100 bordeaux à prix abordable: le palmarès
Bordeaux s’affiche abordable
L’importation de vins de Bordeaux en Suisse a beaucoup baissé. Et le Conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux (CIVB) a décidé d’agir sur l’image des vins. Slogan: il n’y a pas que les grands crus, mais aussi des «bordeaux abordables». Palmarès à la fin du texte!
Pierre Thomas
Président de la commission promotion de l’interprofession (CIVB), Patrick Jestin, directeur général du négociant Dourthe, et Pascal Loridon, nouveau directeur du marketing du CIVB, parlent d’une même voix. «Pour nous, le marché suisse est le plus valorisé, le plus orienté sur les grands crus, avec l’Angleterre et les Etats-Unis. Ces trois pays sont très sensibles à la vente en primeurs.» Globalement, la Suisse pointe au sixième rang des acheteurs, à la valeur de 76 millions d’euros, derrière le Japon (100 mios), loin derrière le quatuor Angleterre, Etats-Unis, Belgique et Allemagne (autour de 140 mios chacun). L’influence des grands crus fausse la statistique : après l’arrivée des 2000, millésime exceptionnel, les importations ont chuté de près de 11 millions de litres à 7 millions, en attendant cette année, la livraison des 2003, de haute réputation.
Le coup de bambou de 2005
2005 devrait encore accroître cet effet de yoyo. «Pour les vignerons qui travaillent bien, c’est un millésime d’anthologie, à la climatologie parfaite, supérieur à 2000 et à 2003», affirme Patrick Jestin. Avec, à la clef, une hausse déjà annoncée des «prix de sortie», qui dictera la campagne des primeurs, ce printemps. «Les primeurs, c’est 300 vins, dont 30 à 40 châteaux, seulement, où l’augmentation du prix sera importante. Plus on monte dans la hiérarchie, plus ça augmente! Mais en 2005, les crus bourgeois seront extraordinaires, eux aussi. Et la hausse du prix ne sera pas proportionnelle à la qualité, parce que ces vins se trouvent dans un marché plus concurrentiel», affirme, en chœur, le duo du CIVB. Grosso modo, l’adage, vieux de 40 ans, de Raymond Dumay, «les petites années, achetez les grands crus ; les grandes années, les petits châteaux», reste donc d’actualité. Et plus que jamais, selon Patrick Jestin : «Les crus bourgeois sont tout aussi bons que les grands crus d’il y a 15 ans et au prix où ceux-ci se situaient à l’époque.»
Une demande hors des grands crus
Hormis la pointe de l’iceberg des grands crus, Bordeaux, c’est autre chose. «Je crois qu’il y a un mouvement, même en Suisse, pour redécouvrir le segment des vins entre 8 et 20 francs», estime Pascal Loridon. Le CIVB injecte cette année 1,6 million d’euros dans une campagne globale en faveur de ces «bordeaux à prix abordables». La Suisse y émarge à hauteur de 500'000 francs. Cette fois, plutôt que de placarder des affiches et publier des annonces, le CIVB va aller à la rencontre des distributeurs en Suisse. La publication du palmarès des «100 bordeaux» (lire ci-dessous) s’inscrit dans cette démarche, qui a donné lieu à un classement, local aussi, en France, en Angleterre, en Allemagne et au Danemark.
La vérité au fond de la bouteille
Reste que les médias français véhiculent l’image d’une région en crise profonde. Pas un mois sans que les viticulteurs manifestent à Bordeaux où le prix du tonneau payé par les négociants-éleveurs ne couvre plus les frais de production. «Bordeaux génère 3 milliards d’euros de chiffre d’affaires. En 30 ans, la plus grande région viticole française (120'000 hectares) a doublé sa capacité de production et son chiffre d’affaires», observent nos interlocuteurs. «La crise, qui ne concerne de loin pas tous les Bordelais et est, au surplus, mondiale, nous impose une forme d’humilité. Depuis dix ans, il y a une remise en question axée sur la qualité des vins. La communication négative n’a pas d’intérêt hors de la région… Il faut distinguer la question économique locale de la qualité des produits. Ce qui intéresse le consommateur, c’est le contenu de la bouteille», assure avec aplomb le tandem Jestin-Loridon.
