Les Suisses ont bu plus de vin étranger en 2021
En 2021, la consommation de vins en Suisse a légèrement augmenté (de 5 millions de litres). Cette progression est à mettre entièrement au crédit des vins étrangers, notamment blancs (15% d’augmentation). Corollaire, la part de marché des vins suisses a repassé sous les 36% : elle s’établit à 35,4% (– 0,7%). Ces chiffres ont été communiqués fin avril par l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG).
La consommation des vins suisses n’est pas en baisse : elle augmente même de 2,8% par rapport à 2021, où des vins AOC (soit 95% des vins indigènes) avaient été déclassés. Les Suisses ont bu 90 mios de litres de vins suisses, soit 99% de la production. Ils ont ainsi fait baisser les stocks de 30 mios de litres (pour des stocks de 123 mios de litres de vins suisses AOC).
La production nettement sous la consommation
A noter que la vendange 2021, avec 61 mios de litres, ne couvrira pas la consommation des vins suisses (il manquera près de 30 mios de litres). Sur ces cinq dernières années, trois millésimes (2017, 2020 et 2021) sont très faibles, nettement en-dessous de la moyenne des vendanges des dix dernières années (95 mios de litres). En 2021, les Suisses ont bu 45,7 mios de litres de vins blancs (+ 1 mio sur une moyenne de 5 ans) et 44,7 mios de litres de vins rouges (– 1,8 mio sur une moyenne de 5 ans).
La consommation des vins mousseux est en progression, une fois encore, de 14% par rapport à 2020, soit 23,5 mios de litres (+ 2,9 mios). Cette statistique n’est tenue que pour les vins importés…
Les vins blancs étrangers rattrapent les indigènes
Pour les vins étrangers, la consommation des vins blancs a augmenté de près de 15% (14,8%) et celle des vins rouges de 3,4%, par rapport à 2020. Au total, les Suisses ont consommé 165 mios de litres de vins étrangers (quasi en flux tendu, pour quelque 190 mios de litres importés), soit 122,5 mios de litres de rouge et 42,5 mios de blanc. L’écart entre la consommation de vins blancs indigènes (52%) et étrangers (48%) n’a jamais été aussi faible, depuis la libéralisation des importations… plafonnées par un contingent de 170 mios de litres, pas atteint en 2021 (moins de 160 mios de litres). En regard des importations, l’Italie mène le bal des vins importés, avec près de 80 mios de litres (79,6 mios, + 2,2%), devant la France, 42,6 mios de litres (+ 7,4%), et l’Espagne, 29 mios de litres (+ 5,9%).
Le vignoble suisse diminue de surface
On notera enfin que la surface du vignoble suisse continue de diminuer, de 6 ha, à 14629 ha. Une diminution est enregistrée dans les trois principaux cantons viticoles : le Valais perd 34 ha (4732 ha), Vaud, 4 ha seulement (3783 ha) et Genève, 16 ha (1375 ha).
Les deux principaux cépages cultivés reculent légèrement, le pinot noir de 0,7 ha à 3802 ha et le chasselas de 0,4 ha à 3573 ha et le merlot, qui était passé devant le gamay en 2021, confirme au 3èmerang, avec 1217 ha cultivés. La proportion des surfaces plantées en rouge et en blanc est de 56% pour 44%, mais le rendement des ceps n’est pas le même puisque pour les vendanges atypiques de 2021, on a encavé l’inverse, soit 52% de blanc (31,6 mios de litres) pour 48% de rouge (29,2 mios de litres). En 2020, également de petit rendement, c’était du moitié-moitié, mais pour 42 mios de litres de part et d’autre, soit au total, 20 mios de litres de plus qu’en 2021, la vendange la plus faible depuis 1957 !
Comment réagir face à la concurrence étrangère?
Parallèlement à ces chiffres, l’Observatoire suisse du marché des vins (OSMV), qui analyse les données des grandes surfaces, qui génèrent un tiers de la consommation des vins en Suisse (32,4%), soit Coop, Denner, Globus, Migros, Spar, Volg et Lundi, constate que les ventes des vins y ont légèrement augmenté en quantité (+ 1,2%) et en prix (+ 1%). Les vins suisses sont restés stables à 28% des part de marché des grandes surfaces, et ont moins progressé en volume (+ 0,7%) et en prix (+0,9%).
Dans un communiqué, diffusé par Swiss Wine Promotion (SWP), l’Interprofession de la vigne et des vins suisses (IVVS) «souligne l’absolue nécessité de reconquérir des parts de marché et de consolider le positionnement des vins suisses grâce aux actions de SWP. Ces résultats ne doivent pas cacher une situation toujours très préoccupante pour les acteurs vitivinicoles suisses face aux moyens de marketing colossaux de la concurrence internationale sur le marché suisse. L’impact sur les habitudes des consommateurs ne pourra évoluer que par le renforcement de la sensibilité au regard de la valeur (qualitative, environnementale et économique) de la production indigène, une segmentation de la production en fonction des habitudes de consommation et une augmentation forte des moyens pour la promotion des vins suisses.»
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