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Posted on 13 septembre 2020 in Tendance

Concours Mondial de Bruxelles 2020 : les Suisses ont joué le jeu

Concours Mondial de Bruxelles 2020 : les Suisses ont joué le jeu

Avec 251 vins soumis, les Suisses ont joué le jeu, ce début septembre, à Brno, en Moravie du Sud tchèque, après avoir organisé pour la première fois la compétition à Aigle, en mai 2019. Et ils ont décroché deux médailles «grand or», pour deux rouges, dont la «révélation suisse», Il Querceto 2016, pur merlot haut de gamme de Terreni alla Maggia, et médaille d’or au Mondial du Merlot, surtout suisse et tessinois, qui se tenait en même temps à Sierre.

Par Pierre Thomas

Plus de 250 vins, c’est certes plus de deux fois moins qu’à Aigle en 2019 (598 vins), mais presque deux fois plus qu’en 2018 (166 vins), en 2017 (139 vins) et en 2016 (123 vins). Le nombre de médailles (grand or, or et argent) est presque proportionnel à la participation: 76 en 2020, 172 en 2019, 49 en 2018, 42 en 2017 et 30 en 2016. Depuis 2008, la Suisse a décroché 28 médailles grand or, 20 pour des vins valaisans, 6 pour des vaudois, 1 neuchâtelois et 1 tessinois. Et pour 15 blancs, 7 rouges et 6 liquoreux, très en vogue il y a dix ans (l’amigne Mitis 2004 avait été sacrée meilleur vin surmaturé du concours en 2008), et 14 blancs, dont 6 arvines et 2 chasselas (Petit Vignoble 2015, de Badoux, en 2018 et Jean-Daniel Coeytaux, Villars-sous-Yens, 2018 en 2019).

C’est donc la première fois qu’un merlot tessinois obtient du «grand or». Il Querceto compte parmi les vins tessinois les plus souvent primés, par exemple au Grand Prix du Vin Suisse (où, cette année, il n’y a aucun tessinois nominé en merlot !). Il coûte 39 fr., soit un peu moins de la moitié de l’assemblage du Château Constellation à Sion, dont l’étiquette 2016 est signée Willy Richard, fait de merlot (50%), cabernet sauvignon (30%) et syrah (20%), élevé en barriques et vendu au prix de 82 fr. L’édition précédente, 2015 (merlot, 60%, cabernet franc 40%), à l’étiquette signée Sergio Marfil, obtient une des 29 médailles d’or suisses, où les assemblages rouges ont particulièrement brillé (9 ors). Ainsi, les valaisans, le 1858 des deux millésimes 2017 et de 2018 de la maison Bonvin, auxquels s’ajoutent les deux vins de prestige de sa maison mère, Rouvinez, avec le Tourmentin 2018 et le Cœur de Domaines 2018, complété par le Strictu Sensu 2015, de Varone.

Les Vaudois, principalement les «fidèles» du Chablais, placent aussi le Rubis noir 2018 des Vignerons d’Ollon, le Léman Noir Dark Line 2015, longuement élevé en barriques par Philippe Bovet, qui s’installe au sommet avec son merlot 2015 de la même ligne. La Cave de Jolimont (groupe Schenk) voit son Dolce Vita2019 en or — «vin de pays suisse», gamaret, garanoir et gamay lémaniques, qui bat à lui seul en brèche le système des AOC ! —, Bolle (idem), sa Cuvée Unique 2018, et Testuz/Obrist (idem), son diolinoir Les Oenocrates 2018, tandis que les Artisans Vignerons d’Yvorne décrochent l’or pour deux pinots noirs, le Feu d’Amour 2018 et le Label Vigne d’Or en fût de chêne 2018 également.

Outre celui de Bovet, deux merlots valaisans, Les Ormoz 2019 de Jean-Louis Mathieu et Collection F 2017 des Fils de Charles Favre, font pièce, en or, au Ungulus Riserva 2016 du Castello di Cantone, au Tessin, alors que deux autres rouges valaisans complètent le palmarès, le cabernet franc Fernand Cina 2018, de la cave homonyme de Salquenen, et le (seul) cornalin Boléro 2016, qui porte le nom de sa cave à Savièse.