Eclairage
Le «top 100» du marché suisse
Un site Internet spécial* publie dès maintenant la liste des 100 bordeaux du marché suisse jugés les meilleurs par un petit comité de quatre dégustateurs (réd. : dont notre collaborateur, Pierre Thomas, seul Romand). Leur prix est compris entre 6 et 20 francs. Les résultats chiffrés de la dégustation à l’aveugle, à Zurich, fin janvier, au Carlton, chez Markus Segmüller — sommelier de l’année 2006 selon GaultMillau — ne sont pas révélés. Sur 211 vins jugés 24 ont obtenu plus de 16 points sur 20. Parmi eux, un trio de tête, pointé à 17, tous du millésime 2003. Ex-aequo, le Château Reynon 2003, AOC Premières Côtes de Bordeaux, distribué par Scherer SA, à Genève, et la Cave de Reverolle sur Morges, à base de 70% de merlot, belle réussite, avec beaucoup de fraîcheur ; le Château Bardis, AOC Haut-Médoc, distribué par Schenk SA, à Rolle, à dominante de cabernet-sauvignon (65%), à la fois complexe et élégant ; et le Château Les Grands Chênes, AOC Médoc, 50% merlot, 45% cabernet-sauvignon, distribué par Wermuth, à Zurich, moderne, avec une dominante boisée. Ces trois vins se situent dans la tranche de prix supérieure (17 à 20 fr.)
Article paru dans Hôtel + Tourismus Revue du 9 mars 2006.
Exclusif
Les 24 meilleurs bordeaux
rouges «à prix abordable»
Résultats et commentaires sur www.100bordeaux.ch
17/20
**/***Château Grands Chênes 2003, Médoc, 50% merlot, Wermuth, Zurich, 17,50 fr.
**/***Château Reynon 2003, Premières Côtes, 70% merlot, Scherrer, Genève et Cave de Reverolle (VD), 17,95 fr.
**/***Château Bardis 2003, Haut-Médoc, 65% cab-sauv, Schenk, Rolle, 19,90 fr.
16,5/20
**/***Château Haut-Piquat 2000, Lussac-St-Emilion, 75% merlot, Thiébaud, Bôle (NE), 20 fr.
*/**/***Château Mayne-Vieil 2001, Fronsac, Obrist, Vevey, 14,10 fr.
**/***Château Peyrou 2001, Côtes de Castillon, 80% merlot, Cave de Reverolle (VD), 16,80 fr.
**Château Barbe-Blanche 2001, Lussac-St-Emilion, Obrist, Vevey, 17,70 fr.
**/***Château Malmaison 2001, Moulis, 55% merlot, Schenk, Rolle, 19,80 fr.
**/***Château Tronquoy-Lalande 2001, St-Estèphe, 48% merlot, 48% cab-sauv, Coop, 19,90 fr.
*/**Château La Raz Caman 2002, Premières Côtes, 65% merlot, Creavin, Boussens (VD), 15 fr.
16/20
***Château du Moulin Noir 2001, Montagne-St-Emilion, 60% merlot, Fischer Weine, Sursee, 16,80 fr.
Château Maison Blanche 2001, Montagne-St-Emilion, 50% merlot, Cave de Reverolle (VD), 18 fr.
***Château Marsau 2001, Bordeaux, 100% merlot, Coop, 18,50 fr.
Château Paloumey 2001, Haut-Médoc, 55% cab-sauv, Gerstl, Dietikon, 19 fr.
*Château Arthus 2002, Côtes de Castillon, 90% merlot, Morand, La Tour-de-Trême (FR), 16,50 fr.
*/***Château Haut-Chaigneau 2002, Lalande-de-Pomerol, 70% merlot, Scherrer, Genève, 16,50 fr.
***Château Saransot-Dupré 2002, Listrac, 64% merlot, Diffuvins, Genève, 17 fr.
*/***Château Tour Baladoz 2002, GC Saint-Emilion, 80% merlot, DIVO, 18,90 fr.
Château Laffitte-Carcasset 2002, St-Estèphe, 70% merlot, Ritschard Interlaken, 19,80 fr.
*/***Château Cadet Boisrond 2003, Saint-Emilion, 70% merlot, Denner, 14,95 fr.
Clos Bourbon 2003, Premières Côtes, 80% merlot, Reichmuth, Zurich, 16,50 fr.
Château d’Agassac 2003, Haut-Médoc, Carrefour, 18,20 fr.
Château Rocher Figeac 2003, Saint-Emilion, 85% merlot, Ritschard Interlaken, 18,70 fr.
* excellent rapport qualité-prix
** parmi les meilleurs de son millésime
*** meilleur de son appellation