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Posted on 30 août 2012 in Tendance

Toujours plus (et trop!) de concours en Suisse

Toujours plus (et trop!) de concours en Suisse

Mondial du chasselas, des pinots, du merlot, Grand Prix du Vin suisse

L’été de tous les concours

Mondial du Chasselas, Expovina, Grand Prix du Vin Suisse, en attendant les résultats du Mondial des Pinots et du Merlot. Les concours se multiplient et les médailles pleuvent sur le vignoble suisse.
Par Pierre Thomas
Même les organisateurs n’arrivent plus à suivre: VINEA a attendu le 22 août pour publier la liste des 255 médaillés d’or et 675 d’argent du Grand Prix du Vin Suisse, sans communiquer à la presse le pointage obtenu par ces vins, une donnée que les producteurs reçoivent. Les six meilleurs nectars des 12 catégories sont, quant à eux, qualifiés pour le Gala des vins suisses, du 23 octobre à Berne, où la hiérarchie des crus helvétiques sera établie, avec le sacre du «vigneron de l’année».
Certains confirment, d’autres pas
A Aigle, début juillet, on a couronné l’Yvorne Clos du Rocher 2011, de la maison Obrist, «champion du monde des chasselas». Ce vin, tiré en plusieurs «mises» à près de 100’000 bouteilles, n’a été confirmé, ni à la Sélection des vins vaudois, ni à Expovina. Par contre, dans ce concours zurichois, un vin du Vully (fribourgeois), le chasselas du Château de Praz, s’est classé premier du cépage blanc emblématique de la Suisse. Il figure aussi parmi les six nominés du Gala des vins suisses, où un seul chasselas vaudois a réussi à se glisser, contre trois fendants et un Neuchâtel, le Champréveyres 2011, des Caves de la Ville, couronné Gerle d’Or (meilleur chasselas) neuchâtelois et meilleur représentant de son canton au Mondial, à Aigle.
Superjury plus crédible qu’une multitude de jurés?
On pourrait multiplier les exemples et contre-exemples de l’incohérence ou de la cohérence des concours. Chaque dégustation remet les compteurs à zéro: un même jury pourrait fort bien donner un classement tel jour et, le lendemain, avec les mêmes vins, livrer un verdict différent.
Mais les organisateurs devraient mettre tous les atouts de leur côté pour rendre crédible leur compétition. Dans les concours réservés à un seul cépage, où là où ils sont pléthoriques (452 chasselas et 429 pinots noirs au GPVS !), les 30 ou 40 vins les mieux notés par des tables de jurés divers pourraient être redégustés par un seul «superjury», pour harmoniser le jugement et le justifier par des commentaires plutôt que par une note sèche, de surcroît non publiée. Et éviter ainsi le piège de jurés trop généreux ou trop sévères. Cela se justifierait particulièrement pour le Grand Prix du Vin Suisse, dont le palmarès est arrêté fin juin, mais rendu public six mois plus tard, après un suspense aussi artificiel qu’inutile, sinon pour s’assurer «un coup» médiatique en automne…
Plus il y a de concours, plus il y a de chances!
Et pourquoi les producteurs, après avoir envoyé leurs vins dans des concours «mondiaux», mais largement dominés par les vins suisses, comme le Mondial du Chasselas à Aigle, ou le Mondial des Pinots à Sierre, soumettent-ils les mêmes vins à Expovina ou au Grand Prix du Vin Suisse? Sans doute parce que la grande incertitude du jugement humain donne ses chances à tous les vins. Un peu comme à la loterie, où la mise est relancée à chaque tirage!
L’examen détaillé des résultats du GPVS montre, toutefois, que de nombreux vignerons reviennent, année après année, parmi les 28 vins nominés valaisans, les 16 vaudois, les 5 neuchâtelois, les 5 grisons, etc.
©thomasvino.ch
Paru dans Hôtellerie & Gastronomie Hebdo du 30 août 2012.