Un oenologue bordelais en Valais

Il est arrivé avant que Gilliard SA soit repris par le Schwytzois Schuler St-Jakob (pas encore majoritaire, mais avec une option sur l’opération). L’ex-directeur et œnologue principal de Mouton-Rothschild (et donc d’Opus One à Napa Valley et d'Almaviva à Santiago du Chili), Patrick Léon, 64 ans, à la retraite depuis deux ans, est consultant pour le négoce sédunois. Il fait le voyage quatre fois par an, laissant l’opérationnel aux jeunes Yves Roduit et Vincent Niklaus. «Ici, dès le millésime 2005, on a redéfini les vinifications, cépage par cépage, par rapport à la destination commerciale de chaque vins.» A peine mis en bouteilles, les 2006 des deux marques phares, tirées à près de 250'000 flacons, le Fendant Les Murettes et la Dôle des Monts affichent des caractéristiques gustatives contrastées: le blanc, moderne, amylique (arômes de banane) et carbonique et le rouge, à 70% pinot noir, très mûr au nez, avec une certaine souplesse. Des vins (trop) classiques ? «L’erreur, pour un œnologue, serait de faire le vin à son goût», rétorque Patrick Léon, pragmatique. Deux cuvées d'assemblage «haut de gamme» sont plus proches de ses vues: le blanc Arietis 2005 (amigne, sylvaner, petite arvine), à la fois boisé vanillé et fruité (pêche, abricot), riche (14° d’alcool), et «apte à vieillir», tandis que le Clos du Mont 2005 rouge (pinot noir, diolinoir, syrah) est d’abord assez tendre, sur un nez d’épices douces, de cannelle, et chaud en finale. (PTs, avril 2007)