Une minorité de blancs en or

Pas de liquoreux au pinacle, cette année, mais deux blancs structurés, l’assemblage 1858 de 2017, de Charles Bonvin, et l’ermitage 2018, élevé en fût de chêne, de Jean-Louis Mathieu, à Chalais. Trois chasselas et trois petites arvines décrochent l’or aussi : l’Aigle Les Murailles 2018, marque premium de Badoux, et deux vins de la Commune d’Aigle, la Réserve de la Commune 2018 et le Clos Maijoz, 1er Grand Cru, 2018, pour les chasselas, Lux Vina 2018, du Domaine Chevaliers à Salquenen, Aphrodite 2018, du Domaine du Mont-d’Or, et la Réserve des Administrateurs 2019 de la Cave St-Pierre, ces deux dernières enseignes du groupe Schenk.

Ainsi, la Suisse peut-elle donner, à la lumière de ce palmarès 2020, l’image d’une viticulture qui sait produire d’excellents vins rouges, alors qu’elle garde l’empreinte, dans l’esprit de maints dégustateurs, d’un pays à vin blanc, où, toutefois, le chasselas et la petite arvine la profilent de manière originale.

Résultats complets sur le site du Concours Mondial de Bruxelles.

Des «mondiaux» en fait très helvétiques

Quant aux deux concours de Sierre, organisés l’un après l’autre par Vinéa en ce début septembre (au lieu du pintemps et de l’été), ils n’ont, au niveau des médailles grand or, couronné que des vins suisses. Il faut dire que 75% des vins du «Mondial du Merlot et assemblages» (511 vins, un record, dont 378 suisses — 227 tessinois, 67 valaisans, 45 vaudois) et 80% du «Mondial des Pinots» venaient de Suisse. On retrouve deux vins tessinois en «grand or» des merlots, le Saetta 2017 de Cantine Ghidossi, et le Ronco 2013, pour le domaine cantonal de Mezzana. Avec son merlot Confidentiel 2018, le Vaudois Benjamin Morel, du Château de Valeyres (VD), complète ce trio au sommet, confirmant le grand potentiel en vins rouges des Côtes-de-l’Orbe. Suivent 67 médailles d’or, 27 pour les vins tessinois, 10 valaisans et 8 vaudois.

Pour les pinots, (1132 vins de 25 pays, mais une majorité de suisses), ils sont six en «grand or», tous suisses, mais de six cantons, et uniquement pour des vins rouges tranquilles : en 2018, le jeune Vaudois, Florian Favre, qui est l’œnologue cantonal genevois, avec le Grand-Vy d’Ollon 2018, du Domaine (familial) des Afforêts, un Bernois d’Erlach, Erlacher Manuelwy 2018 de Hasenlauf, un valaisan, du Domaine Chevaliersà Salquenen (œnologue, Christian Gfeller, déjà mentionné pour sa petite arvine au CMB !), puis, pour un 2017, un Neuchâtelois, le Secret de la Chapelle, du Prieuré de Cormondrèche, et deux 2015 alémaniques, qui portent bien leur nom, l’Argovien Primus de Heuberg à Bözen, et le Schaffhousois Der Andere, de Wunderstaa, à Hallau, premier millésime d’une cave fondée en 2016… Suivent 98 médailles d’or, 26 valaisannes, 13 vaudoises, 11 allemandes, 9 neuchâteloises, 4 françaises. Et 15 rosés, 11 pinots gris, 6 pinots blancs, 2 mousseux et un seul assemblage décrochent l’or.

Pour les deux concours, une remise officielle des prix aura lieu le vendredi 11 décembre à l’Hôtel Mont-Cervin de Zermatt, qui dévoilera les vainqueurs de la catégorie «reine» mais mal mise en valeur jusqu’ici, dite «Gran Maestro». Pour les merlots, 54 vins se sont alignés, et pour les pinots, 81 vins, sur trois millésimes consécutifs.

Ces événements au pied du Cervin ont failli se dérouler alors que la Mémoire des vins suisses devait tenir ses assises annuelles, renvoyées du printemps, le même week-end, à Zurich… il n’en sera rien: la MDVS a renvoyé son assemblée à 2021. La proclamation du palmarès du Mondial du Chasselas s’était déroulée en même temps que celle de la Sélection des vins de Genève. On voit qu’à force de multiplier les concours, on diminue les occasions de déguster des vins, à moins d’un don d’ubiquité !

Tous les résultats sur https://www.mondial-du-merlot.com et sur https://www.mondial-des-pinots.com

©thomasvino.ch