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Posted on 2 juillet 2008 in Vins suisses

L’Office des vins vaudois privé de directeur

L’Office des vins vaudois privé de directeur

Promotion des vins vaudois
L’OVV privé de directeur

Robert Crüll n’est plus directeur de l’Office des vins vaudois qui se redimensionne. Son poste ne sera pas repourvu.
Pierre Thomas
Celui qui disait volontiers être le plus ancien chef d’un office de promotion des vins encore en fonction (depuis juillet 1999), n’est pas venu confirmer, mardi matin 1er juillet devant la presse, ce qui se savait déjà. Il en a laissé le soin au président de l’OVV, Kurt Egli : « Robert Crüll m’a dit le 27 mai qu’il jetait l’éponge». M. Egli, passé de directeur commercial à directeur opérationnel de la maison Henri Badoux SA, à Aigle, depuis le rachat de la majorité par Obrist (une société du groupe Schenk SA à Rolle), conduira la promotion des vins vaudois. Et pour l’instant, le poste de directeur ne sera pas repourvu.
Fonctionnement trop lourd
Le comité, de cinq membres, a décidé de se répartir les tâches par affinités régionales. Il a décidé une restructuration drastique (qu’Hôtel Revue annonçait le 17 avril), en supprimant le concours Jean-Louis du Comptoir suisse (le dernier aura lieu en septembre), la manifestation «millésime» en ville de Lausanne, le «baptême de la récolte», la «journée du négoce» (la dernière s’est déroulée dans le Chablais, il y a un mois), et l’«apéritif du vigneron» à Grindelwald (BE). L’OVV s’interroge sur la «pinte vaudoise» du musée en plein air de Ballenberg (BE), de la revue «Le Guillon» et même de l’occupation de son siège à la Vuachère…
Sur un budget annuel de 2,5 millions de francs, moins de 500'000 francs devraient ainsi être réservés au fonctionnement, pour laisser davantage de moyens à des opérations de promotion. En première ligne, la Suisse alémanique, par la publicité et l’affichage, et la participation confirmée aux campagnes de Swiss Wine Promotion (que présidait Robert Crüll), où les Vaudois investissent 50 francs par hectare.
Des AOC à redéfinir
Sur le budget de l’OVV, les seules recettes proviennent d’une taxe à laquelle ni les producteurs (3,5 ct. au mètre carré) et ni les encaveurs (2 ct au litre) ne peuvent échapper. Selon Gilles Cornut, président de la Commission interprofessionnelle du vin vaudois (CIVV), qui chapeaute l’OVV, l’idée est de faire passer cette taxe à 8 ou 10 ct et d’en redistribuer une partie aux régions viticoles. Celles-ci doivent mener à bien l’exercice délicat de la recomposition des appellations d’origine contrôlée (AOC). De 28 aujourd’hui, elles devraient passer à 14, mais avec la possibilité d’obtenir une désignation de grand cru, et même de premier grand cru, pour les vins issus d’un terroir précis et correspondant à des critères plus sévères que l’AOC de base. Exemple : dans le Chablais, l’AOC Aigle couvrirait toute la région, avec une possibilité d’Aigle, d’Yvorne, d’Ollon, de Villeneuve ou de Bex grands crus. Pour l’augmentation de la taxe comme pour le redécoupage des AOC, l’Etat doit encore donner son aval.
Le vin, simple «produit du terroir»?
Le démantèlement de l’OVV pourrait être définitif à deux conditions, explique Kurt Egli. D’une part si un «office de propagande du vin suisse» renaissait de la faillite de Swiss Wine Communication (une solution efficace pratiquée par l’Autriche), d’autre part si une seule structure de promotion vaudoise assurait la publicité du tourisme et des produits du terroir. Précisément, le canton de Vaud étudie une «maison des terroirs», à laquelle les vignerons pourraient adhérer. Et, constate le président de l’OVV, «à Genève et à Neuchâtel les vins sont davantage liés aux produits du terroir et à l’Etat».
Reste que dans le deuxième canton viticole suisse, le plus «dangereux» concurrent demeure le Valais. Le Vieux Pays a décidé de «mettre le paquet» dans sa promotion sur l’arc lémanique : «Nous devons aussi nous battre à Lausanne», constate donc M. Egli. Qui déplore que de nombreux restaurateurs renoncent à mettre des vins vaudois à leur carte, alors que 80% de la consommation se fait désormais à domicile.

Paru dans Hôtel Revue du 3 juillet 2008.