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Posted on 21 février 2005 in Adresses, Restos

Genève (GE) — Café Jules-Vernes

Genève (GE) — Café Jules-Vernes

Café Jules Verne, Genève
Ambiance découverte
Une internaute se plaint de n’avoir pas trouvé l’entrée de ce café logé non loin du carrefour rue de Carouge – boulevard du Pont d’Arve. Futé, Phileas Fogg aurait poussé la discrète porte d’entrée d’un immeuble dans un angle coupé. Cuisine ouverte au fond, prolongeant un espace à boire, bar en zinc sur la droite (et au sous-sol), coin à manger derrière deux colonnes supportant un linteau et canapés lounge derrière un moucharabieh. Le soir, lumière tamisée des lampes en breloques et des torches marocaines. Un lieu et une ambiance, donc. Qui ont tapé dans l’œil du duo de journalistes Nicolas Burgy-André Klopmann, le premier en faisant même «l’une des grandes surprises de l’année» des «Nouveaux bistrots de Genève», précieux guide qui vient de paraître pour la troisième fois chez Slatkine.
Surprise sans doute, puisque le bâtiment a failli être aligné dans la perspective (tronquée) de la rue Jean-Violette, flanquée d’immeubles années 60 et partiellement transformée en parking. Un marchand de vélos et un squatt ont donné naissance à ce nouveau bistrot — à la faveur de l’absence de «clause du besoin», caduque chez Calvin depuis 1997 — ouvert depuis tout juste un an. L’occasion, samedi soir prochain, 26 février, de faire la fête…
Au squatt a succédé un collectif de propriétaires et une gérante patentée, Asana. Au Jules Verne, la carte ne fait pas le tour du monde en 80 recettes. Les propositions sont plutôt limitées et classiques «à la française». On s’est laissé tenter par une salade de légumes marinés d’une rare fraîcheur, avec son trait de sauce au basilic. Le tartare de saumons pluriels, l’un coupé au couteau, l’autre servi en dés sur une saladine, soufrait du gras du poisson, vite écœurant. Il aurait peut-être fallu jeter son dévolu sur un dos de bar, mais ce soir d’hiver, l’humeur était plutôt carnivore. Goûteux, ce qui est assez rare, le magret de canard gisait sur un lit de pleurotes, sauce au miel, avec quelques légumes croquants, et un riche gratin de pommes de terre. Même sauce, mêmes champignons et même garniture (!) escortaient la «suggestion du chef» un jarret de veau, plus nerveux que tendre, sorte d’«osso bucco a contrario». Une soupe d’ananas et un moelleux au chocolat (respectable) terminaient ce repas.
Avec une bonne bouteille de vin pour deux, compter 200 francs. C’est, soit dit en passant, le tarif moyen d’un tête-à-tête gourmand convenablement arrosé en Suisse romande, par les temps qui courent. A noter, outre l’ambiance qui attire une jolie clientèle, un service direct et une cave ménageant quelques crus au verre et des flacons, notamment espagnols, à prix plus amènes.

La bonne adresse
Café Jules Verne
20, r. Jean-Violette, Genève (Plainpalais)
Fermé le dimanche. Ouvert tous les autres soirs et le midi, sauf samedi et lundi.
Tél. 022 321 51 00

Le vin qui va avec…
Rugby féminin
Et voilà, pour Michel Bettane et Thierry Desseauve, «une des plus grandes découvertes de l’an dernier», dans l’édition 2005 de leur «Classement des meilleurs vins de France»! Le tandem Mathieu Cosse et Catherine Maisonneuve, sur 20 hectares de vignes, redonne du pep à Cahors, depuis juste cinq ans. Ce duo, on l’avait déjà découvert grâce à Pierre Muller, de la Cave de Reverolle (VD), leur importateur. Bu au Jules Verne, La Fage 2000 fut magnifique. A la fois masculin par sa carrure, et féminin dans l’attaque souple, mûre, sur un délicat filigrane fruité toujours présent. Tout rugbyman qu’il fut, l’œnologue Mathieu Cosse travaille dans la dentelle. Ce nectar, à dominante de malbec, le grand cépage cadurcien, prend des allures de vin du Sud, alors que, souvent, les cahors se signalent par leurs tanins rugueux qui font certes leur charme, mais les condamnent à un vieillissement défiant les lois de la restauration moderne.

Chronique parue dans Le Matin-Dimanche du 20 février 2005.