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Posted on 21 mars 2011 in Tendance

Arte Vitis et le millésime 2010

Arte Vitis et le millésime 2010

Arte Vitis et le millésime 2010

Une dégustation ne fait pas le printemps

La fine fleur des vignerons vaudois choisit en début d’année un lieu prestigieux pour présenter ses vins. Cette année, le 14 mars 2011, à Beau-Rivage, le palace genevois. Voile levé sur les premiers blancs 2010.
Pierre Thomas
A côté d’un atelier consacré au merlot, nouvelle coqueluche vaudoise (lire notre commentaire et nos notes de dégustation), les treize apôtres d’Arte Vitis avaient troqué «santé» et «conservation» du fameux «quart d’heure vaudois» pour «minéralité» et «conversation».
C’est fou ce que les vins blancs, et particulièrement le chasselas, en appellent à ce concept éminemment flou de «minéralité» ! Quant à la «conversation», dans la bouche des acteurs présents, elle caractérisait la faculté pour un vin de dialoguer à table avec des plats plus ou moins élaborés.

2010 plus tendu que 2009 en blanc

On a fait le tour des tables pour déguster quelques très rares chasselas 2010. En fixant  sa dégustation si tôt dans l’année, Arte Vitis se coupe de la possibilité de faire découvrir le nouveau millésime. La plupart des domaines étaient donc à cheval sur les 2008 et 2009. Le côté ouvert, légèrement perlant (à Genève, donc !) de la Dame Claire 2010 (avec malo) d’Henri Chollet, au nez de glycine, avec du gras et une finale citronnée, inaugurait fort bien le parcours, suivi du Vase no 10, sans malo, plus puissant, mais avec une légère amertume finale due à l’acide malique, et une pointe de salinité. Deux vins qui valent leurs 85/100. Pierre-Luc Leyvraz faisait déguster deux cuves de ses Blassinges 2010 : verre de gauche, nez discret, peu expressif, attaque souple, avec de la rondeur ; verre de droite, nez légèrement anisé, plus de CO2, frais, avec davantage d’acidité et une pointe d’amertume. Entre 88 et 90/100… mais lequel mettre en bouteilles d’abord, puisque le vigneron procède par lots successifs ? Le plus tendre ? Ou le plus vif ? Je penchais pour le second et le vigneron pour le premier. Dilemme.

Des 2009 plus ou moins appréciés

Chez Raymond Paccot, La Colombe 2010, générique «Féchy AOC La Côte» (60’000 bouteilles, tout de même…), un très joli vin fruité, à l’attaque presque saline, avec du gras, du raisin croquant, un peu de citron vert et de pamplemousse aussi, noté 88/100. L’année 2010 devrait être plus équilibrée en chasselas que la 2009 — j’avoue avoir eu de la peine avec les crus du vigneron de Féchy, sans malo en 2009, et élevés sur lies, qui me paraissent encore déséquilibrés. Commentaires de Paccot : «On n’est pas pressés…»
J’ai bien aimé le volume ample, la sapidité et la pointe d’acidité (70% sans malo), au détriment de la minéralité sans doute d’un Ovaille 2009 d’Yvorne, vinifié en amphores et mis en pot vaudois, par Fabio Penta, de chez Hammel. De même le Calamin 2009 de Blaise Duboux, au nez anisé, puissant à l’attaque, avec une structure moyenne, mais une belle longueur, marquée par de la richesse (un peu moins de 13% d’alcool) : ce vin fera désormais partie de la Mémoire des vins suisses. Deux 09 notés à 90.

Du sucre sur toute la ligne

Retour à 2010 avec un Clos de Barin, d’Uvavins, un peu techno, marqué par des arômes primaires de banane, moderne, à la fois vif et suave (85/100) et un Champanel 2010, Grand cru de Morges, du Domaine Henri Cruchon à Echichens, au nez anisé, avec un CO2 un peu trop présent, mais du floral (tilleul, glycine), des fruits jaunes murs, de la souplesse, du gras, très amène (88/100), avec une pointe de douceur finale. Du sucre résiduel sur le chasselas ? Un peu… et moins que dans l’Altesse du même domaine, 2010 aussi, au nez magnifique, tendu par l’acidité compensée par la douceur, d’un beau volume, très mode (88/100), plus équilibré que le Viognier 2010, au joli nez d’abricot et de mandarine, riche, avec une finale saline, mais où le sucre m’a un peu plus gêné (85/100), après des 2009 où cette douceur était une tendance… lourde. Et je pèse mes mots !

©thomasvino.ch
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