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Posted on 8 août 2009 in Vins italiens

Aoste, la Mecque des vins de montagne

Aoste, la Mecque des vins de montagne

Concours du CERVIM

Aoste, la Mecque
des «vins de montagne»

Qu’est-ce qui rassemble la Moselle, le Douro, la Galice, la Savoie et le Valais? Les vignes, pardi ! Et Aoste s’est imposée comme capitale des «vins de montagne».
Pierre Thomas
Vin de montagne ? Les Suisses, habitués à boire du vin rouge étranger depuis toujours, connaissaient, naguère, le «montagne», volontiers affublé de «supérieur». Aujourd’hui, le «vin de montagne» est un concept. Le CERVIM, pour Centre de recherche, d’études, de sauvegarde, de coordination et de la valorisation pour la viticulture de montagne, installé dans une zone industrielle d’Aoste, en est le garant. Depuis dix-huit ans, ce centre, qui réunit de manière volontaire des régions européennes, organise un concours (lire l’encadré). Peuvent y participer des vins issus de vignobles «ayant des difficultés structurales permanentes», par exemple situés à plus de 500 m. d’altitude (sauf les hauts plateaux, comme à Mendoza, en Argentine), ou plantés dans une pente de plus de 30% (par exemple, la Moselle), ou cultivés en terrasses ou en banquettes (Valais, Vallée d’Aoste) et, plus exotique, sur «des petites îles». Les critères ne sont pas cumulatifs et des vins de toutes provenances répondant à ces critères peuvent concourir.
Une viticulture «héroïque»
En avril, à Sondrio, une table ronde a réuni des vignerons et des chercheurs, sur le thème de la «viticulture héroïque», un adjectif qui montre ce que le travail de la vigne représente. A Saint-Vincent, en conclusion du concours, le Piémontais Enrico Zola, vice-président du CERVIM, a situé les enjeux de cet héroïsme: d’abord, valoriser le paysage, ensuite, le milieu socio-économique, puis favoriser le tourisme et créer une richesse dans les régions concernées.
La Vallée d’Aoste est un modèle du genre. Au contraire du Valais, où la vigne n’a cessé de se développer au 20ème siècle —une exception suisse ! —, la vigne valdôtaine est passée de 3’000 hectares à moins de 500. Aujourd’hui, elle remonte à plus de 520 ha. Et les producteurs, une douzaine il y a vingt ans, sont plus de quarante. A elles seules, les six caves coopératives écoulent 70% des deux millions de bouteilles par an. «En vingt ans, on est passé d’un vignoble accessoire, revenu d’appoint pour les paysans, à une viticulture rationnelle, but en soi de toujours plus de jeunes vignerons», se réjouit Massimo Bellocchia, l’œnologue de la région autonome.
Des cépages originaux
Les vins se concentrent sur des rouges (69% de la surface) et désormais, près des deux tiers sont issus de cépages autochtones, soit le Petit rouge, le Fumin, le Mayolet et le Cornalin (qui n’est pas celui du Valais, mais l’Humagne rouge). Pinot noir et Nebbiolo complètent la panoplie.
En blanc, le Prié blanc est cultivé à Morgex et La Salle, les plus hautes vignes d’Europe (entre 1000 et 1250 m. d’altitude, soit plus haut qu’à Visperterminen), tandis que la Petite Arvine connaît un bel essor. Valdôtains et Valaisans se disputent son origine : le fait est que l’Institut agricole régional, fondé par les chanoines valaisans du Grand-Saint-Bernard, a redonné du «tonus» à la vigne valdôtaine, en multipliant les essais viticoles (à côté du développement de l’agriculture de montagne).
Près de 85% des vins valdôtains sont consommés sur place, par les 120’000 habitants de la vallée et le million de touristes, d’hiver et d’été. «Nous avons de la chance : d’une part, tout ou presque peut être bu ici, d’autre part, la rareté des surfaces cultivables ne permet pas un développement de la viticulture. Nous sommes heureusement limité», explique l’œnologue régional.
Le salut par l’agritourisme
L’agritourisme permet de jouer sur tous les tableaux, avec des exploitations mixtes, viticoles, agricoles (viande et fromage), de gîte et de couvert. «Nous sommes une trentaine, avec des formules diverses», explique Hervé Deguillaume, à La Vrille, à Verrayes. Sur 1,5 hectares de vignes, il produit depuis 2005, dans une cave miniature ultra-moderne, financée en partie par les subventions européennes, un des meilleurs fumin, vin rouge de garde valdôtain, et un exceptionnel muscat passerillé. Et 80% de ses vins sont servis, sur place, dans un restaurant où si le cadre est rustique, la cuisine se révèle raffinée, pour les hôtes des six chambres comme pour les touristes de passage.

Eclairage
Un concours exemplaire

Internationaux, donc gigantesques (Concours mondial de Bruxelles ou Mundus Vini en Allemagne), limités à un seul cépage (Chardonnay du Monde, en Bourgogne ou Mondial du Pinot noir, à Sierre), chasse gardée d’œnologues (Vinalies de Paris, Concours de Vinitaly, à Vérone) : les concours de vins en tous genres se multiplient. Celui du CERVIM, qui a connu sa dix-septième édition au Grand Hôtel Billia, à Saint-Vincent, début juillet, reste particulier. Grâce à sa dimension «humaine» (481 vins jugés, de 183 producteurs), les vins sont appréciés par type et catégorie (par exemple, vins blancs 2008, vins blancs 2007 et antérieurs, etc.). Dans ces dix catégories, pas de sous-catégories, comme dans certains concours où, par exemple, les vins suisses ne sont jamais confrontés à d’autres vins. Des crus de sept pays étaient en lice, prioritairement de la vallée d’Aoste, de la Moselle et du Valais. Les résultats (soit trois médailles, grand or, or et argent par catégorie, et des mentions d’honneur pour 30% des vins présentés) seront proclamés le vendredi soir 4 septembre, à l’occasion de la onzième exposition des vins de la vallée d’Aoste, au Château d’Aymavilles, la plus vaste commune viticole de la vallée. (pt)
Paru dans Hôtel Revue du 6 août 2009.