Relais & Châteaux veulent mieux s »affirmer en Suisse
Chaîne des «Relais & Châteaux»
Une politique plus agressive en Suisse
Pierre Thomas
Avec 25 hôtels et 14 Relais gourmands, la Suisse, vu sa taille, figure en bonne place dans la chaîne. Mieux, les Helvètes génèrent 7% du chiffre d’affaires mondial, derrière la France (22%, pour 140 des 453 établissements affiliés), les Etats-Unis (17%), l’Allemagne et l’Angleterre (10% chacun). France (avec le siège à Paris), Etats-Unis, Allemagne et bientôt Angleterre ont tous une antenne, comme, depuis peu, l’Espagne.
Mieux se vendre en Suisse
A Genève et Zurich, il s’agira d’ouvrir une «boutique» et d’engager un directeur des ventes. «Nous voulons proposer nos produits aux grandes entreprises et espérons que le chiffre d’affaires augmentera, réparti pour deux tiers sur la Suisse et un tiers sur le monde», explique le Valaisan Roland Pierroz, président national. On y vendra notamment des chèques et des forfaits thématiques. Les chèques libellés en dollars sont également valables dans plus de 300 «The Leading Hotels of The World», via la «Luxury Alliance», quand bien même «Relais & Châteaux» exige de ses membres une exclusivité d’adhésion.
Pour confirmer le sérieux de sa démarche, la chaîne a exclu 18 membres et en a admis 35, dont le restaurant français de Shanghai, «Sens & Bund», première adresse chinoise. La chaîne s’ouvre à de nouveaux horizons : 21 nouveaux membres européens et 14 du reste du monde. Pour les restaurants, 5 européens et 7 du reste du monde (dont 2 au Japon). En Suisse, seul le Bernois Nik Gygax, à Thörigen (BE) s’est retiré, remplacé par le Lion d’Or à Cologny (GE). Quel intérêt pour un restaurant de faire partie de la chaîne ? «Nous avons déjà enregistré des réservations en direct à l’occasion du Salon de l’auto qui, d’habitude, nous seraient venues par des intermédiaires», répond le chef Gilles Dupont, associé de Tommy Byrne.
J. Tapiès, un ancien de Glion
L’arrivée du jeune président Jaume Tapiès, originaine d’Andorre, ancien élève durant trois ans et demi de l’Ecole hôtelière de Glion (VD), tourne aussi la page de la mainmise française. Jusqu’ici secrétaire général, il remplace, à plein temps, à la tête des «Relais & Châteaux», Régis Bulot, président durant 18 ans.
A l’occasion du congrès de Genève, les non-Français ont réussi panacher le conseil d’administration, laissant aux représentants de l’Hexagone neuf sièges (contre plus du double auparavant). La Suisse y gagne un deuxième siège: après Roland Pierroz, du Rosalp à Verbier, Danette Beaud-Stump, de l’Alden Splügenschloss, à Zurich. «25 à 30% de ma clientèle est amenée par la chaîne», confie-t-elle. En ville, cet hôtel rénové de 22 suites attire les hommes d’affaires et les touristes sensibles à l’ambiance familiale des «Relais & Châteaux». La chaîne garde le pouvoir discrétionnaire de choisir ses pairs, confirme Roland Pierroz et seuls deux ou trois «papables» sérieux ont une chance chaque année en Suisse.
Eclairage
Premier de cordée à contre-emploi
Dans l’hôtellerie, les «Relais & Châteaux» aiment bien jouer les premiers de cordée. A Verbier (qui compte deux membres, le Rosalp et le Chalet d’Adrien), Roland Pierroz a imaginé une opération en marge de la course d’endurance paramilitaire biennale «La Patrouille des Glaciers». Fin avril (du 26 au 30), des «happy few» pourront ainsi s’offrir pour quatre ou cinq jours (au tarif de mille francs par jour), un «round» d’observation en hélicoptère (civil), avec guide de montagne. Le Rosalp sera même transformé en «camp retranché de l’armée» et les participants recevront une gamelle comme souvenir. L’opération, parrainage de la course en tenue de camouflage, démarre cette année et Roland Pierroz espère 50 à 60 participants dans deux ans. Et il promet que Zermatt, point de départ de la Patrouille, aura, alors, son hôtel «Relais & Châteaux». (PT)
Article paru dans Hôtel+Tourismus Revue du 19 janvier 2005