Un 1er Grand Cru rouge pour le Conseil d’Etat vaudois
Pour la première fois, à côté du chasselas 2023 de la Commune d’Aigle Clos Maijoz, un vin du Conseil d’Etat vaudois sera un rouge, le garanoir en barriques 2022 du Château du Rosey, à Bursins. 24 Heures, qui donne la nouvelle, ne mentionne pas qu’il s’agit là, comme le veut l’usage, de deux 1ers grands crus. Le garanoir du Château du Rosey figure parmi les «111 vins suisses à ne pas manquer» (édition emons:).
Les 1ers grands crus sont une spécialité vaudoise. La dépêche du quotidien vaudois pourrait faire croire que cette pointe de la pyramide vaudoise va disparaître de la nouvelle mouture des «appellations d’origine contrôlée» (AOC). Il n’en est rien, même si des velléités existaient de faire rentrer dans le rang des «grands crus» ces premiers.
Des AOC à peine retouchées
Le projet de la nouvelle règlementation, qui doit être approuvé par le Conseil d’Etat, devrait être divulgué ces prochains jours, selon nos informations. Schématiquement, rien ne va changer, à part quelques nuances. Derrière les 1ers grands crus, toujours réservés à des vins de domaines cadastrés ou de parcelles, les grands crus vont rester ce qu’ailleurs on appelle communément des appellations villages. Les exigences seraient toutefois renforcées par rapport au règlement actuel : outre un taux de sucre légèrement supérieur, pour être grand cru, les vins devraient être issus à 100% du lieu de production qu’ils porteront sur l’étiquette (par exemple Féchy Grand Cru), mais sans référence à un lieu-dit «parcellaire». Dans leur périmètre réduit, les AOC Dézaley et Calamin répondent déjà à ces critères.
Les autres AOC régionales subsisteront, ainsi le Féchy AOC La Côte, qui pourra être assemblé à hauteur de 40% avec du vin des lieux de production de sa région. Le 10% de coupage fédéral avec du vin vaudois qui s’ajoutait à cet assemblage régional, devrait disparaître. On sait par ailleurs que les mots en toutes lettres «appellation d’origine contrôlée» ne sont plus obligatoires, l’acronyme était suffisant.
Du MCR pour l’Escargot ?
L’AOC Vaud générique devrait être plus large dans ses tolérances, avec notamment la possibilité d’enrichir les vins avec du moût concentré rectifié (MCR), permettant d’arrondir au final les vins.
Voilà qui devrait simplifier l’élaboration des assemblages de la marque de bataille appelée jusqu’ici l’Escargot Rouge. Selon un communiqué de l’Office des vins vaudois, il s’en est produit 305’000 bouteilles «depuis son lancement» en 2021. A mettre en regard des quelque 10 millions de litres de vin rouge vaudois rien qu’en 2023, millésime de bon volume, au contraire des deux précéents… Désormais, les deux vins mis en marché se nomment Rouge, «rond et fruité» et Or «plus structuré et élevé en barrique». L’abandon de l’adjectif «rouge» pour cette marque parapluie AOC Vaud pourrait signifier l’arrivée d’un rosé, d’un mousseux, voire d’un blanc. Sans doute d’assemblage, pour éviter de semer la confusion chez les amateurs de pur chasselas.
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