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Posted on 26 septembre 2011 in Vins suisses

Vaud — Le patron de l’EPFL, premier Guillon d’Or 2011

Vaud — Le patron de l’EPFL, premier Guillon d’Or 2011

Guillon d’Or 2011

La foi dans les alicaments

Premier récipiendaire du Guillon d’Or, le président de l’EPFL, Patrick Aebischer, est aussi le contemporain de la confrérie dévouée à la cause des vins vaudois, fondée en 1954. Ce scientifique, doublé d’un manager, né en basse ville de Fribourg, est convaincu de l’avenir des alicaments et d’une prévention des maladies qui passe par l’estomac.
Par Pierre Thomas
Grenade («pomegranate» en anglais) et resvératrol ne font pas du scientifique un «Chasselas Prominent» (sur le modèle zurichois de «Cervelat Prominent») naturel : les grandes qualités de résistance aux «radicaux libres» ne sont pas contenues dans du raisin blanc, mais dans la peau des raisins rouges…
Et des radicaux, plus ou moins libres et libéraux, il y en avait une belle brochette, lundi 26 septembre 2011, dans un des salons du Lausanne-Palace, l’«hôtel de l’année» 2012, pour le guide GaultMillau Suisse. Normal, à un mois de la proclamation du résultat des élections fédérales… Entre Philippe Gex, gouverneur du Guillon, et Pierre Keller, président de l’Office des vins vaudois, il y le choix. Et même matière à cumul. Ou à coup de crayon, c’est selon.

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Le gouverneur de la confrérie bachique, Philippe Gex (à g.), remet son Guillon d’Or à Patrick Aebischer, président de l’EPFL.photo Jean-Bernard Sieber, ARC)
 

Guillon ou sécateur?

Après des artistes récompensés pour une œuvre précise, entre 2000 et 2008, par le Prix de Châtagneréaz — voire le «prix spécial du jury», que nous avions décroché avec Yves Jault, pour le premier «Guide des vignerons de la Suisse romande» —, la confrèrie, forte de ses 4’000 membres, passe à l’ère «pipole». Le Guillon d’Or devrait récompenser, en principe chaque année, une personnalité vaudoise, pas forcément liée au vin… Les Valaisans ont fait de même, avec leur Sécateur d’or, passé aux oubliettes. Entre 1988 et le début des années 2000, Frédy Girardet, le premier, puis Philippe Rochat, Gérard Rabaey, mais aussi la Confrérie des vignerons de Vevey en 1999, des distributeurs de vins (Mövenpick, Coop, Swissair), et quelques journalistes l’ont reçu.
Avec Patrick Aebischer, le jury «ad hoc» du Guillon a eu la main heureuse. L’homme n’est pas Vaudois de souche, mais Fribourgeois de la Basse Ville, donc Bolze, avec le «HC Gottéron inscrit dans son ADN», ni d’études (il les a faites à Fribourg, au Collège Saint-Michel et à l’université de Genève), mais résidant du bord du Léman, au pied des coteaux de Lavaux. C’est, a-t-il confié, grâce à son père, l’artiste Yoki, nonagénaire, une des grandes figures de l’art contemporain à Fribourg, qu’il est revenu en Suisse, au CHUV lausannois d’abord, après dix ans de carrière aux Etats-Unis. Sa grand-mère, Irlandaise, s’extasiait devant Lavaux, «it’s the paradise», même l’hiver. Et la dernière toile peinte par Yoki est un paysage de Lavaux, l’automne.
Le récipiendaire a fait l’éloge d’une consommation modérée et régulière de vin (certes, surtout rouge !) et dit son plaisir de boire son verre, le soir, à la maison. Et il aura de quoi faire, l’année à venir: le sponsor du Guillon d’Or, l’association Clos, Domaines et Châteaux, lui offre 18 bouteilles chaque mois pendant un an… en sus d’un guillon en cristal soufflé, à poser sur une carafe «chasselas» du verrier yverdonnois Yann Oulevay.

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André Fuchs, président de l’association Clos, Domaines et Châteaux et directeur de Schenk, remet à Patrick Aebischer la carafe chasselas et la première des 18 bouteilles mensuelles de Clos, Domaines et Châteaux, sous les yeux de Philippe Gex et, tout à droite, de Claude-Alain Mayor.photo Jean-Bernard Sieber, ARC)

Le goût résiste à l’âge

Dans un entretien avec Claude-Alain Mayor, le président de l’EPFL, neurobiologiste, constate aussi qu’au fil des ans, on peut perdre l’audition et la vie «mais plus rarement l’olfaction et la gustation. Même à un âge avancé, on conserve les plaisirs du goût et de l’odorat. Ces phénomènes sont liés au système limbique qu’on appelle cerveau émotionnel, et, partant, profondément ancrés dans notre perception du plaisir. Une des pires choses que je puisse m’imaginer est de souffrir un jour d’agueusie, c’est-à-dire de perdre le goût.» Il dit aussi disposer d’une cave «très éclectique. Des classiques incontournables, bien sûr, comme quelques grands vins de Bordeaux et de Toscane. C’est comme en musique : on a beau être curieux de tout, il faut régulièrement revenir à Bach et Mozart Mais il sert volontiers à ses amis, notamment américains, des vins du lieu, ce Lavaux, «nature maîtrisée» que les moines, aujourd’hui à Hauterive (Fribourg), ont contribué à façonner et que les vignerons vaudois ont maintenu.
©www.thomasvino.ch