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Posted on 12 janvier 2013 in Tendance

Le chasselas séduit un collaborateur de Parker

Le chasselas séduit un collaborateur de Parker

David Schiltkenecht (The Wine Advocate)

Hommage américain
au chasselas vaudois

Invité de la Mémoire des vins suisses en août 2011, à Zurich, un des collaborateurs attitrés du désormais seul site Internet The Wine Advocate, David Schlidknecht, a glissé dans son long rapport de fin d’année 2012, plusieurs vignerons et vins suisses. Son avis sur le chasselas était attendu depuis plusieurs mois…
Par Pierre Thomas
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Photo souvenir de Mémoire & Friends d’août 2011: en clair, chemise jaune, David Schilknecht, premier plan, chevelure blanche, le journaliste zurichois Andreas Keller et au second plan, chemise noire, Pierre Thomas. (Photo HP Siffert, weinweltfoto.ch)

Verdict en traduction libre: «S’il provient de la bonne variante génétique (car il y en a plusieurs), dans le bon sol et dans de bonnes mains, le Chasselas (appelé aussi Gutedel et Fendant) peut donner parmi les plus distingués et les plus irrésistibles blancs délicieux de la Terre».
Parmi les Vaudois, membres de la Mémoire des vins suisses, il cite le Dézaley Haut de Pierre Vielles Vignes 2010, de Blaise Duboux, à Epesses, président d’Arte Vitis. De cet aréopage, il cite le «vétéran» Pierre-Luc Leyvraz, grand défenseur, avec son chasselas de plusieurs parcelles, comme le relève le critique américain, Saint-Saphorin Les Blassinges. Dans une «remarquable verticale», il met en évidence le 2007, mais souligne que le 2010 était «succulent». Le premier avait des arômes d’«amande, de coing, de thé vert, d’iris et de miel qui m’ont hanté depuis».
On rappellera que ce chasselas 2011 a remporté le premier tour des Lauriers de Platine de Terravin (sur 16), avant de s’incliner dans l’avant-dernière ligne droite (6ème sur 8). Dans les environs de Bâle, à Baden (Allemagne), est aussi cité le Gutedel Steingrüble 2010 de Hanspeter Ziereisen, qui signe aussi de remarquables Spätburgunder et le pinot noir Schulen 2010.
Tessinois et Valaisan au pinacle
Hommage appuyé aussi à la Cantina Kopp von der Crone – Visini, de Anna Barbara von der Krone Kopp et Paolo Visini, à Balin, pour leur Merlot 2010 Tinello, de Pedrinate. Et puis, en Valais, José Vouillamoz, qui a joué au chaperon du critique, l’a emmené chez Robert Taramarcaz. Selon Schildknecht, «vin après vin, avec peu d’exceptions, ce vigneron affiche un sens intuitif et et de découverte du potentiel de ses cépages et du terroir leur permettant de s’exprimer avec éloquence (par opposition à une expression de style uniforme).» Lire ci-dessous, le bref portrait qu’on avait fait de Robert Taramarcaz pour le magazine Cuisine de Saison (en 2010).
Et puis, dans le Jura français, le critique américain est allé rendre visite à Jean-François Ganevat, déjà portraituré dans la remarquable BD d’Etienne Davodeau, «Les ignorants», récit d’une initiation croisée d’un dessinateur de BD et d’un vigneron, émaillée de notions sur la dégustation et les vins dits «naturels».
Il n’y a pas de notes sur 100 points pour qualifier ces meilleurs suisses dégustés par David Schilknecht, qui avait, à l’époque, promis un rapport détaillé sur les vins suisses dans The Wine Advocate. La publication vient de passer en mains d’investisseurs basés à Singapour, et ne devrait exister plus que sur le Net, en version payante. On ne sait pas encore si les anciens collaborateurs de Bob Parker seront reconduits dans leurs fonctions. David Schilknecht couvre pour The Wine Advocate l’Allemagne, l’Autriche, l’Europe de l’Est, l’Amérique de l’Est et du Midwest, l’Alsace, la Bourgogne, la Loire, le Languedoc-Roussillon, la Champagne, la Nouvelle-Zélande et l’Afrique du Sud.

Eclairage

Un vigneron bien inspiré

Tout ce que touche le Valaisan Robert Taramarcaz (Domaine des Muses, à Sierre) se transforme en or. Et pourtant, ce jeune vigneron de 38 ans (en 2010), qui a repris le domaine familial il y a huit ans, est un des plus atypiques du Vieux-Pays.
Avec son physique à la Gérard Philipe, ce père de famille de Margaux (5 ans) et Mathieu (3 ans) aime bien taquiner les muses… Il présente un spectacle où chacune d’elle incarne un vin. Mais, loin de toute poésie évanescente, ses vins ont été évalués le plus sérieusement du monde par des jurés de tous horizons. En 2010, il a remporté la première et la troisième places en catégorie Chasselas au Grand Prix du Vin Suisse. Une reconnaissance qui l’a réjoui : «Lors de mes études, je n’avais jamais vinifié de Chasselas.» Œnologue diplômé de l’Université de Dijon, Robert Taramarcaz n’est pas issu de la filière helvétique de Changins… Un de ses fendants s’était déjà paré d’une grande médaille d’or aux Sélections valaisannes, où, coup sur coup, en 2008 et en 2009, son Humagne rouge puis son Cornalin se sont classés champions valaisans.
Secrètement, Robert Taramarcaz aimerait voir un jour son Chardonnay couronné dans un grand concours international. Las, aux dernières Vinalies de Paris, ce blanc de gastronomie, vif et élevé en barriques de chêne dans les règles de l’art comme en Bourgogne, n’a décroché qu’une médaille d’argent… Et puis, son travail de diplôme, le jeune œnologue l’avait mené sur les comparaisons des techniques d’élaboration des vins liquoreux et, tout naturellement, il fait partie du comité de la Charte Grain Noble ConfidenCiel, le label des nectars surmaturés sur souche valaisans. Sa dernière botte secrète? Sur ses neuf hectares, répartis entre Fully et Rarogne, le vigneron-encaveur cultive un peu de Merlot. Huit barriques de 2008 sommeillent en cave, encore en phase d’élevage: «J’aime bien ce cépage, qui allie la finesse du Pinot noir à la puissance de la Syrah.» On se réjouit de le déguster bientôt !
©thomasvino.ch