’ici, fédéralisme oblige, les AOC sont du ressort cantonal, et chaque canton applique les mesures qu’il décide à sa guise. Ce qui est piquant dans l’affaire du MCR, c’est que, par conformité au droit européen, cet adjuvant est autorisé par l’ordonnance fédérale sur les boissons alcooliques (OBA) dès le 1er janvier 2014. Mais les cantons peuvent être plus sévères. Le Valais, en été 2014, s’était prévalu d’être le seul à avoir interdit le MCR dans ses vins AOC. Les Vaudois ont donc suivi… Intérêts économiques obligent, en Valais, comme dans le canton de Vaud, de grandes caves se sont opposées aux vignerons-encaveurs. Dans l’Union Européenne, chaque AOP peut aussi adopter des restrictions à la règle générale (comme pour l’encépagement, les quantités, le plafond de classement, l’obligation de mettre en bouteille dans la zone de production, etc.)
Des contrôles? Pas la bonne année pour !
Berne pourrait, aussi, obliger les cantons par des «conditions cadres» de l’AOC, à faire procéder à des contrôles «préventifs» dans les vignes. La «peur du gendarme» obligerait les vignerons à respecter les quotas. Dans le canton de Vaud, les quotas, de surcroît fixés région par région (puisque l’AOC est régionale et non cantonale comme en Valais), quand on lit le rapport officiel des vendanges, n’ont pas fait «carton plein» depuis plusieurs millésimes. Mais il peut y avoir des dépassements de cas en cas, comme dans celui dénoncé par l’ancien chimiste cantonal, d’un viticulteur de La Côte qui avait livré ses excédents de vendange à un encaveur.
Avec ironie, on constatera que l’essai de 2015 ne tombe pas sur la «bonne» année: il devrait démontrer que de tels contrôles sont inutiles. A la fin août, les baies sont minuscules, comme en 2003, l’année de la canicule. Si les peaux de raisin sont épaisses et ne «lâchent» pas, ces petits raisins, gages de bons vins, devraient tenir, malgré des pluies plus ou moins abondantes d’ici les vendanges, qui devraient intervenir comme en 2009 ou 2011.
On sait aussi que le chasselas (67% de la vendange vaudoise en 2014) a de gros grains, qui gonflent facilement avec la pluie. En Languedoc, la polémique fait rage sur la quantité qui sera réellement récoltée, après des orages et des pluis abondantes ces derniers jours. Dame Nature cultive un malin plaisir à compliquer la tâche aux Hommes, fussent-ils de bonne volonté…
©thomasvino.ch