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Posted on 11 février 2017 in Non classé

La disparition d’un pionnier, Gérard Colin

La disparition d’un pionnier, Gérard Colin

Il était écrit quelque part, en mandarin sans doute, que nous ne nous rencontrerions jamais en Suisse… L’œnologue Gérard Colin est mort d’une crise cardiaque le 8 février 2017 lors de son retour annuel en France. Il devait séjourner au Domaine du Burignon appartenant à la Ville de Lausanne, quelques jours plus tard. Et la triste nouvelle nous est parvenue à Florence…
J’avais rencontré Gérard Colin il y a une dizaine d’années. Président de jury au Concours de Shanghai organisé par le Concours mondial de Bruxelles, j’avais essayé de me rancarder sur les vins chinois. Déjà, Gérard était un incontournable. Et à l’escale de Bangkok, moi qui me réjouissais par avance de faire son portrait, j’étais tombé sur un news magazine, édition asiatique, qui avait fait de lui sa photo de une, suivie d’une grande interview.


Sur place, on s’était liés d’amitié et j’avais dégusté en petit comité ses premiers vins de Grace Vineyards. C’est lui qui a mis ce domaine, toujours au sommet, sur orbite. Puis, lors d’un voyage mémorable avec Gérald Béroud et la Société Suisse-Chine sur la Route de la Soie qui est aussi celle du vin, je n’avais pu l’atteindre et j’avais perdu sa trace. A Urumqi, on avait enfin réussi: coup de chance incroyable, il vinifiait à Tulufan, où notre groupe passa une formidable soirée en sa compagnie.

Ensuite, il y a deux ans, je suis allé le trouver à Talia (les deux photos) dans le Shandong, où nous avons longuement parlé des mérites comparés de cette région, où il avait aménagé ex nihilo le domaine de Lafite-Rothschild, et du Ningxia, où nous avions été tous les deux, à deux ans d’intervalle, jurés dans le concours de cette région qui revendique d’être la meilleure de Chine pour des vins de domaines, à la frontière de la Mongolie.

On avait parlé de vinification sans soufre, de cépages résistants aux maladies de la vigne, comme le Divico suisse. Selon Gérard Colin, ce cépage rouge pourrait avoir un grand avenir en Chine, comme le marselan, planté assez largement.

A 60 ans passé, cet aventurier hors du commun, né à Madagascar, alors colonie française, en mettant le cap sur la Chine, avait changé sa vie, mais aussi la face du vin…

On est plus riche de l’avoir connu. Merci Gérard!
Pierre Thomas, 11.02.17