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Posted on 12 décembre 2021 in Vins suisses

Lausanne, «capitale du vin»?  Ce sera pour tous les crus suisses !

Lausanne, «capitale du vin»? Ce sera pour tous les crus suisses !

A l’issue de la 219ème vente aux enchères des vins de la Ville de Lausanne, le 11 décembre 2021, les autorités locales ont signé un partenariat avec Swiss Wine Promotion. (SWP) L’adhésion du chef-lieu vaudois au réseau international des Great Wine Capitals bénéficiera désormais à toute la Suisse.

Par Pierre Thomas

La nouvelle n’a pas enchanté le réseau, fondé par des Bordelais. Car, pour la France, c’est Bordeaux et pas Dijon, Strasbourg ou Avignon, et pour l’Italie, Vérone, et pas Florence, Rome ou Palerme. Eh bien, pour les Suisses, ce sera toute la Suisse ! Et, après une escale à Mendoza, capitale incontestée du vin argentin, le congrès annuel de ce réseau très branché œnotourisme devrait avoir lieu courant 2023 sur les bords du Léman.

La convention, valable pour trois ans, a été signée, dans la salle des mariages de l’Hôtel-de-Ville, entre deux politiciens, tous les deux vert.e.s, qui se connaissent bien : d’un côté, Natascha Litzisdorf, municipale en charge de l’environnement (et des domaines) lausannois et celui qu’elle présente comme son mentor en politique, l’ancien conseiller d’Etat et aux Etats genevois Robert Cramer, président de Swiss Wine Promotion. Pour le Genevois, cette «nationalisation» fait sens, tant sous l’angle de l’œnotourisme que de la promotion de la diversité des vins.

De g. à dr., dans la Salle des Mariages de l’Hôtel-de-Ville de Lausanne, Robert Cramer, en train de parapher la convention sous les yeux de Natascha Litzisdorf, d’Etienne Balestra, chef du service des parcs et promenades de Lausanne et du directeur de SWP, Nicolas Joss (photo Imesch, Ville de Lausanne).

Un outil pour la relance de l’exportation

Lausanne, membre depuis 2018, et un congrès à Vérone, qui avait failli se faire déborder dans un premier temps par Genève, avait tenté de réunir Genève et Valais, autour d’une représentation commune. Le lauréat international d’un prix public d’œnotourisme a, du reste, été cette année le Salquenard Diego Mathier, pour son hôtel et ses services dans les vignes. Mais de voir plus grand et plus loin paraissait de meilleure augure. Dans la foulée, la Municipalité (rose-verte), élue ce printemps, a inscrit dans son programme de législature le projet de Maison des vins suisses. Le lieu n’est pas encore choisi…

Entre une maison ex-centrée à La Chablière, ni sur la route de La Côte, ni sur celle de Lavaux, où se partagent les 32 hectares de vignes de la Ville de Lausanne, plus gros propriétaire viticole public de Suisse, le Château de Béthusy (près du CHUV), libéré par le Tribunal international du sport (qui a déménagé dans les annexes du Palais de Beaulieu), voire, si le canton entrait en matière, la maison de l’Elysée (libérée de son musée Photo Elysée, relogé au Pôle muséal de la gare), sur le lac, les lieux propices à une telle ambassade ne manquent pas…

SWP va intégrer la structure (privée) de Vaud Oenotourisme. Pour l’instance de promotion nationale, rejoindre le réseau international va de pair avec sa stratégie d’exportation : «Certes, nous n’exportons qu’un peu moins d’un pour-cent du vin suisse, mais nous nous sommes engagés d’ici trois ans à doubler cet objectif. Nous avons repris la «liste diplomatique» depuis quelques mois, à laquelle tous les producteurs peuvent fournir des vins. Nous avons une vraie ambition, basée sur des vins haut de gamme, sachant que la notoriété pour les vins suisses vient de l’étranger», affirme Robert Cramer.

Une dizaine de marchés sont visés, explique Nicolas Joss, directeur de SWP : l’Allemagne, la Belgique, la France, l’Angleterre, les Etats-Unis, le Japon, la Chine et le Sud asiatique (Singapour et Hong Kong). SWP sera présent à Prowein, du 27 au 29 mars 2022, avec un stand de 160m2, ouvert aussi aux grands concours de Vinea et au Mondial du Chasselas, avec des dégustations.

Une vente aux enchères «doublée»

Le produit des 32 hectares des vignes cultivées par les équipes employées par la Ville de Lausanne, qui a désormais le statut de vigneron encaveur (de ses propres raisins) et est fière de le faire remonter à 1536, a été vendu aux enchères, pour la 219ème fois, comme d’habitude le deuxième samedi de décembre. Il y avait moins de lots, cette année, d’une part parce qu’il s’agissait de la vente en primeurs des 2021, où le vignoble a perdu entre 30 et 40% de son volume de chasselas en raison de la météo, d’autre part parce que la Ville a modifié sa stratégie de vente. La mise ne représente désormais que 15% du chiffre d’affaires du vin mis en bouteille par elle-même, à Mont-sur-Rolle. Une vente «panachée» sur le site Internet QWine a démarré immédiatement après la fin de la mise, à midi, samedi : elle était épuisée dimanche soir. Ensuite, dès le lundi, les vins sont vendus en ligne sur le nouveau site Internet de la Ville, www.vinsdelausanne.ch. La Ville garantit toutefois que les prix seront supérieurs à ceux de la mise physique, où les enchères vont de 10 centimes en 10 centimes, et s’engage même à compenser, en vin, la moins-value éventuelle…

Paru dans Hôtellerie & Gastronomie Hebdo du 22 décembre 2021.

©thomasvino.ch