Vaud — Le millésime 2009 vu par les œnologues
Vins vaudois
2009 vu par les œnologues
Par Pierre Thomas
«Les grands millésimes climatiques sont difficiles à vinifier», constate d’emblée Fabio Penta, de Hammel SA à Rolle. Le dernier arrivé dans le groupe d’excellence des vignerons vaudois, Arte Vitis (treize domaines réputés), ne le cache pas, même si la matière première était exceptionnelle : «En vingt ans vendanges, je n’avais jamais vu des raisins aussi sains, aussi mûrs et sans un grain de pourri».
Pas proche de 2003, mais de 1945/47
Déjà dans les vignes, il a fallu faire des choix. «Notre sauvignon, on l’a récolté en plusieurs fois, sur différentes parcelles, pour conserver des arômes frais», explique Rodrigo Banto, œnologue d’origine suisse, mais formé au Chili, et arrivé chez Uvavins, la coopérative de La Côte vaudoise, en 2003, l’«année de la canicule». A l’époque, il s’était étonné qu’une grande entreprise vitivinicole ne disposât pas de système de réfrigération des cuves, indispensable pour réussir de bons vins en année chaude : «A l’inverse de 2003, en 2009, on a eu de la pluie en suffisance sur tout le cycle végétatif de la vigne», constate Rodrigo Banto.
Pas de doute, 2009 reste un millésime exceptionnel, comme le relève Alain Gruaz, l’œnologue en chef du groupe Schenk SA, à Rolle : «Le climat a été idéal pour faire un millésime égal aux quatre années d’anthologie que sont, dans le canton de Vaud, 1945, 1947, 1959 et 1990. Pour les températures moyennes tout au long de l’année, 2009 ressemble à 1945 et 1947 ; pour la pluviométrie idéalement répartie d’avril à septembre, avec un total de 370 mm sur La Côte, on est aussi proches de 1945 et 1947, mais aussi de 1959.»
Deux styles de Chasselas
Aucun œnologue ne parle d’acidification des moûts : l’acidité a été suffisante. Mais un grand vin est d’abord un vin équilibré. Et là, en fonction du très haut degré de sucre naturel, il y a eu quelques surprises. «L’alcool est plus haut que la moyenne», constate Alain Gruaz, «mais comme l’acidité est quand même là, les blancs seront puissants, corsés et long.»
Certains vignerons-encaveurs sont pourtant nostalgiques de la «belle vivacité des 2008», comme Pierre-Luc Leyvraz: «A Lavaux, on était à la limite supérieure de la maturation du chasselas». Dans la région morgienne, Raoul Cruchon déplore des sucres résiduels, moins dommageables sur son Altesse que sur son Viognier. La culture en biodynamie ne permet-elle pas de corriger ces excès? Raymond Paccot, de Féchy, répond : «Elle les tempère, c’est vrai. Dans une année sèche, on verra moins l’effet du millésime et si l’année est trop pluvieuse, l’eau n’aura pas une grande influence. A La Côte, 2009 a bien convenu au Chasselas. A 12,5% d’alcool potentiel, sa maturité était optimale, sans excès d’alcool.» Président d’Arte Vitis, Blaise Duboux, d’Epesses, constate : «Les Chasselas 2009 peuvent être mis rapidement en bouteilles. Je le vois sur chaque millésime riche, si on veut garder de la fraîcheur et des arômes flatteurs, rien ne sert de garder le vin en cuve de longs mois.» Alain Gruaz nuance : «Sur le Chasselas, indépendamment des terroirs, nous avons deux styles : les vins frais, floraux, fruités, sur des arômes fermentaires, à boire rapidement. Et des vins bâtis sur la minéralité, puissants et gras, qui se garderont longtemps.»
De grands rouges de garde
Mais c’est surtout par les vins rouges que le millésime 2009 devrait laisser des traces. «Le fruité est très épanoui, les tanins fermes ; les vins sont corsés, charnus et leur potentiel de garde est très élevé», assure Alain Gruaz. Pour Rodrigo Banto, le cépage vaudois le plus en vue devrait être le Gamay : «Naturellement, le rendement est faible, autour de 700 à 800 g. au m2 et l’acidité est haute (4,8 g./l.) : 2009 sera l’année du Gamay !». Et le Pinot noir, «un bon exemple pour juger la qualité d’un millésime», comme l’explique Raymond Paccot ? Même si le vin qu’il fait déguster, un Pinot noir de cuve, au nez de fraises écrasées, gras et d’un joli volume, lui paraît un peu souffrir des arômes de «fruits cuits», la matière est intéressante et devrait se révéler après le travail en cave, voire l’élevage en barriques. Une Mondeuse et un Merlot ont montré, l’une et l’autre, de belles aptitudes : la première atteint rarement la maturité phénolique et le second, sur lequel de nombreux vignerons vaudois fondent de grands espoirs, devrait exprimer toute la séduction par ses tanins souples et élégants. Grâce à sa puissance, en arômes et en structure, 2009, en rouge, sera aussi plus lent à se faire…
Eclairage
Clos, Domaines & Châteaux
Près de 200 hectares en vitrine
Eclairage
Les Vaudois jouent à l’extérieur
Clos, Domaines & Châteaux figure parmi les parrains du Tour de Suisse cycliste, du 12 au 22 juin, et du Bol d’Or, régate sur le Léman, les 12 et 13 juin, et sera à VINEA, à Sierre, les 4 et 5 septembre. Les vins vaudois, collectivement, seront présents à l’Open de tennis de Gstaad, du 26 juillet au 1er août, au Marché concours de chevaux de Saignelégier, dans le Jura, les 7 et 8 août, où le canton de Vaud est l’hôte d’honneur, et à l’OLMA, à Saint-Gall, du 7 au 17 octobre.
©thomasvino.com/mai2010