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Posted on 7 avril 2007 in Vins italiens

Un ex-Lausannois signe un des meilleurs vins de Sicile

Un ex-Lausannois signe un des meilleurs vins de Sicile

Un ex-Lausannois signe
un des meilleurs vins siciliens
«Je veux tout suivre de la vigne à la cave»

SYRACUSE (SICILE) – Né près de Saïgon en 1968, Dô Zenner veut élaborer le meilleur nero d’avola de Sicile. En biodynamie, de surcroît. Son étonnant parcours de vie passe par Lausanne.

Texte et photo : Pierre Thomas

Des amis, la famille Zenner en a gardé dans le chef-lieu vaudois. C’est Peter Baermann, le cuisinier de la Bavaria, qui me l’avait dit : «Si tu vas en Sicile, va chez les Zenner. Ils font le meilleur vin…» Au téléphone, le père, un Munichois qui, après avoir promu les verres de contact auprès des Lausannois durant vingt ans, est parti en Sicile pour exercer son métier d’opticien, renvoie à son fils. Rendez-vous est pris. A la gare de la ville de Syracuse, un des joyaux baroques classés au patrimoine mondial de l’UNESCO, dans la partie la plus orientale de la plus grande île de la Méditerranée : «Vous n’aurez pas de peine à me reconnaître : je suis un petit Vietnamien.»
La biodynamie dans le sang

Devant son «ristretto», Dô Zenner est volubile. Il parle un français mâtiné d’italianismes et d’allemand. Adopté, arrivé à l’âge de 2 ans à Lausanne, il y a suivi ses premières années d’école, jusqu’à 8 ans. Puis, ses parents ont préféré le soleil sicilien… «Ils cherchaient une résidence secondaire, pas trop loin de Catane où mon père travaille depuis 1975. Sans le savoir, ils sont tombés au cœur du meilleur vignoble, à Buffaleffi, entre Pachino et Notto.» Au moment de choisir un métier, l’adolescent s’en va chez un paysan du nord de l’Allemagne, où il se passionne pour la biodynamie de Rudolf Steiner, et suit l’école d’agriculture conventionnelle de Stuttgart. Le voilà doublement armé pour revenir s’occuper du domaine sicilien de 7 hectares de vignes. Les quatre hectares en production sont plantés en «nero d’avola», le cépage rouge sicilien, qui donne des vins «aux goûts de framboise, d’amande et de pruneau.
Nouvelle cave et plus d'oenologue!

Mais «il faut dompter ce raisin fort de nature, pour qu’il ne soit pas trop puissant et reste élégant.» Avec un œnologue, Dô Zenner a pu placer son «Terra delle Sirene» 2004 parmi les meilleurs. Le guide Gambero Rosso 2007 lui décerne «deux verres» (sur trois). Les affaires sérieuses débutent: «Je veux mener le domaine de la vigne à la bouteille, tout seul, et me libérer des influences extérieures», annonce-t-il. C’est donc lui qui signe le 2005, tout juste mis en bouteilles, après vinification parcelles par parcelles, et un an de fûts. Et pour mieux élever son vin, Dô Zenner aménage une cave dans un ancien couvent, au revers du volcan qui domine l’île, l’Etna. Enjeu? «Ce sera un travail énorme». Atout? La Sicile est devenue l’Eldorado italien : elle est invitée d’honneur d’Arvinis à Morges, du 18 au 23 avril 2007. Et les prix flambent déjà: autour de 20 euros (32 francs) pour le «Terra delle Sirene».

Portrait paru dans Le Matin-Semaine, rubrique People, du 28 mars 2007.