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Posted on 20 mars 2008 in Vins suisses

Clos, Domaines & Châteaux à Arvinis 2008  Le beau côté du négoce

Clos, Domaines & Châteaux à Arvinis 2008
Le beau côté du négoce

Fondée il y a quatre ans, l’association vaudoise Clos, Domaines & Châteaux (CDC) peine à s’imposer. Elle sera l’hôte d’honneur d’Arvinis, du 16 au 21 avril, à Morges.

Par Pierre Thomas
Côté pile, l’association, présidée par André Fuchs, le patron de Schenk Suisse, fait valoir ses dix-huit domaines, tous reconnus comme des crus au sens de la (généreuse) loi vaudoise. Sur 180 hectares potentiels, 105 ha répondent aux critères d’une charte. Outre de coller à la définition légale, le texte oblige ses adhérents à produire du raisin à raison de 10% en-dessous des quotas maximas des appellations d’origine contrôlée (AOC), à géométrie variable selon les régions vaudoises. Mais la plupart de ces domaines se cantonnent à La Côte. Ils sont liés de très près — propriété de la famille Schenk elle-même — ou de plus loin — vinification et commercialisation — au grand groupe de distribution rollois.
Des avantages commerciaux

La marge de manœuvre est étroite, dans le marché actuel. De la famille propriétaire du Château d’Eclépens, dans les Côtes-de-l’Orbe, François de Coulon, a beau jeu d’opposer les «vins de terroir et de proximité» aux «vins de marque». Le petit domaine, de 6 hectares, veut gagner son indépendance chez lui, mais tire aussi profit du suivi de la vinification et de la mise en bouteille à Rolle, ainsi que de la commercialisation par le distributeur. Et pour des raisons commerciales, précisément, un dix-neuvième membre fait défection ce printemps : plus vaste entité d’un seul tenant du Pays de Vaud (30 ha), le Domaine de Valmont sur Morges se retire de CDC. La mise en rayon prochaine de son vin rouge dans une chaîne de supermarchés, ne lui permet plus de respecter les termes de la charte, notamment les limites de production.
«Small is beautiful»

A vrai dire, chaque grande entreprise essaie de surfer sur la vague du «small is beautiful». Et la différence entre des marques et des domaines est ténue ! La Cave de Genève, qui vient d’inaugurer ses nouvelles installations, insiste sur ses cuvées limitées et sur ses vins produits avec le cuisinier Philippe Chevrier. UVAVINS à Tolochenaz fait de même depuis longtemps, avec le chef Bernard Ravet. La coopérative de La Côte vaudoise a adhéré au groupe d’excellence Arte Vitis, comme les clos et châteaux du négociant rollois Hammel, devenu récemment le treizième membre de cette amicale.
Chez Provins-Valais, qui centralise ses réceptions de vendange à Sion, une politique de domaines est aussi mise en place, comme chez Rouvinez à Sierre, qui en a récupéré plusieurs en rachetant Orsat, dont Montibeux (devenu marque commerciale pour le fendant !). Même dans les coopératives plus modestes, comme à l’Association viticole d’Yvorne, on vise le haut de gamme, avec six vins baptisés «Vigne d’Or». L’«Yvorne sur lie» 2006 vient de décrocher une médaille d’or aux Vinalies de Paris, fait rarissime pour un chasselas! Mais «Vigne d’Or» ne représente que 2% de la production de la coopérative chablaisienne, dont les vins sont suivis désormais en voisin par le maître caviste d’Ollon Jean-Yves Beausoleil.
Châteaux historiques ou
authentiques grands crus ?

Côté face, CDC joue sur les mots et les images. L’étude des terroirs vaudois devrait, mieux que quelques murs autour d’un clos, domaine ou château, fixer les limites des parcelles aptes à produire de grands vins à partir d’un encépagement adéquat. Comme en Valais, un cahier des charges exigeant déterminera les paramètres viticoles et œnologiques pour justifier aux yeux du consommateur le terme «grand cru». On pourrait même exiger que le mot château implique la vinification et la mise en bouteille sur place.
Reste qu’en percevant 20 centimes par flacon estampillé d’une banderole bordeaux sur le col, CDC est un instrument non négligeable de promotion. Site Internet (www.c-d-c.ch), calendrier avec de magnifiques photos de Régis Colombo, matériel promotionnel, qui reprend une nouvelle manière de décrire et de déguster les vins en associant couleurs et goûts, selon l’artiste et chromaticien Didier-Michel (en démonstration à Arvinis), la publicité reste le nerf de la guerre pour les châtelains d’aujourd’hui.
*Arvinis 2008, 13ème édition, du mercredi 16 avril au lundi 21 avril. Halles CFF en face de la gare de Morges. Horaires et programmes sur
www.arvinis.com

Oenotourisme très discret

CDC avait affiché des ambitions dans l’œnotourisme. En quatre ans, le dossier n’a guère avancé et les châteaux labellisés CDC gardent souvent portes et volets clos. A l’exception du Château Maison-Blanche, à Yvorne, loué à une «université» des arts de la table : son programme va démarrer avec une année de retard, mais ses augustes murs accueillent déjà des manifestations ponctuelles (séminaires, dégustations, mariages, etc.). Hors de CDC, la Ville de Lausanne, en aménageant des chambres d’hôtes et des locaux de réception dans ses domaines à La Côte (Château Rochefort à Allaman) et à Lavaux (Burignon à Saint-Saphorin) ou des privés, comme au Château du Rosey à Bursins, maison et table d’hôtes de charme, en ont fait bien davantage. (PTs)

Article paru dans Hôtel Revue du 20 mars 2008.