Lavaux — Polémique: que le peuple se prononce donc!
Initiative «Sauvez Lavaux III»
La bataille reprend et ça ferraille dur
thomasvino.com
Le texte, rédigé de toutes pièces, a déjà donné des vagues, en été 2009. Ceux qui estiment que la région, inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis le 27 juin 2007 (en même temps que la ville de Bordeaux !), n’est pas assez protégée redoublent d’arguments.
Historien d’art et professeur à l’EPFL, Pierre Frey a conclu une récente diatribe (mars 2011) par «… malheureusement l’inscription de Lavaux au patrimoine mondial de l’UNESCO a aiguisé les appétits sans créer une véritable conscience de ce qui lamotivait à l’origine. Je suis d’avis qu’un examen attentif s’impose d’urgence tant la situation est compromise.»
«Marchands du temple», «Lavaux sous cloche», «réserve d’Indiens», on en passe, et des pas tristes, caractérisent ce débat. Sur www.commentaires.com, plusieurs sont intervenus, notamment à la rescousse des vins de Lavaux, du label Vitiswiss et du sens de la viticulture plus ou moins «écologique» — et jusqu’où… La démonstration que la tarte à la crème s’accommode fort bien d’un verre de Dézaley !
Le Dézaley, cœur de Lavaux mis en cagettes, vu d’avion (photo Pierre Thomas).
Un repenti à la rescousse
A l’époque, «l’esprit du temps, c’était l’enthousiasme de tirer parti — et profits — des atouts topographiques et des régions de charme. (…) Le balcon de Lavaux exerçait une irrésistible attirance.» Rappel de quelques dates : en 1972, Lavaux est introduit dans l’inventaire vaudois des monuments naturels et des sites, en 1977, dans l’inventaire fédéral, l’année où le peuple vaudois donne raison à la première initiative de Franz Weber, dont les conséquences débouche dès 1979 sur le «plan de protection de Lavaux».
La sanction du peuple vaudois
Et d’écrire, «on ne va pas, un jour, jubiler de voir l’UNESCO honorer de son sigle ce site d’importance mondiale et, le lendemain, tolérer des pratiques qui le brutalisent». Le feuilleton continue : il avait déjà fait rage dans le courrier des lecteurs de 24 Heures ; le 7 avril, de «jeunes vignerons de Lavaux» expriment leur «ras le bol»… devant un texte qui pourrait les empêcher de vivre. Ritournelle habituelle : le peuple vaudois risque de vouloir le bonheur des autochtones à l’insu de leur plein gré.
PS : quelques fautes de frappe jalonnent le petit bouquin des éditions Xenia («Une heure en Lavaus sur les pas de Franz Weber»). Dans les annexes apparaît un extraterrestre, Georges Ducottlend (sic), auteur de Les Favages en Lavaux (re-sic), 1976. La contraction de Faverges et de ravages est bien jolie… Il s’agit de Georges Ducotterd, ancien (et feu) conseiller d’Etat friborugeois, auteur de «Les Faverges en Lavaux», une monographie sur un domaine viticole fondateur de Lavaux, le plus vaste d’un seul tenant, propriété de l’Etat de Fribourg, à la suite des moines cisterciens de l’abbaye d’Hauterive (FR).
Vendange à l’aide d’un hélicoptère en plein Dézaley: l’ancien et le moderne s’y côtoient par nécessité… (photo Pierre Thomas)