S comme Saint-Valentin
Rosa, rosam, rosae, rosarum
Le petit marché du boulevard de Grancy, sous gare à Lausanne, lundi et jeudi matin, s’est recentré devant une vitrine, depuis le début de ce mois. Celle de la fleuriste. Elle expose ses compositions étonnantes à deux pas de chez moi. Quasi sous mes yeux, donc… et voilà pourquoi, pingre, je n’en achète pas souvent.
Il y a vingt ans, Elisabeth Oberlin, une Schwytzoise, à l’œil d’azur, était venue de Bâle passer une année pour apprendre le français à Lausanne. Elle y est restée. Et tient ici son échoppe depuis sept ans. Je lui ai confié un exercice de circonstance : composer son plus beau bouquet de la Saint-Valentin. «La fête de l’amour, mais aussi de l’amitié», précise la fleuriste. Elle a donc rassemblé une douzaine de roses d’un rouge profond, de la variété Magnu. «La rose rouge signifie toujours l’amour…» Quelques brins de lierre, vert veiné de blanc, symbolisent «le lien et l’éternité». Cueillie pourtant en forêt, la plante rutilait… grâce à un badigeon d’huile d’olive. Voilà pour la symbolique. Ajoutez-y, «ad libitum», des chrysanthèmes «pompon» vert clair, des viburnum «boule de neige», des hellébores et de grandes feuilles d’aspidistra, qui emballent aussi les tiges, piquées de deux perles, et trois cœurs de papier découpés, et vous avez la composition idoine. Beaucoup d’eau dans un vase — car les roses ont soif — et ce bouquet tient allègrement la semaine.
Une folie, un luxe
«Fleuriste, c’est comme cuisinier», avance Elisabeth. «On travaille des produits périssables et toujours plus difficiles à trouver. Il faut réinventer constamment des compositions qui s’harmonisent». Aujourd’hui, les gens sont prêts à faire une folie pour un bel arrangement.» Une folie ? «C’est quand ils voient un bouquet qui leur plaît et qu’ils le veulent, sans même en demander le prix.» Chez elle, le prix moyen d’un bouquet est d’une cinquantaine de francs. «Les fleurs sont devenues un produit de luxe. Cela ne me dérange pas, car c’est un plaisir qu’on peut encore s’offrir», dit-elle posément, sur fond d’un concerto pour piano de Mozart.
Mardi, pour elle, sera le jour ouvrable le plus «fort» de l’année. Comme pour tous les fleuristes d’Europe ! Ils ont dû passer commande quinze jours à l’avance, et le prix de la «matière première» a triplé. Jamais, pourtant, un bouquet n’est resté sur les bras d’Elisabeth. La Saint-Valentin, c’est aussi la fête de nos amis fleuristes.
Producteur
«Jardin secret», bd de Grancy 21 bis, Lausanne, tél. 021 601 37 11, jardin.secret@active.ch
En vente
Au même endroit, du mardi au vendredi, 9 h. 30 — 18 h. 30, samedi 9 h. — 17 h.
Prix
50 fr. pour le bouquet décrit dans l'article