Une première au Nord des Alpes
La flavescence dorée sur la Riviera
C’est une première dont le vignoble vaudois se serait bien passé : la flavescence dorée s’est manifestée pour la première fois au nord des Alpes récemment par deux foyers à Blonay et à La Tour-de-Peilz. Le fléau amène des moyens de lutte qui rappellent ceux contre le phylloxéra, qui obligea à replanter le vignoble européen au début du 20ème siècle. La flavescence dorée est déjà présente en Bourgogne, mais pas dans le Jura français.
Par Pierre Thomas
Le vecteur de cette maladie «mortelle» de la vigne est un insecte, la cicadelle, qui transporte une bactérie. La présence de la cicadelle a été constatée en 1967 déjà au Tessin, mais la flavescence dorée ne s’est déclarée qu’en 2004. La cicadelle est attestée dans le vignoble romand depuis 1996 à Genève, 2007 à Lavaux et 2013 en Valais.
Les viticulteurs ont l’obligation de s’annoncer auprès des autorités quand ils contatent la présence de la maladie, qui doit être confirmée par un diagnostic moléculaire, pour la différencier de la maladie du bois noir, aux mêmes symptômes. Présente dans la plante, la bactérie ne peut pas être éliminée, sinon par arrachage du cep, sur l’ensemble de la parcelle touchée.
Le constat d’un nombre important de foyers dans une région donnée peut conduire à une obligation de traiter les vignes systématiquement contre la cicadelle avec des insecticides (il en existe des bios). Comme pour le feu bactérien, la résistance devrait s’organiser. Certains fonds publics devraient permettre d’indemniser les viticulteurs atteints par ce fléau. Car il s’agit, après arrachage des plants malades, de replanter : une opération coûteuse et de longue haleine.
Indemnités pour un produit chimique inadéquat
En 2015, une partie du vignoble romand, et vaudois, a souffert de l’application d’un produit chimique vendu par la maison allemande Bayer, le fluopyram utilisé contre la pourriture grise l’année précédente (2014). Au début du cycle de croissance, les grappes ont été victimes d’avortement. Au-delà de l’implication de la matière active incriminée, «nous n’avons pas d’explication précise», admet Olivier Viret, d’Agroscope-Changins. Les investigations continuent. Et un des deux produits impliqués, qui avaient été dûment homologués, est encore sur le marché.
Les fédérations de vignerons (vaudoise et suisse) ont présenté des demandes d’indemnisation auprès du fabricant. Celui-ci propose une indemnisation «à bien plaire». Une rencontre au sommet, début novembre 2015, entre vignerons suisses et représentants de Bayer a montré que la perte en chiffre d’affaires devrait être compenseés. Le dédommagement se fera entreprise par entreprise, sur un délai de deux ans, après acceptation par le producteur d’une offre du fabricant.
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