Vins : Lucerne aura son concours !
Le canton de Lucerne lance son concours pour désigner le meilleur vin, dans six catégories, du vin mousseux au rouge en barrique. Proclamation des résultats le 5 novembre 2018, annonce la chancellerie du canton.
En 15 ans, la surface viticole du canton de Lucerne a doublé. L’apport au niveau suisse (un peu moins de 15’000 ha) reste anecdotique : de 15 à 30 ha ! Mais 40 producteurs cultivent 50 cépages différents (23% en pinot noir, 15% en Müller Thurgau et 25% en cépages résistants (PIWI) et proposent 300 vins. Pour la première fois, cette année, le nombre de bouteilles mises sur le marché devrait dépasser les 400’000 flacons. La plus grande des quatre régions viticoles est le Seetal (38%), devant les rives du lac des Quatre-Cantons (34%), celles du lac de Sempach (16%) et le Wiggertal (12%). Les vins lucernois ont droit à une AOC depuis 2005.
L’évolution du vignoble est due principalement au réchauffement climatique, qui a pris un méchant coup de froid avec le gel de printemps d’avril 2017, comme tout le reste de l’Europe, du jamais vu depuis 30 ans. Ce qui n’a pas empêché le président du Gouvernement en 2018, Robert Küng, de lancer le concours du meilleur vin de l’année ! Les producteurs ont jusqu’au 30 août pour s’inscrire, à condition d’avoir produit 1’000 bouteilles de chaque vin et d’en avoir au moins 24 (!) en cave au moment de la proclamation des prix, début novembre.
Coincidence, ma dernière rubrique dans le magazine encore ! (juin 2018) concernait précisément un vin lucernois, membre de la Mémoire des vins suisses depuis 2013, le Pinot Noir B Rosenau de Toni Ottiger, qui cultive 7 ha de vignes, produit 50’000 bouteilles et élabore aussi des vins «à façon» pour de petits viticulteurs.
Bonne bouche
Capsule universelle
Le vigneron lucernois Toni Ottiger n’a pas froid aux yeux. «Le meilleur de mes vins rouges, je le bouche avec une capsule à vis», dit-il effrontément. «C’est mon vin aux 5 B : Blauburgunder, soit le mot allemand pour pinot noir ; Block, soit une parcelle précise, orientée plein sud, entre le Pilate et le lac des Quatre Cantons ; Barrique, soit un élevage de 17 mois en fûts de chêne ; Besondere, soit «singulier» ; et, surtout, B comme Burki.» Raphael Burki, qui a étudié à Geisenheim, en Allemagne, se partage entre l’ancien et le Nouveau Monde. Le quadragénaire est, en effet, l’œnologue de Toni Ottiger et le «winemaker» d’un domaine de Nouvelle-Zélande, où il a planté, pour lui-même, un peu plus d’un hectare de chardonnay et de pinot noir. Son premier vin, le 2016, il l’a bouché «à vis», comme c’est l’usage dans le Nouveau Monde. Et Ottiger, dans la foulée, a suivi…
Dégustés en parallèle, les deux pinots, vendus au même prix (Ottiger importe en Suisse la moitié de la récole de Lime Hill) sont différents : une belle fraîcheur de petits fruits rouges pour l’helvète, issu du clone Mariafeld, un peu plus de puissance pour le néo-zélandais, sur de subtiles notes fumées d’élevage pour les deux. Le B, est, pour l’instant, partiellement éraflé, ce qui lui confère un peu de rusticité. «J’ai aussi opté pour la capsule à vis afin d’adapter ma vinification», explique l’audacieux Lucernois. Car si la Suisse a choisi il y a trente ans «la vis» pour conserver la fraîcheur des chasselas, peu de producteurs ont osé miser sur ce système pour du vin rouge haut de gamme, destiné à se bonifier avec l’âge. Voilà un joli défi de «suivi aval de la qualité» pour la Mémoire des vins suisses (www.mdvs.ch), où un panel de dégustateurs apprécie dans le temps 55 crus du pays, et dont le pinot noir lucernois fait partie depuis 2013.
Les étiquettes Pinot noir «B» 2016 – Lime Hill 2016
Le prix 45 fr. (l’un et l’autre)
L’adresse www.weinbauottiger.ch
©thomasvino.ch