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Posted on 30 août 2016 in Actus - News

2016, année tardive et du mildiou

2016, année tardive et du mildiou

Avant la mouche D. susukii, attendue avec anxiété en Valais et dans le reste de la Suisse romande, après son raid sur les abricotiers, et qui se nourrit des premiers raisins gorgés de sucre (en première ligne, garanoir, mara, dornfelder, dunkelfelder, cabernet Jura et dorsa), le vignoble romand, Lavaux et Chablais vaudois en tête, a subi, cet été, une pression terrible du mildiou. Et de la grêle, début septembre, à Bex (VD) notamment et sur les hauts de Sierre (VS).

Mildiou sur une vigne traitée en bio à Lutry.

Mildiou (grappe desséchée, feuille brune) sur une vigne traitée en bio à Lutry.

Il faudrait, à Lavaux, remonter de 65 ans, en 1951, pour voir un tel fléau s’abattre sur le vignoble. On avait certes vu une attaque d’oïdium en 1998, puis un avant-goût d’une redoutable combinaison oïdium-mildiou en 2013, mais le mildiou seul s’est invité durant tout l’été. Il a frappé avant tout les vignes de chasselas, au mauvais moment, juste après la floraison. Non seulement les feuilles deviennent brunes et se nécrosent, mais, sur la grappe, le mildiou la dessèche et une partie des baies n’ont pas grossi ou brunissent .

Certaines vignes sont frappées à 100%, d’autres à 50% ou 40%. La situation paraît dépendre du cépages, le chasselas y étant très sensible, de l’exposition, dans des secteurs humides, et de la vigilance dans les traitements : il fallait pouvoir agir le jour J pour contre-carrer les effets du champignon. Des vignerons accusent aussi l’inefficacité des traitements en production intégrée (PI), alors qu’en bio, l’utilisation plus large du cuivre, limité à 20 kg/hectare sur 5 ans et 6 kg/ha/an, est efficace. Les derniers traitements à base de cuivre peuvent se faire au 31 août.

Sur le raisin, avec des grappes rabougries, mais où les baies saines mûrissent toutefois normalement, le mildiou se paie cash par une diminution significative de la récolte et une obligation de trier à la vendange. Au contraire de l’oïdium, dont l’effet se répercute d’une année à l’autre, le mildiou ne devrait pas engendrer des dégâts ultérieurs dus à cette poussée de 2016. A noter que la vigne, en 2016, semble se calquer sur 2014, l’année la plus tardive de ce début de millénaire. Certains, comme Louis-Philippe Bovard, mémoire vivante de Lavaux, parlent d’un millésime aussi tardif que 1995 et 1988 — qui, si ma mémoire n’est pas défaillante, furent plutôt de bonne qualité générale. Soit des vendanges dans la 1ère quinzaine d’octobre, sauf pour les pinots noirs en Valais, à fin septembre.

L’état de la vigne est très hétérogène, notamment en Pays de Vaud. Le pinot noir a souffert d’une véraison mitigée. Au 12 septembre 2016, selon le magazine Agri, la maturité du raisin est très diverse: le Valais affichait 68,7 degrés Oechslés pour le chasselas, 84 pour le pinot, Genève, 62,6 respectivement 80,3 (82 pour le gamaret), Neuchâtel 60,7 et 76,2, et Vaud est derrière, avec des moyennes inférieures à 58,6 pour le chasselas (dont le poids des baies frise les 3 grammes) et 74,6 pour le pinot (poids des baies à 1,47 g.).

©thomasvino.ch