Vaud — Embellie pour les caveaux de Lavaux
Embellie pour les caveaux de vignerons
Candidature de Lavaux au patrimoine mondial de l’UNESCO aidant, les caveaux viticoles entre Lausanne et Vevey paraissent retrouver une seconde jeunesse. A Saint-Saphorin, la commune a rénové le sien, confié aux sept vignerons du lieu.
Ils font sans aucun doute partie du paysage vitivinicole vaudois, les caveaux, même s’il n’y a guère de vue depuis ces antres en sous-sol. A Saint-Saphorin, dans l’ancien collège, au bord de la route cantonale Lausanne-Vevey, on imagine volontiers que l’escalier, raide, est plus facile à descendre qu’à remonter… La commune vient d’injecter 85'000 francs pour recrépir les murs et donner un peu de lumière à cette ancienne cave de marchand de vins. Nonante personnes peuvent s’y tenir autour de tables ovales, assises sur des bancs ou des tabourets. Par tournus, les sept vignerons dont les domaines sont situés sur le territoire de la commune de Saint-Saphorin s’engagent à le tenir, avec l’aide d’une gérante, Roselyne Chevalley. Pour le président, le vigneron-encaveur Bernard Chevalley, le lieu est idéal pour «proclamer les mérites du chasselas», planté dans les trois quarts du vignoble. Un intérêt renouvelé
Comme la plupart des caveaux de Lavaux, celui de Saint-Saphorin évoque l’Expo nationale lausannoise de 1964. Ici, tous les jeudis, Gilles et Urfer ont animé les «jeudis de Saint-Saph’». Mais il a fallu attendre 1971 pour que les vignerons ouvrent le local d’avril à octobre, du vendredi au dimanche, et le reste de l’année, sur demande de groupes de 15 personnes. Un horaire inchangé en un quart de siècle.
En poste depuis sept ans au «point I» de Cully, dépendant de Montreux-Vevey Tourisme, Katya Jobin constate «clairement une recrudescence des dégustations de vins.» Elle l’attribue «au retour aux produits du terroir et de proximité» et à la candidature de Lavaux au patrimoine mondial. «Ces caveaux sont des lieux de capacité idéale pour les groupes», relève l’organisatrice qui a développé, avec un vigneron de Villette, le petit train (sur roues) Lavaux-Express. L’an passé, il a transporté plus de 7'000 personnes. «La course du soir «spécial caveau» de 18 h. en été, incluant, du vendredi au dimanche, un arrêt-dégustation connaît toujours plus d’intérêt.»
Rude concurrence
Autre son de cloche du côté de Vevey, où l’ex-municipal Pierre Aguet a de la peine à faire tourner le Caveau Scanavin, qu’il préside. «On a voulu faire le forcing sur les nouveautés des vins de Cully à Bex, mais nous accumulons les déficits. On risque de devoir renoncer à notre caveau qui est pourtant ouvert tous les soirs de 16 à 20 h.» Ces estaminets se font une rude concurrence : rien que pour l’appellation Saint-Saphorin, dont le nom est connu et reconnu, les vignerons de la commune homonyme, mais aussi de Rivaz (qui exploitent leur «Vinobar»), de Chardonne et de Chexbres ont chacun leur débit de vin. Du reste, jeudi passé, au moment où s’ouvrait celui de Saint-Saph’, Katya Jobin faisait la tournée des caveaux de Lavaux avec ses collègues des offices du tourisme de Cully à Villeneuve, pour qu’elles soient sensibilisées aux spécificités de chacun de ces lieux, pour mieux faire face aux demandes, notamment des groupes.
Pierre Thomas
Paru dans Hotel+Tourismus Revue du 26 avril 2007