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Posted on 9 mars 2020 in Tendance

Vin nature  — Une définition en France et bientôt en Suisse ?

Vin nature — Une définition en France et bientôt en Suisse ?

Symbole de liberté, mais interdite comme terme de commercialisation en France, la notion de «vin nature» sera désormais «cadrée» par une charte d’engagement et un label. Les vignerons suisses sont appelés à discuter d’un principe équivalent cette semaine.

Le «vin nature» ! Toute une poésie de liberté* dans le verre. Tout un esprit. «Pour que cet esprit perdure, il était nécessaire de pouvoir établir une différence nette entre ceux qui utilisent la rhétorique naturelle uniquement pour faire de la plus-value et les gens sincères et passionnés» a dit le vigneron de Loire-Atlantique Jacques Carroget, relayé par plusieurs sites Internet, la semaine passée, tout début mars.

Selon ceux-ci, la «charte d’engagement» pour un label «vin méthode nature» a été approuvée par la Répression des fraudes françaises et par l’INAO, rebaptisé «institut national de l’origine et de la qualité» (qui toutefois n’en dit mot sur son site officiel…).

Jacques Carroget préside le syndicat de défense des vins Nature’l, qui réunit 250 personnes, producteurs de vins, marchands et consommateurs. La charte (projet ci-contre) exige comme matière première du raisin cultivé en bio, la vendange manuelle, aucun intrant ni intrusion technologique, et, en principe, pas de sulfite. Toutefois, une catégorie tolèrera des sulfites à hauteur de 30 mg/l au maximum, précisés sur l’étiquette. Des contrôles aléatoires, par tirage au sort, permettront de vérifier que trois domaines par an respectent tous les points de ce cahier des charges. Cette année, une centaine de cuvées françaises devraient être habilitées à arborer le nouveau label.

L’illusion du sans label…

Comme pour le bio, l’existence d’un label permet au consommateur de vérifier que le produit correspond à des critères précis (en Suisse, on peut vérifier sur easy-cert.ch quel vin de quel domaine respecte l’un des trois labels reconnus, bio fédéral, bio bourgeon et demeter).

Mais un label permet surtout aux producteurs respectueux d’un cahier des charges de se prévaloir de le respecter et, par conséquent, de séparer le bon grain de l’ivraie…

Les vignerons bios suisses y songent eux aussi : ils sont appelés à en débattre en séance plénière, cette semaine (12 mars 2020). On les voit mal aller en-deça des exigences du label français : zéro intrant, pas ou peu de technologie. Reste à savoir quelle quantité de soufre (SO2) pourra être ajoutée…

* Par les temps qui courent, les mots de Paul Eluard gardent tout leur sens :

Sur la santé revenue,
Sur le risque disparu
Sur l’espoir sans souvenir
J’écris ton nom

Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer : liberté

(Illustration: Juan Gris, La fenêtre ouverte, 1921)

©thomasvino.ch