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Posted on 26 juillet 2010 in Vins suisses

Valais — Le Mont-d’Or relance un Rhin sec

Valais — Le Mont-d’Or relance un Rhin sec

Domaine du Mont-d’Or, Sion

Le Johannis’ retourne au sec

Le Domaine du Mont-d’Or, aux portes de Sion, à Pont-de-la-Morge, désormais entièrement la propriété du groupe vaudois Schenk, (re)lance un Johannisberg sec. Mais sans toucher à son étiquette phare, vinifiée en demi-doux ces dernières années.
Par Pierre Thomas
En 2009, le Sylvaner, appelé improprement Johannisberg en Valais ou, localement, Rhin, avec 3 millions de kilos récoltés, représentait 5% de la vendange valaisanne. C’est le deuxième cépage blanc le plus planté en Valais, sur 232 ha, contre 1’070 ha de Chasselas et 150 ha de Petite Arvine. Sur les 21 ha du Domaine du Mont-d’Or, il occupe un peu plus de 40% de la surface, répartie sur 220 terrasses de la fameuse colline.
Un pionnier des surmaturés
Jusqu’ici au Mont-d’Or, le Sylvaner, ramené d’Allemagne vers 1880 par Georges Masson, le fils du créateur du domaine François-Eugène (en 1848), n’était vinifié qu’en version légérement moelleuse (60’000 bouteilles) et en vin surmaturé, le Saint-Martin et en assemblage dans le Goût du Conseil. Le premier vin fait partie de la Charte Grain Noble ConfidenCiel, dont le Mont-d’Or est un des fondateurs, en 1996.
Le domaine consacre un tiers de sa surface pour élaborer, bon an, mal an, quelque 30’000 flacons de vins surmaturés sur souche, un volume stable, commente le directeur depuis bientôt vingt ans, Simon Lambiel. Celui-ci explique la démarche : «Avec un vin sec, le Siccus 2009, tiré à 10’000 bouteilles, nous voulions retrouver le Johannisberg d’il y a vingt ans, plus sec que celui élaboré dès les années 1990. La mode a évolué et la clientèle nous demande un vin plus sec.» Toutefois, assure M. Lambiel, ce nouveau vin complète l’assortiment, mais pas au détriment de la cuvée classique, demi-douce. Ces quatre dernières années, des parcelles de Chasselas, de Pinot et de Gamay ont été replantées en Sylvaner.
Même s’il ne peut les commercialiser à large échelle, le domaine dispose d’une réserve de vieux millésimes, par exemple pour des dégustations verticales, comme celle organisée au Restaurant Philippe Rochat, à Crissier, pour le lancement du Siccus. Si, comme en témoigne Dominique Fornage, dégustateur valaisan chevronné, les Johannisberg du Mont-d’Or ont toujours «eu la réputation d’être doux, en tout cas plus doux que ceux de Chamoson», jusque dans les années 1970, ce vin blanc affichait des taux d’alcool de 14% et plus, pour un sucre résiduel dépassant rarement les 5 g./litre. Dès les années 1980, ces facteurs se rapprochent de 13% d’alcool et de 15 à 30 g./litre de sucre résiduel.
Nouveau président
Ce printemps 2010, le Domaine du Mont-d’Or SA est passé entièrement dans les mains du groupe vaudois Schenk SA. La Banque Cantonale Vaudoise (BCV) lui a cédé les 22% de parts dont elle disposait jusqu’ici. L’ex-co-président de VINEA à Sierre, Vincent Bonvin, succède à l’avocat sédunois Jacques Allet à la présidence du conseil d’administration, où siègent notamment Pierre Künzle, ancien directeur de la maison Obrist, qui distribue hors Valais les vins du domaine, et Jacques R. Meyer, ancien directeur général de la Banque Cantonale Vaudoise.

Dégustation verticale de
Johannisberg «classique» du Mont-d’Or

Johannisberg 2009
Robe jaune brillante ; nez ouvert, notes d’amandes douces ; attaque sur le moelleux, la douceur (22 g./litre) ; équilibré, rond ; légère amertume finale, à la fois minérale et typée du cépage. 86/100

Johannisberg 2003
Robe dorée ; nez ouvert, traces de pétrole ; attaque sur des notes vanillées, de caramel mou, de fruits blancs confits ; déséquilibré entre le sucre très présent (58 g./litre) et le bas taux d’alcool (11,4 %). 88/100

Johannisberg 2000
Robe dorée ; nez de champignon, de botrytis ; attaque souple ; belle structure, gras en milieu de bouche ; belle ampleur et finale fraîche. Un magnifique équilibre. 90/100

Johannisberg 1998
Vieil or ; nez grillé ; notes d’écorce d’oranges confites, de safran, évoluant vers des notes tertiaires ; finale sur l’amande amère ; belle complexité. 88/100

Johannisberg 1992
Robe dorée ; nez de miel d’accacia, de cire d’abeille ; attaque un peu mince (12% d’alcool seulement) ; légère oxydation et champignon en finale. 85/100

Johannisberg 1989
Robe dorée ; nez d’allumette frottée ; attaque huileuse ; un peu austère ; poivre blanc et épice en finale ; notes de moka. Bel équilibre et grande élégance. 88/100

Johannisberg 1987
Robe dorée ; nez d’allumette frottée ; notes d’amertume à l’attaque ; mince, finale sur le champignon et l’amande grillée. 86/100

Johannisberg 1979
Vieil or ; nez de citron confit, légère note de truffe blanche ; finale sur les abricots secs, avec une pointe de vivacité. 86/100

Johannisberg 1969
Vieil or ; nez exubérant de glycine ; attaque sur les herbes sèches, le foin ; notes de poivre blanc et de curry ; manque un peu de longueur. 88/100

Johannisberg 1967
Vieil or ; nez d’allumette frottée ; nuances d’épices orientales, de pain de seigle grillé ; du gras en milieu de bouche et une finale sur l’amande grillée, avec des notes de safran ; riche, puissant et néanmoins frais. 90/100

Johannisberg 1959
Trouble, à reflets brunâtres ; nez de noix, de vin jaune du Jura, avec du caramel ; attaque souple, sur des arômes de malt, de pain de seigle grillé ; un vin qui a entamé sa descente et rappelle un vieux Madère. 86/100

Siccus 2009, Johannisberg sec (vendangé 15 jours avant le classique, 14% d’alcool)
Jaune brillant ; nez d’amande douce ; pointe de CO2 à l’attaque, sur les fruits exotiques, l’ananas, la mangue ; pointe d’amertume finale. 86/100

©www.thomasvino.com — mai 2010