Une leçon de choses
Sil y a un bouquin à lire cet été, c’est bien «Pourquoi boit-on du vin?», paru chez le très sérieux éditeur français Dunod, du professeur Fabrizio Bucella, collaborateur de l’édition française du Huffington Post, sommelier et directeur de l’école Inter Wine & Dine. Ce Belge, croisé sur les routes de France, est un adepte du Morat-Fribourg: il a de la famille dans la ville d’arrivée de la course à pied, qu’il pratique assidument…
D’une plume alerte, le professeur bouscule les codes et révèle par exemple que l’excellent Paolo Basso, quand il fut sacré meilleur sommelier du monde à Tokyo, n’aurait pas remporté le concours Jean-Louis vaudois (c’est une image!). Fabrizio Bucella démonte aussi l’interprétation des résultats du fameux Jugement de Paris, qui a permis aux vins américains de surgir dans un environnement dominé par Bordeaux.
Ou encore, il rassure sur les capacités de tout un chacun à être un as de la dégustation. Citant à la barre l’œnoparfumeur vaudois Richard Pfister, il affirme qu’en matière de dégustation, «l’expert se distingue du novice par son bagage théorique. (…) L’expert n’est pas plus sensible à toutes les molécules odorantes qui peuvent apparaître dans le vin qu’un autre dégustateur, mais il utilise mieux le contexte.»
Et puis, rebondissant sur l’actualité et les repas dispendieux du ministre français de l’écologie, le Vert François de Rugy (champion de la moralisation pris la main dans le sac!)qui agite le microcosme élyséen, il vient de signer une chronique étincelante sur le site du Huffington Post: à lire de toute urgence, pour faire le tri entre le snobisme à s’obstiner à manger du homard et à boire du bordeaux. Un prolongement de son chapitre sur le «flagrant délit de signes extérieurs de richesse, où l’on voit comment l’image de marque d’un vin est conditionnée par l’architecture de ses chais, qui en est une magnifique vitrine.» En prime, voici l’illustration de la nouvelle boutique du Château d’Yquem, plantée en pleine nature de Sauternes, ouverte au début de l’année… Rappel: les consignes de sécurité ne permettent pas de ramener sur un vol (d’EasyJet, de préférence…) un flacon du plus prestigieux vin liquoreux du monde, propriété du groupe LVMH…
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