Sondage 2008 — Les vins suisses font du sur place
Consommation
Les vins suisses
font du sur place
Pierre Thomas
L’étude a été réalisée, pour le compte de Swiss Wine Promotion, par l’institut M.I.S. Trend en octobre 2008, mais n’a été rendue publique qu’onze mois plus tard. Pourquoi un tel décalage ? Parce que certains chiffres sur la notoriété des vins valaisans étaient contestés. Il a fallu affiner les questions pour retrouver une base de comparaison avec les sondages antérieurs. Et c’est bien dans le temps — sur dix ans — que les résultats d’une telle étude de consommation sont intéressants. Comme le constate le président de SWP, le Valaisan Jacques-Alphonse Orsat (lire ci-dessous), il n’y a pas de bouleversement dans les tendances, ce que confirme les statistiques de consommation (soit 38,6 litres par tête d’habitant, en diminution de 0,7 l. en 2008).
Le vin reste en tête
Les femmes ne sont qu’un tiers à boire du vin une fois par semaine, contre 43% d’hommes. Le recul de la consommation est patent dans les foyers aisés, urbains, d’adultes de formation supérieure (ces derniers étaient 61% à boire du vin une fois par semaine en 1999, et ne sont plus que 45% en 2008).
Deux tiers du vin bu à domicile
Quand on invite chez soi, dans 80% des cas, du vin est sur la table. On consomme du vin surtout lors des repas du soir du week-end (51%) : cette proportion est inchangée depuis dix ans. En revanche, les repas d’affaires se font rares (36%), comme le vin au repas de midi (8%, en chute de trois points depuis 2004), aux apéritifs du soir (9%) et de midi en semaine, qui ne représentent plus que 5% d’occasion de boire du vin.
Modeste dans leurs connaissances
Cépages et régions moins connus
Cette érosion se traduit aussi dans la connaissance des vins et cépages pour le Valais : le fendant et la dôle (91% de notoriété) perdent 4 et 5 points, mais restent les vins plus largement connus de Suisse, devant le Pinot noir du Valais, la Dôle blanche, le Johannisberg, le Gamay du Valais et la Syrah. Ce dernier cépage, comme la Petite Arvine, l’Heida-Païen et le Cornalin ont gagné un peu de notoriété (4 points pour le Cornalin, à 25%).
Les appellations vaudoises perdent aussi du crédit (entre 7 et 9 points), avec un trio entre 71 et 75%, mené par Aigle, devant Féchy et Epesses. Le Dézaley perd 8 points par rapport à 2004 (52%). A noter que la notoriété du Goron valaisan et du Salvagnin vaudois chute de 10 points, respectivement de 11 points (45% et 59%).
L’AOC en progression régulière
Vins étrangers en progrès
Les consommateurs affirment boire régulièrement des vins français (18%), italiens (21%, en forte progression) et espagnols (15%), davantage que n’importe quel vin suisse, du Valais (14%), de Vaud (11%) ou du Tessin (6%). La reconnaissance de la qualité des vins rouges diminue un peu pour le Valais, toujours cité en tête du canton qui produit les meilleurs vins (51%), devant le Tessin (39%) et Vaud (25%, en recul) ; pour les blancs, le Valais devance de justesse Vaud (53% et 52%, en recul depuis 1999). Neuchâtel est loin derrière (16%).
Une meilleure conscience du prix
Au restaurant, la proportion de ceux qui disent ne consommer «que des vins étrangers» a doublé, passant de 9 à 21% en quatre ans. Ceux qui répondent «que des vins suisses» sont 16%. Le prix des vins en général dans les restaurants est jugé excessif par 45% des sondés, en légère baisse (51% en 2004). Les Tessinois massivement, les Suisses alémaniques et les 45 ans et plus sont les plus nets dans leur appréciation.
Grandes surfaces en première ligne
*2998 personnes interrogées par téléphone, dont 1811 Alémaniques, 989 Romands et 198 Tessinois, âgées de 18 à 74 ans, représentatives de la population, marge d’erreur de plus ou moins 1,8% pour l’échantillon total.
Paru dans le Journal vinicole suisse d’octobre 2009.