A comme Ananas (le meilleur…)
L’ananas de Patrick
Il a presque autant de succès que Patriiiick (Bruel). Lui, c’est le champion de l’ananas. Depuis dix ans en Suisse, il a épousé Christine, une infirmière valaisanne. Ils se sont connus dans son pays, le Ghana, en Afrique de l’Ouest, entre la Côte-d’Ivoire et le Togo. Patrick Deegbee y a suivi le cursus d’ingénieur agronome, complété par des équivalences en Suisse. Voilà pourquoi, derrière l’ananas, il y a un projet agricole intéressant.
Mais parlons du fruit d’abord. «Le meilleur ananas que j’ai jamais goûté, en plus de dix ans en Suisse !», assure un expert mauricien, commis d’office. Par son aspect, cet ananas se distingue de ses congénères : il a une forme conique et ses écailles vertes lui donnent un ton d’acier qui rappelle les aiguilles de sapin bleu. Il faut savoir le découper, chose d’une grande simplicité pour tout Africain, mais qui peut s’avérer un casse-tête pour le petit homme blanc… Et ce serait dommage de sacrifier la chair, blanche, presque translucide, tendre même à cœur.
Le goût est doux, à la fois expressif, frais et sans mollesse. La sorte d’ananas fait la différence : elle se nomme «pain de sucre» (sugar loaf), même si son importateur l’associe à son prénom. Bref, il est fameux et juteux ; l’importateur en tire même un nectar juste pasteurisé. Et son épouse en fait de la confiture, avec du gingembre ou du citron vert.
Le fruit arrive dans des cartons — «une alvéole pour chaque pièce, avec le même égard que pour les bouteilles de vin» — par avion d’Accra à Genève. Sa durée de conservation, au frais, est d’une à deux semaines. Patrick, au passage, tord le cou à une rumeur : un ananas cueilli pas mûr ne s’améliorera pas sous nos latitudes, contrairement aux bananes.
Sur place, des paysans, organisés en réseau, le cultivent dans une zone de collines. Il faut deux ans pour qu’une plante d’ananas donne des fruits. Ce système, qui prône une culture bio, WAD, pour la traduction anglaise de «développement de l’agriculture à Weija», a été mis en place il y a cinq ans par l’ingénieur agronome. Il porte d’autres fruits : les mangues, dont Patrick Deegbee importe cinq sortes. Le Ghana, résumé dans «Le bilan du Monde 2006» par un seul mot «dynamisme», est devenu un gros exportateur de ces fruits moelleux et aromatiques.
Producteur
Wad, produits du terroir africain, www.wadco.ch
En vente
Marché de Lausanne, le samedi matin (devant Fœtisch musique). Le vendredi, de 10 à 13 h 30 et de 18 à 19 h, av. C.F. Ramuz 101, Pully, tél. 078 803 04 84. Aussi à Croq’nature, à Nyon et à Céres Autrement, place des Halles, à Neuchâtel.
Prix
Compter une douzaine de francs pour un ananas.